Aller au ciné en restant chez soi dans son canapé, c’est désormais possible grâce à l’application de réalité virtuelle Cinevr, lancée par une start-up française. Première européenne, cette expérience d’un nouveau genre installe le grand écran à domicile.
Dans chaque raout ethnocentré, l’industrie de la pub a le chic pour faire passer ses postulats futurs pour des constats présents. Demain n’est pas aujourd’hui mais le faire croire aux annonceurs, c’est crédibiliser l’actuel. Une sémantique marketée un brin pompeuse peut aider à emballer le paquet cadeau d’un vendeur. La réalité virtuelle utilise, elle, des études pour faire mousser un présent moins reluisant que son avenir doré programmé. Des estimations de Digicapital prévoient, par exemple, plus de 100 millions d’appareils compatibles réalité virtuelle d’ici 2020. Et si Sony a annoncé, en décembre 2017, avoir déjà écoulé plus de deux millions de casques Playstation VR dans le monde, la réalité virtuelle reste encore une technologie de niche. Son adoption grand public peut-elle passer par le cinéma ? » Absolument, les deux principaux usages constatés depuis l’arrivée des premiers casques grand public en 2016 sont les jeux vidéos et la vidéo. Le cinéma est donc tout à fait approprié « , répond Julien Nicault, fondateur de la start-up française, Cinemur, qui vient de lancer l’application Cinevr, la nouvelle salle de cinéma en réalité virtuelle sur smartphone et PC.
Première européenne, ce nouveau service offre la possibilité de regarder des contenus (bandes annonces, vidéos 3D, vidéos 360°, films, séries) en immersion totale dans une salle de cinéma virtuelle. Pour profiter d’une expérience ciné depuis son canapé, il suffit de disposer d’un smartphone et d’un casque de réalité virtuelle avec votre casque audio. Le visionnage peut être vécu à plusieurs puisque les utilisateurs ont la possibilité d’inviter leurs amis via Facebook dans leur séance privée. Disponible sur l’App Store d’Apple, sur Google Play, sur Oculus Home et sur Steam, Cinevr est compatible avec tous les casques de RV (HTC Vive, Oculus Rift, Samsung GearVR, Windows MixedReality, Google Daydream, Android + iOS …). » L’expérience Cinevr s’intègre directement sur des plateformes de VOD existantes. Notre player est conforme aux politiques de sécurité des ayants droits et les contenus n’ont pas besoin d’être adaptés à la RV. Nous utilisons les fichiers déjà présents sur les plateformes. En fonction des partenaires, nous prévoyons une licence d’utilisation de notre technologie et/ou un modèle de partage des revenus pour les contenus visionnés au sein de l’appli « , explique Julien Nicault. Son innovation sera-t-elle un tueur de salle de ciné ? » C’est tout le contraire. Cinevr s’inscrit dans la chronologie de la VOD et non de la salle. Elle rend hommage au cinéma en permettant de voir ou revoir les oeuvres comme si elles repassaient dans les salles obscures « , rétorque le patron de Cinemur.
150 000 » early adopters «
Spécialisée dans la création de services digitaux innovants pour l’industrie du cinéma, de la télévision et de la réalité virtuelle, la start-up parisienne a pour l’instant peu de concurrence mondiale pour Cinevr. » Mais Google, Hulu, Netflix et Oculus s’y mettent activement, avec les start-up Bigscreen et Skybox en concurrence directe « , précise Julien Nicault. Il annonce qu’après sa sortie en version bêta, les early adopters se sont rués sur Cinevr avec plus de 150 000 téléchargements. » La sortie de la version définitive apporte des évolutions majeures, notamment la lecture de vidéos disponibles en local et le visionnage de vidéos 360° « , promet-il.
Concrètement aujourd’hui, chaque utilisateur de l’application est représenté dans la salle par un avatar personnalisé. Les avatars peuvent même interagir entre eux, se regarder, se parler, faire des gestes et envoyer des emojis. Neuf personnes par salle peuvent être présentes simultanément dans le même environnement. Par ailleurs, le décor peut être modifié. Outre la salle de cinéma, le spectateur peut choisir de regarder son film depuis un décor de plage avec un écran géant situé sur le sable. Le son est, lui, spatialisé pour permettre d’entendre les bruits exactement d’où ils proviennent. Magique ?