Mais hélas, après avoir vu et analysé des dizaines et des dizaines de campagnes envoyées, je n’ai pu m’empêcher de faire le constat suivant: tout était « clair », limpide, comme il faut. Les gens sont jeunes, beaux, blancs, minces (trop), en général (bien) mariés, avec des enfants et … hétéros bien sûr.
Je me suis dit que c’était le hasard et qu’ailleurs j’allais trouver des exemples montrant que la pub avait compris que notre société était en train de changer et que les différences raciales ou sexuelles faisaient partie de notre vie quotidienne. Alors j’ai feuilleté des magazines, des tas de magazines. J’ai regardé des spots, plein de spots…
Même punition: à quelques exceptions près, comme Evian, la BNP ou McDo, les marques n’osent toujours pas changer leurs modèles. Ou alors, elles font appel aux mêmes clichés éculés. Pourtant, la société française bouge autour de nous à vitesse grand V. Mais on a le sentiment que la com -et pas uniquement les publicitaires- ne prend pas vraiment le même train…
L’ironie des choses est que les délibérations avaient lieu dans un endroit magique et plein de symboles, mais trop inconnu encore du grand public : le Musée de l’histoire et de l’immigration, où Mercedes Erra, présidente du jury du Grand Prix et présidente exécutive d’Havas Worldwide, et farouche défenderesse de l’intégration est aussi présidente du Conseil d’administration. Un musée qui rappelle que nos « ancêtres n’étaient pas tous des Gaulois ». Ah bon ?
Isabelle Musnik