Dans le prolongement de la tendance des boutiques mono produit, un nouveau magazine print complètement hybride consacre 160 pages de son premier numéro à un seul aliment : l’oeuf.
Que voulez-vous le mono est à la mode. Dans les cités occidentales hipstérisées les boutiques mono produit premiumisent un bien commun par le design et le concept. Ou comment valoriser le banal lambda comme un produit de luxe en en faisant sa seule offre de vente. Le pire, c’est que cela marche. Preuve que le marketing visuel et décoratif fonctionne toujours aussi bien, voire même encore mieux qu’avant. Avec sa ligne éditoriale monopolisée par un seul aliment, la publication papier annuelle francophone Club Sandwich, s’inscrit dans le prolongement de cette tendance. Ce nouveau média print, soutenu par la région Île-de-France (aide aux projets exceptionnels de revues) cherche encore des financements sur Kiss Kiss Bank Bank.
Sorti courant avril après avoir couvert ses frais d’impression et d’envois en collectant plus de 4000 euros sur la plate-forme de financement participative, Club Sandwich s’intéresse à un aliment et à sa représentation dans la culture, la société et l’art en se proposant de le traiter sous des facettes variées et éclectiques. » A mi-chemin entre magazine et book, Club Sandwich n’est pas une encyclopédie mais une anthologie hybride entre information, art et création contemporaine « , expliquent les créateurs de ce magazine innovant dans la page de présentation du projet sur Kiss Kiss Bank Bank.
Imprimé à seulement 1000 exemplaires sur papier recyclé et dépourvu de la moindre pub, le premier numéro est consacré à l’œuf : 160 pages pour tout savoir sur l’egging, l’histoire de l’omelette, l’Association de Sauvegarde de l’Œuf Mayo ou encore le Curanderismo, ce rituel mexicain détournant le mauvais œil grâce aux œufs. Pourquoi un tel choix éditorial par l’équipe dirigeante, composée de diplômés en journalisme, sciences politiques, photographie, graphisme et en management culturel ? » Nous croyons en l’avenir du papier et voulons défendre ce support en proposant un projet éditorial et artistique au long cours de qualité « , répond indirectement le cercle fondateur.
« Un objet journalistique hybride mêlant textes et œuvres d’art avec un design soigné »
Sorti après plus d’un an et demi de travail, le nouveau venu, distribué par KD Presse, ne veut pas entendre parler de la mort du papier. Et il a bien raison. Conçu comme un mooc avec une volonté assumée de dépasser les frontières classiques du temps d’obsolescence du print, le magazine veut pouvoir être lu dans la durée et conservé après coup comme un objet de collection. » A l’heure du numérique, nous envisageons la presse papier comme un média au temps long, permettant aux articles de se développer dans le temps « , assurent ceux qui ont pensé et réalisé cet OVNI plaisant par son esthétisme et l’audace rigide de sa ligne éditoriale.
Auto-défini comme un » objet journalistique hybride mêlant textes et œuvres d’art avec un design soigné. Le contenu et le graphisme se répondent, communiquent « , Club Sandwich n’est donc ni un mag d’infos, ni un mag de cuisine. Dans ses pages, l’alimentation est traitée comme une culture à part entière, » interrogeant son implication et son impact dans l’histoire, la sociologie, l’art, la politique « . Pour ceux qui, à juste titre, peuvent se dire » mouais, enfin au final ils peuvent peindre la coquille avec toute une sémantique faussement intello, on parle juste d’un oeuf, hein « , nous vous encourageons à confronter votre opinion à la lecture de cette curiosité bienvenue dans le monde de la presse magazine papier. Il vous en coûtera 19 euros.