En annonçant l’arrivée du statut d’activité sur sa messagerie nommée Direct, Instagram s’attire les mêmes critiques que Facebook avant lui. Sa nouvelle fonctionnalité s’inscrit dans un objectif global de convergence. Elle va surtout renforcer l’impatience des consommateurs.
Chaque jour un demi milliard d’humains utilisent Instagram. C’est trois fois plus que Snapchat. Après une explosion estivale de son audience, les stories ont détrôné l’application préférée des » djeunes » tout en offrant, ô miracle, une visibilité plus pointue sur l’engagement suscité par l’activité d’une marque ou d’une personnalité sur son réseau. » La mise à disposition de ses outils à destination des partenaires d’Instagram symbolise une étape importante dans la sphère des médias sociaux : la convergence entre Facebook et Instagram « , nous expliquait en septembre dernier Romain Houzeau, CEO d’Iconosquare, plateforme française d’analyse des médias sociaux et leader mondial sur Instagram. En ajoutant non sans critiques méritées le statut d’activité comme nouvelle fonctionnalité de son application Direct, le réseau social favori des influenceurs confirme cette confluence inédite. Et même si pour l’instant elle n’accroît pas le potentiel de pertinence des campagnes pour les marques.
Depuis le 18 janvier, le statut en ligne uniquement visible en DM, constitue un moyen de voir quand vos contacts se sont connectés à l’application pour la dernière fois. Il permet à vos amis (et réciproquement) de savoir si vous êtes en ligne ou quand vous l’avez été pour la dernière fois, avec des statuts du type : » en ligne il y a 20 mn « . Pour Mashable, les portes du paradis sont désormais ouvertes aux » stalkers » (traqueurs). Déjà en place sur Messenger et WhatsApp, cette fonctionnalité fait flipper et s’est mangée une salve de réprimandes sur les réseaux sociaux. » Il y a eu les mêmes critiques quand ce statut a été installé sur Facebook et ça a fini par se calmer. Là, ils refont la même chose mais ce n’est pas une erreur car cela s’inscrit dans une mécanique évidente de centralisation de Whatsapp, Facebook et Instagram par des fonctionnalités passerelles, comme par exemple les Stories. Ce statut ne sera donc pas dommageable je pense pour Instagram « , analyse Rami Laabi, social media manager de l’agence Zagett.
Une nouveauté qui renforce l’impatience des clients
Quid de l’impact pour les annonceurs ? » Cela va obliger les marques à être encore plus réactives dans leur SAV ou leurs interactions commerciales sur les réseaux sociaux. Les clients veulent de l’instantanéité. L’attente constitue une raison majeure de désabonnement, comme l’a démontré une étude de Sprout Social. Le fait, désormais de voir qu’une marque est déconnectée et ne répond pas, peut donc augmenter l’irritation des clients « , répond Rami Laabi.
Vu le faible taux d’ouverture des stories sur Facebook, l’objectif non avoué, mais tellement devinable de Facebook d’homogénéiser les usages sur ses deux réseaux, devra encore attendre pour être atteint. Les spécificités d’usage restent en effet très fortes sur Facebook et Instagram, » donc pour l’instant cette centralisation en marche n’augmente pas la pertinence des campagnes pour les marques « , estime le social media manager de Zagett. Pour Romain Houzeau, » la convergence reste purement » technologique » tant les deux acteurs sont différents -Instagram s’attaque à l’émotionnel là où Facebook tend vers le rationnel. Les audiences peuvent être similaires mais les attentes sur chaque plateforme sont différentes. De ce fait l’influenceur marketing restera à mon avis la chasse gardée d’Instagram « .
En attendant la notification de capture d’écran
Depuis juin 2017, Instagram multiplie les annonces de mises à jour et nouveautés, histoire de surfer sur une vague aussi grosse que celles de » Jaws « . C’était alors une nouvelle fonctionnalité permettant de prolonger la vie des vidéos en live grâce au choix offert de la partager durant les 24 prochaines heures, pour que plus de personnes puissent la voir. Le replay en live est même inclus dans la story. Depuis octobre, il est possible de faire une vidéo en live avec un ami, les deux vidéos sont alors diffusées en écran partagé.
Et même si Instagram reste un réseau social app first, il permet depuis novembre 2017 l’intégration des stories sur sa version web. Comme sur l’application,il est possible de regarder la story d’un utilisateur, ou de cliquer sur » Tout regarder » pour voir toutes les photos et vidéos publiées récemment. La prochaine fonctionnalité, annoncée mais pas encore opérationnelle, risque de provoquer quelques angoisses en informant quand quelqu’un prendra une capture d’écran d’une de vos photos. » Au moins cela permet d’avoir une transparence sur les sources et de revendiquer sa création « , juge Rami Laabi. C’est ce qui s’appelle voir le verre à moitié plein.