Un nouvel acteur innove sur le marché du shopping connecté et il est français. La start-up dijonnaise Sweepin lance ce mois-ci son application d’informations géolocalisées. INfluencia a voulu comprendre les enjeux pour les marques et les consommateurs.
Le marché de la publicité en ligne représente aujourd’hui l’unique segment du marché publicitaire à croître, avec 1,440 milliard net de chiffre d’affaires au premier semestre 2014. La part du digital dans les dépenses médias représentait l’an dernier 24 % du total. Les résultats publiés en juillet 2014 par le 12ème observatoire de l’e-pub SRI, réalisé par PwC en partenariat avec l’UDECAM, confirment que le web social aimante encore et toujours les annonceurs. Le constat consolide surtout le produit d’appel des applications de publicité mobile géolocalisée en temps réel comme Sweepin, testée à petite échelle sur Dijon en décembre et disponible gratuitement d’ici fin janvier 2015 sur iOs et Android.
A la croisée des chemins
« Sweepin se trouve donc au cœur d’une demande grandissante, à la fois de la part de l’utilisateur final, qui se sert de son smartphone pour rechercher une information localisée, et également de la part des marques, qui investissent de manière croissante dans la publicité mobile plutôt que sur d’autres médias », reconnaît la startup française. Lancée début 2014 par le Dijonnais Johan Jégard, l’application débarque en innovant sur le marché du shopping connecté : primo elle utilise en même temps trois technologies de géolocalisation et micro-géolocalisation, à savoir le beacon, le GPS et le NFC (pour la version Android) ; secundo elle étend son champ d’action au tourisme connecté. Sa tagline ? « Bénéficiez de bons plans et d’informations pratiques et utiles selon votre localisation en recevant communique l’info utile au bon endroit, au bon moment. »
Le commerce de proximité cherche à relancer son attractivité, face aux géants de l’e-commerce ? Sweepin propose aux marques la possibilité de communiquer avec leurs clients au moment où ils se trouvent près du point de vente, ou carrément à l’intérieur. « L’objectif est bien évidemment d’augmenter le trafic en magasin, de générer plus de chiffre d’affaires mais aussi d’améliorer la relation-client, via une démarche de fidélisation », avoue Johan Jégard dans le communiqué de presse. Il ajoute : « Dans le tourisme, Sweepin pourra se muer en véritable guide en offrant des supports visuels et textuels sur les lieux sans même que l’utilisateur ait à effectuer une quelconque recherche ». Tout un programme !
Cette ambition « made in » France méritait des explications approfondies. INfluencia a sollicité les précisions de Lise Gardavot, directrice de communication de Sweepin.
INfluencia : Sweepin est-elle une première en France et l’application possède-t-elle sa propre technologie unique ?
Lise Gardavot : de nombreuses applications utilisent aujourd’hui l’une ou l’autre des technologies sur lesquelles s’appuie Sweepin. Si la technologie beacon se développe fortement aux Etats-Unis, elle est néanmoins encore émergente en France et offre donc de belles perspectives de développement, même si quelques acteurs sont déjà présents sur ce marché. Selon Business Insider, le beacon constitue la plus importante technologie dans le détail depuis l’invention du terminal mobile de lecture de carte bancaire. D’ailleurs, dans un récent rapport sur le sujet, il table sur une croissance de 287% du nombre de balises installées d’ici à 2018, avec pour principaux utilisateurs, le commerce de détail. Nous avons bien évidemment l’ambition de nous positionner comme un acteur de premier plan dans son déploiement à grande échelle. La force de Sweepin, c’est surtout d’avoir développé une application qui associe les trois technologies de géolocalisation et micro-géolocalisation. Pour permettre à l’utilisateur de choisir les informations qu’il souhaite recevoir, Sweepin propose trois types de filtres : marques, catégories et Filtres express.
INfluencia : qu’est-ce qui caractérise Sweepin sur le marché de la pub géolocalisée et du marketing en temps réel ?
Lise Gardavot : pour les enseignes nous offrons la possibilité de communiquer avec la bonne personne, au bon moment et au bon endroit, soit un triptyque idéal ! Pourquoi ? D’une part, parce que, grâce à sa technologie Sweepin permet d’entrer en contact avec le prospect ou le client, alors qu’il se trouve à proximité du point de vente, voire même déjà à l’intérieur, ce qui peut aussi permettre au passage d’orienter son parcours en magasin.
