Qu’a promis Donald Trump à Elon Musk pour obtenir son soutien… et ses millions ?
Depuis la première tentative d’assassinat contre Donald Trump, Elon Musk s’est jeté — et ses ressources avec lui — à corps perdu dans la campagne présidentielle pour soutenir le candidat républicain. Un choix risqué s’il perd l'élection… ou très bénéfique pour les affaires s’il gagne.
Comment s’offrir l’homme le plus riche du monde ? En lui promettant la lune, sans mauvais jeu de mots… Cela n’aura échappé à personne, tant la nouvelle est (sur)commentée dans la presse internationale : Elon Musk et Donald Trump avancent main dans la main depuis quelques mois. Selon le New York Times, le mogul est aujourd’hui le second plus gros donateur privé du candidat républicain puisqu’il aurait donné autour de 130 millions de dollars à l’America PAC qui contribue à l’élection de l’ancien président. Pour rappel, la fortune de Musk est estimée à 269,8 milliards de dollars, selon Forbes.
Le tout, sans compter toutes ses publications acerbes à l’encontre de Kamala Harris sur X (ex-Twitter) pour tenter de faire basculer l’élection sur le terrain idéologique – c’est plus facile quand on contrôlesoi-même les algorithmes qui mettent en avant… ou en sourdine… les contenus de la plateforme –. Donald Trump le lui rend bien puisqu’il l’a qualifié récemment dans un meeting de « leader industriel générationnel » dont les idées et l’efficacité pourraient certainement profiter à « notre bureaucratie fédérale en panne ». C’est presque touchant ce respect mutuel.
L’élément déclencheur
D’autant plus que les débuts n’étaient pas idylliques entre les deux tourtereaux, le magnat de la tech étant plutôt décrit à ses débuts comme un démocrate libéral classique de la Silicon Valley, se qualifiant lui-même à une époque de centriste et de « politiquement modéré ». C’est bien la – première – tentative d’assassinat manqué contre Donald Trump au cours de son meeting à Butler, en Pennsylvanie, le 13 juillet dernier, qui l’a poussé à le soutenir, même si on peut déceler les prémices de son engagement suite à son rachat de X en novembre 2022.
Le 7 du même mois, il avait tweeté : « Je recommande de voter pour un Congrès républicain, étant donné que la présidence est démocrate ». Vous verrez que cette stratégie de faire passer son engagement partisan comme un combat avant tout démocratique pour mieux le vider – en apparence – de sa substance idéologique est très utilisé par Elon Musk.
Mais revenons au présent. Depuis le meeting de Butler en Pennsylvanie (13 juillet 2024), le « Technoking » – son titre officiel dans le board de Tesla selon des documents administratifs… — est devenu un habitué des meetings républicains, scandant à qui veut l’entendre que seul Donald Trump peut « sauver » la démocratie américaine. Sur X, il déclarait le mois dernier : « Je n’ai jamais été matériellement actif en politique auparavant, mais cette fois, je pense que la civilisation telle que nous la connaissons est en jeu. Si nous voulons préserver la liberté et les valeurs méritocratiques des États-Unis, alors Trump doit gagner ».
C’est le moment de se poser la question qui trotte dans les têtes de tous les observateurs : quelles sont les raisons qui ont poussé Elon Musk a autant engager son temps, son savoir-faire opérationnel et son portefeuille dans la bataille alors même que les élites économiques du pays préfèrent plutôt influencer la politique depuis les coulisses. L’une est d’ordre idéologique, donc, et l’autre relève de l’économique.
Les raisons de la colère
Suite à la publication par Der Spiegel d’une Une le qualifiant « d’ennemi public numéro 2 », sous-entendu juste derrière le candidat républicain, le patron de Tesla, SpaceX et Neuralink avait répondu d’un air ironique : « Ennemi de quoi ? De la démocratie ? Tout ce que j’essaie de faire c’est de sauvegarder la constitution et de m’assurer que les prochaines élections soient libres et justes », avant de conclure, sourire aux lèvres : « une chose est sûre, j’ai augmenté ma sécurité… ».
Cette rhétorique du combat civilisationnel en faveur de la liberté d’expression est autant empruntée par le camp Trump que par le chef d’affaires de 53 ans. Ce dernier affirmait même au cours d’un meeting en Pennsylvanie le 5 octobre dernier : « L’autre camp veut vous priver de votre liberté d’expression. Et la liberté d’expression est le pilier de la démocratie », avant d’affirmer qu’une victoire de Kamala Harris ferait de cette élection « la dernière ».
