Quelles sont les préoccupations qui trottent dans la tête des jeunes européens ?
Une enquête du Parlementeuropéen, publiée ce lundi, permet de faire le point sur les thèmes qui inquiètent le plus les citoyens européens âgés de 16 à 30 ans et sur leur manière de s'informer. Au menu : désamour des médias traditionnels, désinformation... et préparation du "Parlement pour la jeunesse" en contre-attaque.
On pouvait s’y attendre : la hausse des prix et du coût de la vie préoccupe 40 % des 16-30 ans qui ont participé à la dernière enquête Eurobaromètre sur la jeunesse publiée ce lundi 17 février. Un tiers des jeunes interrogés estiment que l’UE devrait concentrer son attention sur l’environnement et le changement climatique au cours des cinq prochaines années, tandis que 31 % d’entre eux pensent que la situation économique et la création d’emplois devraient être une priorité.
« Écouter les jeunes Européens et leurs préoccupations est vital pour les politiciens, les décideurs politiques et la démocratie européenne », a tenu à rappeler Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen. « Les jeunes d’aujourd’hui s’inquiètent de la hausse des prix, du changement climatique, de la sécurité et de leurs chances de trouver un bon emploi. Ce sont les préoccupations auxquelles nous devons répondre dans chaque décision que nous prenons et dans chaque loi que nous adoptons. Sinon, nous risquons de perdre une génération dans la désillusion ».
Près de trois jeunes sur dix (29 %) souhaitent que l’UE donne la priorité à la protection sociale, à l’aide sociale et à l’accès aux soins de santé. Plus d’un jeune sur cinq considère l’éducation et la formation (27 %), le logement (23 %) et la défense et la sécurité de l’UE (21 %) comme des priorités importantes pour l’UE. La défense européenne préoccupe particulièrement les jeunes en République Tchèque (36 %), en Pologne (33 %) et en Estonie (32 %).
Les réseaux sociaux surclassent — de peu — la télévision
Pour vraiment les comprendre, comme le veut madame le présidente, il ne faut pas se limiter aux thématiques qui les obsèdent, il faut aussi analyser leur manière de s’en informer. À ce petit jeu, le constat est le même depuis des années sans surprise : les réseaux sociaux sont la principale source d’information sur les questions politiques et sociales pour 42 % des interrogés âgés de 16 à 30 ans, la télévision étant la deuxième source la plus populaire, citée à 39 %. Nous pouvons au moins noter que le rapport de force est bien plus équilibré que certains observateurs voudraient le faire croire.
La préférence pour la télévision est particulièrement marquée chez les 25-30 ans. Cette tranche d’âge est également plus susceptible d’utiliser les sites d’information en ligne et la radio que les 16-18 ans. Les participants plus jeunes (16-18 ans) s’appuient davantage sur les réseaux sociaux (45 %) que les 25-30 ans (39 %), et font confiance à leurs amis, à leur famille ou à leurs collègues pour s’informer (29 % contre 23 %).
« Le paysage de l’information évolue rapidement. Étant donné que la plupart des jeunes s’informent principalement par le biais des réseaux sociaux, les responsables politiques et les plateformes de réseaux sociaux ont une responsabilité particulière dans la lutte contre la désinformation croissante », conclut Roberta Metsola.
La télévision reste également la principale source d’information pour les jeunes au Portugal (53 %), en Italie (52 %), en Slovénie (45 %) et en France (43 %). La presse en ligne et/ou les sites d’information ainsi que la radio restent des canaux privilégiés pour 26 % des plus jeunes participants et 16 % de leurs homologues plus âgés. Dans l’édition 2021 de cette enquête, les principales sources d’information citées étaient les réseaux sociaux et les sites d’information (chacun étant mentionné par 41 % des interrogés).
Instagram, TikTok… et désinformation
Instagram est la plateforme la plus utilisée par les jeunes pour obtenir des informations politiques et sociales (47 %), suivie de TikTok (39 %). X (anciennement Twitter) n’est utilisé que par 21 % des jeunes, selon les auteurs de l’enquête. Quel que soit leur réseau de prédilection, nos jeunes pousses sont heureusement parfaitement conscientes d’être régulièrement exposées à la désinformation. Une large majorité (76 %) des jeunes estiment en avoir déjà été les victimes.
Dans neuf pays de l’UE, plus de la moitié des interrogés déclarent avoir été exposés à la désinformation « souvent » ou « très souvent », les proportions les plus élevées étant observées à Malte (59 %), en Hongrie (58 %), en Grèce (57 %), au Luxembourg (55 %) et en Belgique (54 %). En revanche, la part de ceux qui estiment n’avoir jamais été exposés à la désinformation et aux « fake news » est la plus élevée en Roumanie (19 %), suivie de la Bulgarie (11 %). 70 % des participants à l’enquête sont par ailleurs convaincus de pouvoir reconnaître la désinformation.
Les jeunes débattent de l’action de l’UE à l’EYE2025
L’enquête Eurobaromètre sur la jeunesse a été réalisée par Ipsos entre le 25 septembre et le 3 octobre 2024 dans les 27 États membres de l’UE. Au total, 25 863 jeunes âgés de 16 à 30 ans ont été interrogés via des sondages à l’aide de panels en ligne. Les résultats ont été pondérés en fonction de la proportion de cette tranche d’âge dans chaque pays de l’UE.
Cette enquête permet in fine de mieux comprendre la participation politique des jeunes Européens, leurs besoins et leurs préoccupations. Les données glanées contribueront à garantir que l’événement phare du Parlement pour la jeunesse, l’EYE2025 qui se déroulera les 13 et 14 juin 2025, aborde les sujets qui comptent le plus pour la jeune génération de l’UE.
Pendant deux jours, le Parlement européen à Strasbourg accueillera des ateliers, des débats, des stands et des activités artistiques pensés pour la jeunesse européenne. Des organisations de jeunesse, des institutions et des organisations internationales, ainsi que des représentants du Parlement européen et des autorités locales de Strasbourg seront aussi également présents. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 21 février 2025.