Voir un couple tenter de prendre la photo parfaite pour alimenter ses réseaux sociaux, tel est le créneau de Boyfriends of Instagram, un compte satirique qui épingle notre lubie de paraître en permanence sous notre meilleur jour.
Six cents millions d’utilisateurs dans le monde, soixante-dix millions de photos partagées chaque jour, plus de deux millions de clichés likés chaque minute*. Voici en quelques chiffres la force de frappe du réseau social Instagram. Dans cette profusion de contenus bien proprets et le plus souvent filtrés, découvrir les coulisses de ces « shooting » est toujours un grand moment.
Dernier exemple en date avec la page Facebook Boyfriends of Instagram. Le principe ? Capturer sur le vif les contorsions du conjoint, appareil en main, pendant que madame prend la pose au bord d’une plage, dans une végétation luxuriante ou en soirée… Rassurez-vous, les rôles peuvent aussi être inversés et la gent masculine n’est pas en reste quand il s’agit de prendre une posture faussement naturelle.
Attention danger ?
Si après tout, il n’y a rien de mal à soigner son image, cette généralisation du culte de la personnalité met à mal l’authenticité et la spontanéité de l’individu. En juillet 2015, la blogueuse Em Ford avait mené une campagne ô combien culottée sous la bannière #YouLookDisgusting. Dans une vidéo d’un peu plus de trois minutes, elle montrait au grand jour ses imperfections et assumait son acné. Entre mépris, insulte, compassion et reconnaissance, la blogueuse avait enflammé la toile et avais permis surtout de décomplexer des milliers d’individus en quête d’un modèle inspirant.
Jasmine Fardouly, Rebecca T. Pinkus et Lenny R. Vartanian, trois professeurs australiens, vont même plus loin dans la démarche, relayée par INfluencia, en analysant l’impact des comparaisons d’apparences faites par les femmes sur les médias sociaux : « Les femmes se comparent plus entre elle sur les médias sociaux que dans les magazines ou sur des panneaux publicitaires dans la rue. Cela est dû au fait que celles qui s’y exhibent choisissent non seulement les meilleures photos, mais aussi qu’elles les modifient pour avoir l’air encore plus attractives. Pour les jeunes femmes que nous avons interrogées, la comparaison entre leur corps tel qu’il est au naturel et celui diffusé sur un réseau social comme Instagram peut être particulièrement douloureuse ». Si des initiatives comme Boyfriends of Instagram peuvent faire passer ce genre de message, on est preneur…
(*) Internet et médias sociaux : en chiffres rien qu’en chiffres