Parce que le journalisme va mal et que la situation professionnelle genrée pèse aussi sur ce secteur, l’association Prenons la Une poursuit son offensive. Après l’organisation des premiers Etats Généraux des femmes journalistes #EGFJ du 13 avril 2019, elle présente officiellement un compte rendu intitulé cahier de doléances pour l’égalité dans les rédactions. Coup d’oeil sur le projet.
« Prenons la Une est une association professionnelle de femmes journalistes, montée sous forme de collectif en mars 2014 dans le but de lutter pour « une juste représentation des femmes dans les médias et l’égalité des femmes dans les rédactions ». Elle s’est transformée en association début 2018 pour venir en aide aux victimes de violences sexistes dans les médias ». Avec plus de 53% des pigistes femmes et seulement 34% de cheffes de services, sans parler des petits 19% de femmes à la tête des rédactions, il serait absurde de mettre en doute l’importance d’une telle mobilisation. Côté salaire, sans surprise, un écart moyen de 300 euros entre hommes et femmes, à poste équivalent. Enqûetes, développement d’outils, formations, soutien, débats : Prenons la Une rythme ses actions au fil des incessantes formes de discriminations qui gangrènent le territoire médiatique.
Dans une optique de mobilisation concrète des pouvoirs décisionnaires : à savoir les ministères de la Culture et des Droits des femmes, l’association développe une série de propositions avancées tout au long de la journée de débats qui a réuni 350 journalistes à la Cité des sciences et de l’Industrie à Paris. Au total, près de 100 incisives, proposées par l’ensemble des participants. Un appel au changement radical et collectif organisé en onze priorités :
1. Être mieux payées
2. Mobilité interne et évolutions de carrières
3. Journaliste femme en milieu masculin
4. Femmes pigistes
5. S’imposer et diriger une équipe
6. Racisme dans les rédactions
7. Discriminations contre les personnes lgbt+
8. Harcèlement sexiste et cyber-harcèlement
9. Nos corps dans les rédactions : âgisme, validisme et
grossophobie
10. Parentalité
11. Les écoles de journalisme
Pour introduire chacune de ces parties, un insight, raconté par une journaliste mais loin d’être un cas isolé. Pour la section Journaliste Femme en milieu Masculin, on lit ainsi : « Depuis mon premier contrat, on n’a cessé de me répéter : “Tu sais, des filles comme toi, on en trouve dix dans la rue.” Finalement, on m’a proposé un CDI parce qu’il y avait besoin de mettre une femme à l’antenne. Dans ma rédaction, toutes les femmes savent bien qu’elles sont payées trois fois moins que les hommes, à compétences égales, à âge égal… ». Ou plus bas, pour introduire la section Discrimination contre les personnes LGBT+ « Sur mon lieu de travail, un collègue m’a demandé : “Avec ta meuf, qui fait l’homme qui fait la femme” ? ».
Comme pour toute injonction sexiste, raciste, validité, agiste, et j’en passe, une redondance inacceptable, discriminante et à éradiquer. Pour ce faire, un déroulé d’actions à mettre en place et à appliquer d’urgence, pour le ministère, mais aussi pour les direction des rédactions, et entre journalistes solidaires. Un guide des bonnes pratiques complet, ludique, essentiel et efficace comme du travail pré-mâché pour des institutions patriarcales et cadres de pensée à franchement dépoussiérer.
Par ici, le cahier complet, à faire largement circuler