10 février 2025

Temps de lecture : 4 min

« Près de 40% des jeunes Français ont abandonné les moteurs de recherche au profit de l’IA », Nicolas Marette (Custplace)

Plus ChatGPT avance, plus Google recule. Les marques qui veulent faire leur trou sur le web vont devoir modifier leurs stratégies d’acquisition pour séduire les consommateurs. Vous avez aimé le SEO ? Vous allez adorer le GEO…

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Google tremble… L’IA va croquer tes parts de marché. Bon, il ne faut pas exagérer non plus. Les dirigeants du géant de Mountain View peuvent toujours dormir sur leurs deux oreilles. 92% des recherches sur la Toile se font encore par l’intermédiaire de leur site mais les monopoles finissent tous par se craqueler un jour ou l’autre et on connait aujourd’hui le nom de son premier réel challenger : l’intelligence artificielle générative. Une étude tout juste publiée par Custplace, une plateforme SaaS de gestion des avis révèle que près de quatre jeunes français sur dix (38%) âgés de moins de 35 ans utilisent déjà l’IA pour consulter des avis clients sur internet.

89% des Français consultent des avis en ligne

Pour acheter un nouveau téléviseur, trouver un plombier, réserver un hôtel pour un weekend en amoureux ou découvrir le meilleur restaurant du quartier, 89% des internautes recherchent au moins une fois par semaine des avis de particuliers sur le web. Ce réflexe concerne toutes les tranches d’âge puisqu’il touche même 86% des plus de 51 ans, qui sont pourtant réputés être moins technophiles. Ces recherches concernent tous les actes de consommation, des plus quotidiens (choisir un film, un restaurant…) aux plus engageants (organiser des vacances, trouver un médecin) mais quel que soit le sujet, 76% à 78% des répondants, toutes tranches d’âge confondues, ont adopté le « réflexe avis » avant de se décider. Pour obtenir les réponses les plus objectives possibles, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à utiliser l’intelligence artificielle.

Une confiance aveugle dans l’IA

De fortes disparités toutefois existent d’une génération à l’autre en termes de plateformes utilisées pour effectuer ces recherches. Les moins de 35 ans sont déjà 38% à utiliser un outil d’IA générative, comme ChatGPT ou Perplexity, contre 25% de la moyenne des sondés. Ces« early adopters »semble faire totalement confiance à ces nouvelles plateformes car seulement 12%, quel que soit leur âge, vérifient ce que leur propose par l’IA. Cet enthousiasme s’explique. Les réponses apportées par cette nouvelle technologie leur semblent plus complètes que celles fournies par un moteur de recherche traditionnel (31%). Elles permettent en effet notamment d’obtenir des réponses visuelles, sous forme de vidéo ou d’itinéraire (21%). Cette opinion n’est pas dénuée de bon sens. « L’IA a tendance à utiliser plus de sources différentes que les moteurs de recherche pour formuler ses réponses, reconnaît Nicolas Marette, le fondateur de CustplaceConcernant les avis clients, Google se base uniquement sur les messages qui ont été postés sur sa plateforme mais il ne faut pas oublier qu’un Français sur deux ne possède pas de compte sur Google. L’IA va elle chercher des avis un peu partout. Ses sources sont donc plus nombreuses et ses réponses plus objectives. » Un seul détail, qui n’en est pas réellement un, doit néanmoins être souligné. « ChatGPT “oublie”, quasi systématiquement les avis Google dans ses recommandations, note Nicolas Marette. Cela n’a rien de très étonnant, puisque ChatGPT est largement financé par Microsoft, le concurrent frontal de Google. » Certes mais tout de même…

