Loop va lancer au printemps à Paris et à New York une plateforme d’e-commerce proposant des produits du quotidien dans des emballages consignés.
Les Anglais avaient l’habitude de voir chaque jour un livreur apporter devant leur pas-de-porte des petites bouteilles de lait frais. Cette coutume a disparu au fil des ans mais elle va prochainement renaître de ses cendres à Paris et à New York. La petite camionnette du laitier va être remplacée par un fourgon marron et or d’UPS. Les flacons en verre laisseront leur place à des contenants de différentes formes. Loop souhaite remettre au goût du jour la bonne vieille tradition de la consigne en lançant au printemps 2019 une plateforme d’e-commerce qui proposera des produits de grande consommation dans des emballages réutilisables.
Les clients n’auront qu’à se rendre sur le site de ce service lancé par le groupe américain spécialisé dans le recyclage des déchets TerraCycle pour passer leurs commandes comme dans n’importe quel supermarché en ligne. Ses achats lui seront acheminés dans un sac réutilisable qui ressemblera à une grosse glacière en tissu. Le prix de la livraison dépendra du taux de remplissage du sac mais si ce dernier est plein, l’envoi sera gratuit. Une caution de quelques euros sera rajoutée pour les contenants qui pourront être en verre ou en métal.
De grandes marques jouent le jeu
Loop a déjà signé un partenariat avec Carrefour pour livrer des produits Carrefour et Carrefour Bio. D’autres grandes marques ont, elles, aussi accepté de participer à ce projet. On trouve parmi elles Coca-Cola, Pampers, Tropicana, Evian, Ariel, Nivea, Bic, Signal, Dove, Rexona, The Body Shop, Milka ou Lesieur.
Lancée en janvier 2019, à Davos lors du Forum économique mondial, cette initiative n’imposera aux consommateurs aucun abonnement contraignant. Pour les produits durables, comme les vêtements d’enfants, des frais d’utilisation s’ajouteront au dépôt de départ mais « le consommateur réalisera 70% d’économies par rapport à l’achat d’un produit neuf car il bénéficiera indirectement d’un service de nettoyage et de réparation » selon Loop. Certains articles seront vendus directement sur les sites des fabricants et des distributeurs. Un système de consigne en magasin pourrait aussi, à terme, être mis en place.
L’Allemagne recycle bien plus que la France
Si les tests à Paris et à New York s’avèrent concluants, Loop pourrait se développer dans les tous prochains mois dans d’autres villes au fort pouvoir d’achat comme Londres et Tokyo. Le Canada et la Californie sont également dans le viseur de cette start-up.
Le retour de la consigne s’inscrit parfaitement dans l’air du temps. La fin programmée des pailles, gobelets et autres couverts en plastique dans l’Union européenne dès 2021 confirme cette tendance. La France a, elle, un sérieux retard à rattraper dans ce domaine. Dans notre pays, à peine 56% des bouteilles en plastique sont recyclées contre 90% en Allemagne. Berlin a trouvé la solution en parlant au… porte-monnaie de ses citoyens. Depuis le 1er janvier 2003, la majorité des boissons commercialisées y sont consignées. La caution est de 8 centimes pour une canette de bière vide, de 15 centimes pour une bouteille en plastique réutilisable et de 25 centimes pour tout contenant non recyclable. Dans certains cas comme pour les bouteilles d’eau pétillante de 1,5 litre vendues chez Aldi, le montant de la consigne est presque aussi élevé que celui du produit acheté. Tout d’abord réticents, les Allemands sont aujourd’hui 82 % à plébisciter ce système de consigne et une majorité souhaiterait l’étendre aux gobelets.
Ces systèmes, s’ils se généralisent, pourraient rendre en partie caduques des initiatives comme celles lancées par Loop. Certains consommateurs flémards pourraient toutefois préférer faire appel à un e-commerçant recycleur plutôt que de faire l’effort de se déplacer dans leur grande surface pour se débarrasser de leurs emballages vides. La paresse est souvent source de business…