4 novembre 2013

Temps de lecture : 4 min

Quand la nature redéfinit l’identité

Que l'on soit citoyen, citadin ou consommateur, le besoin irrépressible de verdure et de douceur est inévitable. Cette tendance est devenue un impératif pour tout espace accueillant du public. Les Jardins de Gally en association avec BVA Opinion, analysent les raisons de cette envie de nature vivante…

D’après l’étude* menée par Les Jardins de Gally (**) en collaboration avec BVA Opinion, les lieux publics comme les gares, les hôpitaux et autres aéroports sont perçus négativements par les Français. Synonymes de « foule », de bruit (90%) et de stress (72%) pour une large majorité des sondés, ces endroits que nous fréquentons régulièrement ont tout du parcours du combattant. Le constat est également le même pour le sacro-saint centre commercial. Si 42% des 15-34 ans associent leur visite à une sortie, un lieu de rendez-vous ou une récréation, plus de 70% de nos compatriotes la vivent comme une contrainte liée à l’obligation de « faire les courses ». A l’inverse, bien-être et nature apparaissent comme des notions totalement incongrues lorsqu’on les associe à ce type d’endroit.

En effet, plus de 8 Français sur 10 estiment qu’il n’y a pas assez d’espaces verts dans les centres commerciaux. Pour des raisons esthétiques et décoratives (74%) bien sûr ! Mais aussi de bien-être (51%), d’oxygénation dans les deux sens du terme (47%) et de repos (42%). Sans compter que le Français est fondamentalement « terrien » et qu’il a besoin de nature. C’est une véritable requête sociale! D’ailleurs, tous (entre 81 et 92%) réservent un accueil particulièrement enthousiaste à des réalisations concrètes comme celles des Quatre Temps à la Défense, du Centre Leclerc Guérande, de la gare Saint Charles à Marseille ou du Channel Outlet Store de Calais.

Ces résultats laissent entrevoir tout le potentiel que l’on peut retirer de l’implantation de la nature, de la biodiversité ou du monde vivant dans de tels espaces où le flux d’individus est permanent. Avec près de 80% de la population qui vivent en ville, marier le ciel et la nature avec le béton et l’acier urbains, ne peut donc que réconcilier les citadins et/ou consommateurs avec ces lieux anxiogènes. Enfin, en montrant l’appétit des interviewés pour de tels aménagement, l’étude confirme qu’ils ne veulent plus être considérés comme des machines à consommer. Alors plus d’hésitation, car le végétal, en offrant des jardins et des entrelacs où l’on peut se réappproprier espace et temps et donc liberté et détente, peut renverser la perception négative de ces endroits au trafic intense, véritables passages obligés mais pas vraiment lieux de vie. Le but étant de les aider à redéfinir leur identité au-delà de leur vocation utilitaire et même redevenir le fer de lance d’un quartier. A l’instar du récent Beaugrenelle.

Décryptage de Pierre Darmet, directeur marketing chez Les Jardins de Gally :

INfluencia : La végétalisation : épiphénomène ou simple quête de l’esthétisme ?

Pierre Darmet : C’est un marché en pleine expansion qui concerne tous les lieux recevant un fort flux de public. Il est de plus en plus pris en compte par des investisseurs ou des foncières qui opèrent une sorte de révolution culturelle. Car c’est un élément de différenciation très positif qui leur permet de construire une identité qui dépasse l’espace public ou la première vocation du lieu concerné, qu’il s’agisse d’un centre commercial ou d’une piscine. En effet, au-delà de l’aspect visuel, l’impact en termes d’agrément sur leur quartier est tel qu’ils ne peuvent qu’en récolter des bénéfices sur leur image. Car leurs surfaces ainsi colonisées par le végétal établissent un fil vert entre l’extérieur et l’intérieur. Résultat, elles ne sont plus considérées comme perdues mais comme un endroit où on peut vivre, propice à la détente et à la socialisation.

INfluencia : Tout espace peut-il être prétexte à la végétalisation ?

Pierre Darmet : Aucun problème pour marier le vert au gris. Murs, escaliers, toitures… dans les villes (gares, centres commerciaux…) ou en périphérie (aéroports, retails parks…) tout peut prendre la forme de paysage et s’étendre à la biodiversité avec la sélection d’espèces locales ou l’introduction de ruches comme sur le toit du Palais de Chaillot. Il n’y a pas de solution unique. Et le mieux est de travailler très tôt avec les maîtres d’ouvrage, pour que tout soit intégré le plus en amont possible dans un souci de conception (réduire l’imperméabilisation des sols, modeler les toitures végétales en fonction des formes du relief, intégrer le projet architectural…) et d’optimisation économique. Beaucoup de demandes concernent des îlots de repos végétalisés, comprenant mobilier (un banc…) ou design végétal. De plus, les murs végétaux et les paysages d’intérieur nécessitent des infrastructures ad hoc, avec un entretien écologique, sans pesticide et allergène.

INfluencia : Cette démarche est-elle réservée aux seuls grand groupes?

Pierre Darmet : Il y a plusieurs façons de remettre le végétal au coeur de ses préoccupations. Même de très petites entreprises peuvent y prétendre, via un bouquet ou un panier de fruits livrés, à partager. Ou en s’équipant de parois végétales mobiles afin de cloisonner ses espaces intérieurs.Ou encore en suivant des formations pour parler santé, écologie ou apprendre à cultiver un jardin potager.

INfluencia : Le milieu urbain est bel et bien une prolongation de la campagne?

Pierre Darmet : La cité doit offrir sa bouffée d’air, son coin de ciel et de verdure, pour permettre à ses habitants de continuer à bien vivre. Mais attention cet apport du vivant reste symbolique. Car si maintenant, on peut y produire du miel et faire grandir des plantes dans 40 cm de terre seulement, ce n’est pas par le biais de la « ville verte » qu’on va sauver la biodiversité. Il faut éviter le copié/collé. Je préfère parler de nature urbaine ou d’une juste alliance entre la nature et la ville, entre l’acier, le béton et le végétal. Ce qui implique pour notre bureau d’étude de la créativité et des innovations technologiques et végétales. Et de trouver, par exemple, comment le végétal/vivant peut travailler au service de la ville, notamment en recréant des écosystèmes dans la filtration de l’air et de l’eau.

Florence Berthier

(*) Le shopping fertile : les espaces publics passent au vert
(**) agriculteurs et jardiniers depuis 1746. La société est dirigée par la famille Loreau et intervient, via ses 4 unités, pour Gare de Rennes, la Gare Saint Charles à Marseille, ADP, SNCF, Unibail Rodamco, Danone Total, Cogedim, Casino, Système U…

Crédit photo : Jardins de Gally@ Cité de l’architecture

Crédit photo : Jardins de Gally@ La Défense

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