Une progression appelée à durer

La montée en puissance de l’IA pour la recherche d’avis devrait se poursuivre. 49% des sondés (et 46% des plus de 51 ans) prévoient ainsi d’utiliser plus souvent à l’avenir un outil basé sur l’IA générative pour guider leurs décisions de consommation. À peine 37% se déclarent, pour l’instant, résolus à utiliser uniquement des moteurs de recherche traditionnels dans le futur. « Ces évolutions vont sans doute encore s’accélérer dans les années à venir, souligne le patron de de Custplace. Aux Etats-Unis, 13 millions de personnes ont déjà adopté les outils d’IA générative pour effectuer leurs recherches d’avis clients, et ce chiffre devrait monter à 90 millions d’ici 2027, soit près d’un tiers de la population américaine. Le réflexe IA va probablement s’imposer de la même manière en France. »

S’adapter pour ne pas disparaître

Cette tendance va imposer aux marques de changer leur fusil d’épaule rapidement. « Les marques de développer une nouvelle stratégie de présence en ligne, confirme Nicolas Marette. “Plaire à Google” ne suffit plus, elles doivent désormais convaincre également les outils d’IA générative afin d’apparaître dans leurs résultats qu’elles proposent. En plus de leur SEO, elle vont devoir travailler leur GEO (Generative Engine Optimization), c’est-à-dire organiser leurs contenus et leurs informations de manière à être mis en avant par ChatGPT, Bing Copilot ou encore Perplexity. » Certes mais comment ?

Conseils à suivre

Les annonceurs vont, tout d’abord, devoir diversifier au maximum leurs sources d’avis. Les outils d’intelligence artificielle privilégient en effet les marques qui disposent de nombreux avis, récents et authentifiés. En clair, les avis dont la marque est propriétaire, mais aussi ceux provenant de sources fiables. Les avis Google, qui ne sont pas vérifiés, ne sont, eux, guère pris en compte par les IA. Autre impératif : mettre en avant ces avis sur une multiplicité de plateformes (sites de la marque, Mappy, réseaux sociaux, Apple Plans…) afin de les rendre visibles par les IA. « Mais attention, ces IA accordent également une importance déterminante à la cohérence entre toutes les informations transmises par les marques, complète Nicolas Marette. Tout ce qui concerne, par exemple, un point de vente (adresse, horaires, url, produits et services proposés…) doit être parfaitement harmonisé d’une plateforme à l’autre, et remis à jour régulièrement. Enfin, les IA valorisent aussi fortement le fait qu’une enseigne réponde à ses clients, et mette en avant ses réponses. » Ces conseils ne représentent toutefois pas une solution miracle pour s’assurer de figurer dans la réponse formulée par ChatGPT, Bing Copilot ou Perplexity.

Un épais brouillard 

« Personne ne sait précisément comment fonctionnent les outils d’IA, avoue le fondateur de Custplace. Mais on ne connaît pas non plus l’algorithme de Google. Pour le SEO comme pour le GEO, il faut avancer par tâtonnement. On passe notre temps à deviner. On lance une requête, on voit les résultats qui tombent et on tente de trouver une formule qui fonctionne. Cette méthode qu’on utilise depuis des années pour les moteurs de recherche sera aussi celle qu’on doit privilégier avec l’IA générative. »

Des outils complémentaires mais pour combien de temps encore ?

ChatGPT & Co ne risquent-ils pas de remplacer à terme les Google et autres Bing ? Nicolas Marette n’en est pas persuadé. « L’IA risque de prendre des parts de marché à Google, prévoit cet expert. Mais toute entreprise qui possède une part de marché de 92% peut s’attendre à un tel phénomène. Aujourd’hui, il existe une certaine complémentarité entre les différents outils disponibles en ligne. Les internautes demandent à ChatGPT de lui imaginer un itinéraire pour leurs prochaines vacances en Grèce mais ils vont toujours sur Google pour trouver et réserver leur vol. Cette situation peut toutefois rapidement changer. Chaque jour, de nouvelles avancées sont annoncées sur l’IA. Si un jour, un outil vous aidera à trouver les meilleurs prix, personne ne fera plus de recherche sur Google. Tout va si vite…».

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