Il y a trois mois, le Projet Soli faisait sensation au Google I/O. Alors que son premier kit pour développeurs est attendu d’ici à la fin de l’année, INfluencia s’interroge sur les possibilités marketing et communicationnelles de cette nouvelle technologie pour les marques.
Nom de code : Projet Soli. Et là, vous imaginez les méchants espions russes du SMERSH de Bons Baisers de Russie modernisés, par Hollywood, en patibulaires bodybuildés et suréquipés en gadgets high tech, tous aux trousses de Jason Bourne ? Détrompez-vous, ce titre de blockbuster n’est « que » la dernière trouvaille des équipes du Google ATAP. Son officialisation date de juin dernier en plein Google I/O, mais comme son premier kit pour développeurs doit être disponible d’ici à la fin de l’année, il est intéressant de se demander si cette science-fiction romanesque pourra changer la pub quand elle deviendra réalité de demain.
Revenons quand même sur le principe cardinal du Projet Soli, pour bien comprendre son possible impact : faire de nos mains et de nos doigts la seule interface utilisateur dont nous avons besoin. Comment y parvenir ? En créant une puce radar miniature de 9 mm de large capable de détecter nos mouvements en temps réel, déduisant la position des mains et des doigts dans l’espace avec une fréquence équivalente à 10 000 images par seconde. Du jamais vu. Vous fermez le poing, bougez le doigt de haut en bas, ouvrez votre paume ou croisez les doigts : chaque variation de mouvement influera sur le signal reçu.
« Pour tirer profit de ses mouvements dans une application ou un service quelconque, Google ATAP proposera des APIs directement connectées à l’impressionnant cerveau du Projet Soli, cerveau qui est évidemment capable d’apprendre de lui-même. Plutôt que de faire sans les mains, le Projet Soli leur donnerait tout usage », écrivait nos confrères d’Ubergizmo, le 7 juin 2015. Fini le fantasme désuet du contrôle des objets par la voix, la splendeur technologique sublimée par Marty McFly est has been.
Le corps humain est devenu un support d’engagement
Deux questions se posent donc pour actualiser l’innovation aux problématiques qui nous intéressent : Soli va-t-il se démocratiser et réussir à s’immiscer dans notre quotidien contrairement aux Google Glass, dont les utilisateurs étaient estimés à seulement 300 000 en 2014 ? Si sa technologie inédite devient un succès commercial, quels changements Soli peut-il induire dans les stratégies d’interaction et d’engagement des marques ? Les annonceurs qui parient sur le mobilier urbain seront ravis, par exemple, de pouvoir créer un contenu consommable sur un panneau d’affichage avec les seuls mouvements de leurs mains et de leurs doigts. Les possibilités sont tout aussi « fantasmatiques » pour les annonceurs des smart TV. Globalement, c’est toute l’industrie de la pub IoT qui pourrait tirer profit des atouts de Soli.
L’acte d’achat et les solutions de paiement inhérentes au corps humain s’approprient déjà de nouveaux territoires, et les nouvelles technologies ne vont pas ralentir le train ni empêcher l’imagination des inventeurs de déborder. Ainsi, payer notamment par le truchement du corps humain est une thématique qui taraude les start-up ou les marques soit pour gagner en fiabilité et efficacité soit pour faire bénéficier d’avantages, engager et gagner en capital sympathie. La semaine passée INfluencia s’intéressait au bracelet connecté de Nymi.
Enfilé dès le matin, il enregistre, d’une simple pression du doigt, le rythme cardiaque (signature unique au monde) de son propriétaire. Un système biométrique va ensuite permettre à son porteur de s’authentifier en permanence de façon très sécurisée et de réaliser toutes sortes d’opérations allant du paiement à l’ouverture de sa voiture ou de sa porte de chambre d’hôtel en passant par le déblocage de ces objets connectés, la mise en route de son ordinateur ou de sa télévision.
Dans un autre genre mais tout aussi révélateur des possibilités du corps humain comme levier d’interaction, le Untold Festival invitait à donner son sang en Roumanie pour payer son billet; Uniqul en Suède, qui propose de payer ses courses en grande surface en scannant son visage; et Secret Handshake, aux USA permet avec un simple geste de main de s’acquitter de son dû. Reste maintenant à attendre les premières utilisations de Soli en dehors des labos d’ATAP.