Le Figaro, France Inter, et bien d’autres se sont émus de la nouvelle. Certes la directrice marketing et communication du Robert s’est voulue rassurante et a précisé à l’AFP: « la fin du Grand Robert papier, au profit du seul numérique, n’est pas du tout actée et nous pourrions dans l’avenir le publier par exemple en version bi-média ». Il n’empêche, l’activité globale liée au numérique représente environ 20% du chiffre d’affaires de la maison. Et cette décision est bien dans l’air du temps. Quid a dit adieu au papier il y a déjà 5 ans, et l’année dernière c’était au tour de l’ Encyclopædia Universalis. Et il n’y a pas eu de retour. La révolution est en marche, et comme toute révolution elle fera des victimes.
Formidable bien sûr de pouvoir cliquer sur des liens hypertextes, d’aller rechercher l’info complémentaire, le visuel, le film… Mais quelle tristesse de ne plus tourner les pages d’un dictionnaire au hasard, de ne plus pouvoir tomber sur un mot qui nous fait rêver, de ne plus avoir cette relation quasi sensuelle avec un livre. Adieu les belles reliures de nos bibliothèques…
Notre civilisation de l’éphémère aura -t-elle raison définitivement du papyrus, du parchemin qui avaient résisté au temps ? Et quelle culture va t-il nous rester quand il n’y aura même plus de traces du cheminement de la pensée, des hésitations, des ratures, des premières versions ou esquisses de nos compositeurs, de nos écrivains ou de nos peintres ? C’est d’ailleurs l’une des questions que nous posons dans notre Revue N°7 consacrée à la Culture qui vient de paraître.
Isabelle Musnik