La France compte un nombre important de journaux régionaux quotidiens ou hebdomadaires. Médias de proximité, ils vont s’intéresser aux élections municipales. Plusieurs titres ont déjà publié des chartes à l’attention des candidats et partis. Comment ces derniers vont-ils parler aux électeurs à travers ces supports ? Décryptage.
Plus de 41 millions de Français lisent la presse régionale chaque mois. Telle la conclusion de l’étude 2018 de l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Medias. La PQR, par sa proximité a toujours été un outil de communication politique. En effet, contre toute attente, Jacques Chirac annonçait sa candidature à la Présidence de la République en novembre 1994, dans La Voix du Nord. Avant lui, François Mitterrand diffusait sa « Lettre à tous les Français » le 7 avril 1988, sous forme d’insertions publicitaires dans 23 titres de presse régionale.
Le pouvoir de la proximité
A cette époque, la défiance en direction des médias, des pouvoirs publics n’était pas si élevée qu’aujourd’hui. C’est pourquoi, la bonne image de la presse régionale auprès des Français va intéresser les candidats à l’approche des élections municipales des 15 et 22 mars 2020. Pourquoi ? D’une part, la contestation des appareils politiques par les Français est assez notable. D’autre part, ils ont une forte tendance à s’abstenir depuis les derniers scrutins. Cette situation pourrait placer les médias locaux au coeur d’une stratégie de reconquête des prétendants, pour gagner ici ou là, des hôtels de la ville, au printemps prochain. Dans un climat contestataire, 5 français sur 10 estiment que la presse régionale mérite leur confiance. Considéré comme la plus complète, la plus crédible mais aussi la plus utile, ces différents enseignements vont être intégrés de celles et ceux qui vont prétendre à la fonction de premier magistrat local. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, les 18-34 ans placent aussi une grande confiance dans les supports de proximité (63%).
Décryptage et neutralité
Si elle échappe au « média bashing » dont sont victimes ses confrères nationaux, la presse régionale a pris les devants à l’horizon des Municipales. Elle souhaite à la fois conserver la confiance de ses lecteurs et annonceurs, mais aussi préserver son indépendance. Ainsi, des groupes régionaux de presse quotidienne et hebdomadaire publient des chartes en direction de son lectorat. Ainsi, le groupe Centre France qui regroupent les titres La Montagne, L’Écho Républicain, Le Journal du Centre, Le Populaire du Centre, La République du Centre, Le Berry Républicain, L’Yonne Républicaine, L’Éveil de la Haute-Loire a choisi de rédiger, d’appliquer et de partager une charte de bonnes pratiques. Il a été guidé « par une volonté de transparence, d’exigence, d’équité […] et le souhait de donner la parole aux lecteurs, et toutes les clés de compréhension aux électeurs. »
Règles en période pré-électorale
L’initiative du groupe Centre France est d’autant plus louable que l’on peut laisser s’instiller dans l’esprit des lecteurs et des électeurs, qu’un journal de proximité peut revêtir, parfois, les attraits d’un bulletin municipal. Une confusion pourtant bien réelle parfois, dans la perception de quelques élus. C’est aussi ce qui explique pourquoi la presse locale fait preuve de prudence dans les derniers mois qui séparent des municipales. Aussi, en période électorale, les interviews demeurent possibles, dès lors qu’elles s’inscrivent dans le cadre de l’exercice normal des fonctions de maire. C’est-à-dire, selon la Loi n° 2017-1339 du 15 septembre 2017 pour la confiance dans la vie politique, qui rappelle quatre grands principes neutralité, antériorité, régularité, identité. Il pourrait aussi être tentant pour les maires sortants de faire de la publicité dans la presse régionale. Mais la même Loi interdit, 6 mois avant le scrutin la diffusion de tout message de propagande électorale sous la forme de supports publicitaires ou de publi-informations.
Les préoccupations des lecteurs/électeurs
La presse régionale ne constituera donc qu’un facteur d’influence politique limité pour ces Municipales. D’autant qu’à quelques exceptions près, la presse écrite locale d’opinion a perdu du terrain. Même si les éditos que l’on peut trouver dans certains supports nuancent ce constat. Il faudra plutôt se tourner du côté des panels de lecteurs qui sont régulièrement interrogés sur les attentes de leur futur Maire. Et en la matière, l’heure est au verdissement des programmes, à la sécurité et au développement des services de proximité mais aussi à la co-construction et à l’écoute. De quoi faire cogiter les rédactions comme les candidats. A voté !