D’autre part, parce que c’est l’utilisateur qui sélectionne le type d’informations qu’il souhaite recevoir. De ce fait, lorsqu’un client reçoit une promotion sur son smartphone, c’est qu’il se trouve sur place ou à proximité, et qu’en plus, l’information que l’enseigne lui communique s’inscrit dans ses centres d’intérêt. Sweepin a ainsi non seulement pour rôle, de permettre une augmentation de la fréquentation du point de vente mais aussi de favoriser l’augmentation de son chiffre d’affaires, en sollicitant la bonne personne, au bon moment, et au bon endroit C’est aussi dans cette optique que nous travaillons en collaboration avec l’équipe de recherche CheckSem du laboratoire Le2i de l’Université de Bourgogne, spécialiste des ontologies, qui s’est déjà illustrée dans le domaine de la recommandation d’informations et du big data. Les évolutions du moteur de recommandation élaboré devraient en effet nous permettre à terme d’affiner le lien entre l’offre proposée et le profil de l’utilisateur. La qualité de la communication en sera alors encore améliorée.
INfluencia : Sweepin est-elle un nouveau levier d’engagement publicitaire en temps réel pour les marques ou avant tout une appli de personnalisation pour les utilisateurs ?
Lise Gardavot : Sweepin se veut clairement un levier d’engagement publicitaire en temps réel pour les enseignes mais le service ne se limite pas à cette définition. Avoir une conversation personnalisée et en temps réel avec le client, c’est bien. Mais, n’est-il pas encore mieux d’avoir une conversation personnalisée en temps réel, avec un client, qui confirme être ouvert à cette conversation ?! Pour résumer, nous partons du principe que ce n’est pas parce que tel utilisateur a l’habitude d’acheter telle gamme de produits ou de fréquenter tel magasin, qu’aujourd’hui nous allons forcément le solliciter sur ces critères ou sur des critères proches. C’est justement là, que se trouve une des forces de Sweepin : l’utilisateur définit ses centres d’intérêt et peut les faire évoluer comme bon lui semble. Il ne sera alors sollicité que sur ceux qui sont activés à l’instant T. Pour synthétiser, nous pensons qu’un utilisateur sollicité en permanence est loin d’être un utilisateur conquis et que l’effet peut même s’avérer contre-productif.
INfluencia : peut-on dire que Sweepin représente ce que sera une partie de l’IOT à court terme ?
Lise Gardavot : de nombreuses innovations sont représentatives de ce que sera l’IOT à court terme, notamment dans le domaine de l’e-santé ou de la domotique, entre autres. Dans son domaine, Sweepin en est également représentative, d’une part en raison de la combinaison de technologies sur laquelle elle repose (Beacon, GPS, NFC), mais aussi de par sa conception même qui permet de mettre en relations des données utilisateurs avec des objets physiques et enfin, en raison de ses perspectives d’évolution à court terme, notamment sur le plan sémantique, avec l’amélioration de la recommandation d’informations via la compréhension des usages.
INfluencia : les villes sont-elles des partenaires potentiels incontournables pour l’aspect touristique d’une application qui est peut-être un outil de tourisme personnalisé et d’éveil avant tout ?
Lise Gardavot : effectivement, les villes, mais aussi les offices et comités de tourisme, sont des partenaires clés pour le développement de la partie touristique de l’application. Et nous avons d’ailleurs noué de nombreux contacts ces derniers mois avec ces différents acteurs. Pour l’anecdote, nous avons d’ores et déjà équipé l’office de tourisme de Dijon d’un beacon ! Aujourd’hui, une vingtaine de monuments historiques de la ville sont référencés et géolocalisés au sein de l’application. A terme, notre objectif est de permettre aux institutions culturelles et touristiques de créer de véritables parcours interactifs afin de faire de Sweepin un nouveau guide dans la ville. Nous avons également pour ambition d’offrir une nouvelle forme de tourisme aux utilisateurs. Plutôt que de chercher le lieu, c’est le lieu qui vient à lui et qui se raconte.
INfluencia : comment s’est passé le test de décembre à Dijon ? Vous avez des chiffres ?
Lise Gardavot : nous avons effectivement effectué des tests à très petite échelle et donc pas suffisamment significatifs en décembre. Il s’agissait surtout pour nous de vérifier le bon fonctionnement de l’application avant son déploiement à grande échelle. Dijon a été la ville pilote du déploiement de l’application et de ses technologies. Nous entamerons rapidement son développement sur le reste du territoire régional puis hexagonal, avec en ligne de mire, les villes à fort potentiel commercial et touristique. Pour mener à bien cette nouvelle phase de développement, Sweepin devrait procéder à une levée de fonds courant 2015. Elle sera effectuée en France, Nous avons déjà noué des contacts avec des investisseurs parisiens et ainsi que des business angels locaux.
INfluencia : savez-vous quand l’application sera finalement disponible sur iOs et Android ?
Lise Gardavot : elle sera disponible dans quelques jours sur l’AppStore. La version 1.0 a d’ores et déjà été validée par les équipes d’Apple mais nous lui avons apporté des améliorations, justement suite aux tests effectués. La version 1.1 est en attente de validation. Nous lancerons donc officiellement l’appli auprès du grand public dijonnais d’ici la fin de la semaine ou, au plus tard, au début de la semaine prochaine. La version Android sera, pour sa part, disponible d’ici fin janvier.
Découvrez Sweepin
A vous de jouer