15 décembre 2019

Temps de lecture : 3 min

Que faisons-nous de tout ce temps passé sur Internet ?

Notre temps quotidien passé sur internet continue sa forte progression. Ce qui change, ce sont nos motivations : une récente étude montre que nous cherchons de plus en plus à nous informer ou à obtenir une réponse à une requête précise, et de moins en moins à nous distraire. Une évolution qui implique de nouvelles responsabilités, mais aussi de nouvelles opportunités, pour les producteurs de contenus.

Notre temps quotidien passé sur internet continue sa forte progression. Ce qui change, ce sont nos motivations : une récente étude montre que nous cherchons de plus en plus à nous informer ou à obtenir une réponse à une requête précise, et de moins en moins à nous distraire. Une évolution qui implique de nouvelles responsabilités, mais aussi de nouvelles opportunités, pour les producteurs de contenus.

6H42 par jour. C’est le (gigantesque !) temps que nous passons en moyenne sur internet , dans le monde. En France, nous n’en sommes « que » à 4H38 par jour, mais cela représente quand même plus du quart de notre temps éveillé. Et surtout, c’est deux fois plus qu’en 2013 . Mais est-ce grave, est-ce négatif ? C’est en général l’opinion qui prévaut, la majorité des psys/sociologues/scientifiques s’accordant à dire que ce « toujours plus de web » nous désocialise, nous abêtit, voire détruit irrémédiablement notre capacité à raisonner et à nous concentrer. Sans parler de ses éventuels dangers sur notre santé mentale.

Est-ce grave?

Mais le volume horaire ne signifie pas grand-chose en soi. Une heure passée à chercher des précisions sur un sujet de fond, cela n’a rien à voir avec une heure passée à « scroller » des images. Ni à se filmer dans une situation sociale valorisante, plutôt que de vivre l’instant présent. Selon notre activité, et le type de contenus que nous consultons, notre cerveau n’est pas mobilisé de la même manière, nos émotions ne sont pas les mêmes.

Analyser les motivations de 60 000 personnes

C’est à cette thématique des motivations des internautes que s’intéresse l’Etude Content Moments de Verizon Media. Son propos : analyser les motivations de 60 000 personnes dans le monde lorsqu’elles consultent des contenus en ligne. Et comparer avec les résultats obtenus en 2016. Bilan : nous devenons de moins en moins passifs devant nos écrans. En deux ans, l’intérêt des jeunes internautes (16-24 ans) pour les questions sociales a progressé de 40 %. Et, toutes tranches d’âge confondues, la proportion de ceux qui vont sur web pour trouver une réponse à une question spécifique a augmenté de 30% en deux ans. Symétriquement, les connexions visant à simplement « se distraire » sont devenues 40% moins nombreuses.

Nous devenons moins passifs, et donc plus exigeants

Cela ne signifie pas, bien sûr, que tout internet devienne désormais un docte temple du savoir. Mais plutôt que nous sommes, et notamment les plus jeunes, sortis de la période de consommation béate et inconditionnelle du « digital ». Et que nous privilégions désormais les contenus qui nous apportent un bénéfice concret, plutôt qu’un interminable « surf » – au cas où quelqu’un utiliserait encore cette expression. En témoigne, par exemple, le très large succès de youtubers proposant de décrypter l’actualité « sérieuse » : Cyrus North (500 000 abonnés) ou Hugo Décrypte (700 000) ont ainsi fait le choix de créer des chaînes mêlant analyse politique, économique, philosophique… Le tout avec un ton adapté à leurs jeunes cibles, et surtout avec une ambition : ne pas simplifier à outrance, respecter l’intelligence de leurs audiences, et leur donner les moyens de se forger leur propre opinion.

Faire confiance à la sagesse populaire

Il s’agit bien sûr d’une évolution positive, et d’une raison de plus de faire confiance à la sagesse populaire : quel que soit le nombre de photos de chatons sur le web, nous finissons par nous en lasser, et par privilégier ce qui nous est utile, répond à une question ou nous fait progresser. Mais cette évolution implique aussi une plus grande responsabilité pour les éditeurs de contenus, et pour les annonceurs qui les financent. Face à cette évolution des attentes, l’offre doit changer. En proposant plus de qualité, de diversité, d’utilité réelle des contenus. Et des publicités moins intrusives, plus informatives, et mieux corrélées aux attentes des utilisateurs.

Aux éditeurs de contenu de s’engager

Se donner la peine de produire de « vrais » contenus, nourris par des recherches et des analyses, prend du temps et demande des investissements. C’est à l’ensemble des acteurs du web de se mobiliser en ce sens. Non seulement parce que cela correspond aux attentes croissantes des internautes, mais aussi parce qu’il s’agit de la manière la plus efficace de lutter contre les fakes news, les contenus haineux, et tout ce qui pollue le web. Les récentes lois contre ce type de contenu, si elles peuvent avoir leur utilité, ne suffiront pas : construire un web de qualité, qui nous fasse progresser, individuellement et collectivement, passera aussi par l’engagement de chaque producteur de contenu, éditeur ou annonceur. Le fait que cet engagement devienne aujourd’hui rentable doit, plus que jamais, nous inciter à un effort collectif et coordonné. Il en va de notre avenir à tous, et de celui du web que nous voulons construire.

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