1 février 2023

Temps de lecture : 3 min

Quand Arthur Sadoun devient un pubard de génie en évoquant le cancer dont il souffre…

Ne plus avoir peur de dire à ses supérieurs que l'on souffre d'un cancer, par crainte de perdre son emploi, le signifier à ses collègues, sans se soucier de ce qu'ils vont en penser... Ne plus avoir honte... Derrière le film Monday signé Publicis Groupe qui sera diffusé au Super Bowl le 12 février prochain, on sent la patte d'un pubard de génie qui s'ignore. Car Arthur Sadoun, qui créait, -peut-être sans réaliser à quel point son audace allait porter-, l’événement par l'exemple, au sein de son groupe, puis du microcosme publicitaire, et dans les médias en annonçant être aux prises avec un cancer...

Puis à Davos, le 17 janvier dernier, où il exhortait les grands patrons des multinationales présents à soutenir leurs employés confrontés à la maladie, Arthur Sadoun donc, prouve non seulement qu’il est un grand patron,  mais insuffle un insight de génie à ses troupes. La pub, c’est être parfaitement en phase avec son temps.

Comme s’il s’agissait de démontrer que la société pouvait changer de l’intérieur, comme si certaines intuitions se révélaient en phase avec notre époque, et afin que cette prise de parole d’Arthur Sadoun ne reste pas lettre morte, et que les tabous tombent pour de bon, Publicis Groupe dévoile un spot qui sera diffusé au Super Bowl. Une première qui démontre à quel point, il n’est plus question de seulement créer le buzz, mais bien de changer les mentalités par tous les moyens, intimement, psychologiquement, même si, comme chacun le sait, seules les personnes concernées, comprennent. Vraiment.

Le film, Monday enchaine de situations dans lesquelles chacun peut se reconnaître, soit en tant que proche, soit en tant que malade. Une mécanique simple, ou cinq scènes de la vie en entreprise racontent les différents sentiments qui vous étreignent lorsque vous devez vous confronter avec courage à la situation, puis enfin, l’annoncer aux boss, la peur au ventre, par peur de perdre (aussi) votre travail… Pas de pathos, pas de sensiblerie inutile, dans ces saynètes. Juste un regard porté sur celui qui est fragile, toujours filmé au sein d’un groupe qui lui est « du bon côté », qui ne sait pas. La vie continue… La vraie solitude est celle du malade.

Créer des cultures d’entreprise qui aident de manière proactive à la guérison , telle est donc l’ambition, la volonté de ce spot, de Publicis Groupe, qui rappelle que 50% des gens diagnostiqués de cancer ont peur d’informer leur employeur… La déclaration du PDG de Publicis Groupe, -qui s’était auparavant confié sur sa récente bataille contre le cancer auprès de ses salariés et dans les medias-, a eu un impact immédiat sur les chefs d’entreprise réunis à Davos, au point de rallier certains des plus grands employeurs du monde, dont Abbvie, Adobe, Bank of America, BNP Paribas, BT, Citi, Google, Haleon, Labcorp, L’Oréal, Lloyd’s, LVMH, Marriott, McDonald’s, Meta, Mondelez, Microsoft, MSD, Nestlé, Omnicom, PepsiCo, Groupe Renault, Sanofi, Toyota, Unilever, Verizon et Walmart, au mouvement « Travailler avec le cancer ».

« Nous voulons effacer, voir faire disparaître cette stigmatisation et ce tabou, ainsi que le silence et la peur », déclare Carla Serrano, directrice de la stratégie de Publicis Groupe et PDG de Publicis New York.

 

Après avoir mobilisé la communauté des entreprises, Publicis Groupe a donc désormais les yeux tournés vers le reste du monde et veut donner à chacun les moyens de soutenir ses collègues face au cancer. Et pour s’assurer que « Travailler avec le cancer » aura le plus grand impact possible, le groupe se paye la plus grande scène publicitaire au monde : le Superbowl.  Réalisé par Martin de Thurah et Elena Petitti Di Roreto, le film en question sera lancé avant la Journée mondiale contre le cancer le 4 février et diffusé lors du grand match du 12 février dans un créneau publicitaire pionnier – le premier spot du Super Bowl à être acheté et investi par une société holding. Pour Carla Serrano,  » y être était une étape logique pour amplifier le message et mettre en œuvre le changement le plus rapidement possible, un cas d’application, des mêmes conseils et idées, que nous donnerions à un client dans cette situation ».

« Nous avons commencé à réfléchir à quel serait le meilleur porte-voix. Pas un seul de nos moyens habituels utilisés pour nos clients, ne nous a semblé aussi puissant qu’une diffusion au cours de cette manifestation populaire, la plateformes qui encore aujourd’hui a l’écho le plus fort sur le plan mondial ». Pour Marco Venturelli patron de la création et coprésident de Publicis Conseil, « il ne suffisait pas de cantonner la problématique à la relation patron/ employé, mais bien au-delà, d’inscrire l’empathie, la compassion entre collègues et amis qui sont aussi importantes qu’une politique d’entreprise ».

Et d’ajouter, « obtenir le soutien de patrons, d’institutions qui modifient les règles c’est primordial, mais il ne faut pas sous-estimer le soutien émotionnel, l’empathie de personnes qui comprennent autour de vous, qui s’affranchissent de leur peur et sont tout simplement là ».

En travaillant sur le sujet, le Patron de la création dit avoir compris que le cancer est, en un sens, une expérience qui ne disparaît jamais tout à fait. Une ombre qui vous suit. Avec laquelle vous cohabitez chez vous, au travail, au fond de vous, et qui d’une certaine manière vous définit. Même une fois vaincu. « Dans ce film, nous avons utilisé le pouvoir de la narration, de l’émotionnel, pour créer cette empathie « , conclut-il. Les réalisateurs Martin de Thurah et Elena Petitti Di Roreto ont, en toute simplicité, donné vie aux tensions intérieures, aux pensées contradictoires, aux esprits occupés, aux émotions complexes qui traversent les êtres touchés par la maladie. Troublant d’intelligence humaine.

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