Indes, Caraïbes ou Japon ? Bretagne revigorante ou plages sans fin ? Campagne ou ville ? La nouvelle tendance réside dans les incitations au voyage suggérées par les fragrances.
L’Express a consacré cet été six pages aux « créateurs voyageurs » avec des designers et des couturiers qui puisent leurs imaginations au bout du monde. Mais, tant pour la mode que pour les accessoires, cela n’a rien de très innovant. Il en est de même pour les articles liés aux arts de la table et nombreuses sont les maisons qui sortent des collections de linge de lit et de table dont les noms sont autant d’invitations au voyage. Les nappes et torchons illustrent bien l’actuelle tendance multi-ethnique de la cuisine. Plats et livres regorgent de recettes métissées où les fruits exotiques et les épices du sud se mêlent aux spécialités de terroir du Nord.
Mais la nouvelle tendance réside dans les incitations au voyage suggérées par les parfums. Indes, Caraïbes ou Japon ? Bretagne revigorante ou plages sans fin ? Campagne ou ville ? Les parfumeurs ont envie de voyager et par leurs compositions ils nous emmènent au bout de la planète. Si les odeurs existent au-delà de toutes les frontières, l’intérêt est aussi lié au marketing, les nez ayant compris qu’un parfum ne se vend bien aujourd’hui que s’il raconte une histoire et fait rêver avant même son achat. Sans même soulever le bouchon, le nom et la bouteille du jus doivent transporter le consommateur à l’autre bout du monde.
De son Japon initial, Kenzo entraîne ainsi les hommes d’île en île vers Madagascar et les femmes en Asie avec KenzoAmour, et pour cette même fragrance dans les fêtes colorées religieuses d’India Holi.
Escale à Pondichéry par Dior Gandari par Isabel Derroisné
Après ses différentes eaux liées à des jardins révélateurs du Nil, de la Méditerranée et des pays à mousson, le sellier Hermès, réitère avec ses hermessences qui transportent l’une au Yunnan par la fleur d’osmanthus, l’autre au Brésil via le paprika, et la troisième à Galante grâce à la vanille.
Chez Guerlain et selon le dire de JP Guerlain, « un parfumeur doit aller à la rencontre des odeurs », d’où la collection liée à des villes avec Paris-Moscou, qui révèle un musqué-fruité-boisé, Paris-Tokyo, un vert-floral et Paris-New-York, un oriental-boisé.
Les villes ont également la cote chez Colette et son Labo avec plusieurs fragrances dédiées à des capitales différentes : Poivre 23 de Londres, Aldehyde 44 de Dallas, Musc 25 de L.A., Gaiac 10 de Tokyo, Tubereuse 40 de New York, Vanille 44 de Paris….
Plus élitiste, le couturier américain Tom Ford ne crée que peu de fragrances, mais ses deux dernières compositions, Italian Cypress et Arabian Wood, emmènent vers la Calabre et le Moyen Orient.
Quant à Isabel Derroisné, qui se qualifie elle-même de « parfumeur voyageur », elle ne propose que des jus d’évasion avec la magie de l’Inde pour Gandali et celle de la Méditerranée pour Jardin de Sicile.
Même attirance pour le continent indien et l’Italie chez Dior. Son créateur-nez, François Demachy, vient de démarrer une collection d’escales parfumées. Portofino, Pondichéry devraient être suivies par d’autres lieux mythiques des odeurs.
Plus près de nous, mais non moins intéressant olfactivement, Lostmarc’h signe des fragrances uniquement basées sur la Bretagne et ses madeleines proustiennes olfactives : Aôd pour l’odeur du rivage, Ael Mat pour la lande, Din Dan pour le sous bois, Tan pour le feu.
De son côté, dans sa collection de parfums solides en sticks, Les Garçonnes, Crazylibellule and the poppies fait rêver avec Rose à Saïgon ou Jeanne Voyage.
Plus industriels olfactivement, les gels douche et les bains moussants s’engouffrent aussi dans cette manne du dépaysement garanti. Pour quelques centimes d’euros les consommateurs se retrouvent ainsi sous une douche tropicale ou dans un bain vivifiant !
Marie-Laure de Vienne
Gels douche et bains moussants