Un engagement quasi existentiel, presque un don de soi à la nation, quand on écoute Elon Musk qui a laissé penser à certaines de ses ouailles qu’il briguerait peut-être un jour le poste suprême à la maison blanche. Pour assouvir les velléités politiques qu’on lui prête, Donald Trump a même envisagé d’intégrer Elon Musk à son gouvernement en cas de victoire, suggérant qu’il pourrait être le « secrétaire d’État à la réduction des coûts ». Un poste — qui lui permettrait notamment de réduire le nombre de fonctionnaires et de sabrer dans les dépenses publiques — qu’il pourrait accepter mais concernant un avenir politique jusqu’aux plus hautes sphères de l’État… Elon Musk lui-même a renvoyé l’idée d’un revers de la main.
« I just want to build rockets and cars »
Déjà, et c’est important, de le rappeler, parce que la constitution l’en empêche. En effet, même si son grand-père est étasunien, il est né en Afrique de Sud est n’est donc pas autorisé par la loi à se présenter à une élection présidentielle. Mais surtout, et cela introduit la variable économique de son engagement… parce qu’il a d’autres idées dans la tête. Quand un journaliste – ou un partisan, la scénographie de l’évènement nous empêche de trancher– lui demande à un meeting s’il considèrerait se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2028, il répond presque amusé « Je ne veux pas être président. Pour être clair, je veux juste construire des fusées et des voitures ».
Elon Musk: I cannot be President, and I actually don't want to be President. So, to be clear, I want to build rockets and cars. pic.twitter.com/KcjQ6UjRSt
Bradley Tusk, un investisseur en capital-risque et stratège politique bien connu, expliquait mercredi dernier à Euronews Next : « Musk croit que Trump va gagner et pense que cela se traduira par plus de contrats de la NASA pour SpaceX, plus de contrats fédéraux pour Starlink, plus d’incitations pour Tesla, à la protection de la section 230 (du Communications Decency Act qui accorde aux entreprises américaines une immunité légale pour le contenu publié par des tiers sur leurs plateformes et sites Internet, NDLR) pour Twitter et d’autres opportunités dans l’ensemble de son portefeuille ».
Musk critique depuis longtemps la réglementation excessive qui serait une entrave à l’innovation technologique. Il déclarait à la mi-octobre sur X : « Voter pour Trump, c’est voter pour Mars ! Si nous n’arrêtons pas la lente strangulation par la surréglementation qui se produit en Amérique, nous ne deviendrons jamais une civilisation multiplanétaire ». Concernant le marché des voitures électriques, envers lequel Donald Trump n’a jamais caché son désintérêt ou même son mépris, le candidat à la maison blanche a fait volte face de manière complètement lunaire lors d’un meeting organisé cet été en affirmant hilare : « Je suis désormais pour les voitures électriques, je ne peux que l’être car Elon m’a fortement soutenu… donc je n’ai pas le choix ». Ça a le mérite d’être clair.
Un autre marqueur important qui a dû peser dans la balance pour Elon Musk est la promesse de son candidat de réduire drastiquement les impôts. Une mesure qui pourrait lui permettre de bénéficier d’un avantage fiscal spécial d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards de dollars, selon un rapportde Newsweek. Autant de raisons – et de retours sur investissement possibles – pour casser la tirelire.
Le choix d’une vie ?
Qu’elles que soient les raisons profondes – certainement multiples – qui ont poussé Elon Musk à autant mouiller la chemise… le pari sera victorieux… ou l’avenir ne sera pas. Pour rappel, la majorité des entreprises de Musk dépendent de subventions et de contrats gouvernementaux. « Traditionnellement, les entreprises se protègent en faisant des dons aux deux camps. Elles n’ont pas tendance à soutenir frontalement tel ou tel candidat », expliquait Bill Echikson, chercheur principal à la Digital Innovation Initiative et rédacteur en chef de Bandwidth au Centre for European Policy Analysis. Avant de conclure que si le candidat en question remporte l’élection « c’est une bonne chose, mais s’il perd, c’est compliqué… ».
Un constat que partage le principal intéressé mais dans des termes beaucoup plus… directs. Au cours d’une interview avec Tucker Carlson, figure de l’alt right médiatique, Elon Musk affirmait sans sourciller que si Donald Trump perdait finalement l’élection, il serait « foutu » – ou « fucked », pour reprendre ses mots –. Quoi qu’on pense – la formule consacrée – d’Elon Musk, une chose est sûre, comme beaucoup, il sera demain sur son canapé à attendre frénétiquement l’annonce des résultats en ayant compris depuis longtemps – pour les raisons qui lui sont propres – l’impact qu’aura cette élection sur le monde… et sur son portefeuille. « À vous les robo… », à non pardon : « À vous les studios ».
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