Pour parler aux électeurs américains, rien ne vaut le podcast
On y parle de tout, sauf de politique ou presque. Les podcasts sont devenus un des médias préférés de Kamala Harris et Donald Trump durant cette campagne présidentielle. Et pour cause. Avec leurs audiences stratosphériques et leurs animateurs très -trop ?- gentils qui ne connaissent rien à la politique, ces émissions permettent aux candidats d’éviter tous les sujets qui fâchent et de viser des cibles électorales très précises... Qui dit mieux ?
Certains l’appellent déjà la « podcast election ». Durant leur campagne électorale, Kamala Harris a participé à près de dix podcasts et Donald Trump à plus du double. Dans le passé, les candidats répondaient aux questions des journalistes de la presse écrite et croisaient le fer avec les présentateurs vedettes des principales chaînes de télévision. Un passage à l’émission 60 minutes sur CBS était un must regardé par des millions d’Américains. Cette année, seule la vice-présidente s’est pliée à cet exercice. L’ex-président républicain s’est contenté de critiquer l’éditing de l’interview de son opposante.
Des audiences énormes
L’importance prise par les podcasts est, tout d’abord, liée à l’importance de leurs audiences. Près de la moitié des Américains (47%) en écoute un une fois par mois, contre à peine 32% il y a cinq ans, selon le cabinet Edison Research. L’âge médian des auditeurs de ces émissions audios téléchargeables atteint 34 ans, contre 41 ans pour les internautes qui consultent des sites d’information et près de 60 ans pour les téléspectateurs des chaînes d’info en continu. Ce facteur est déterminant car 55% des électeurs âgés de 18 à 34 ans ne s’identifient pas avec les partis démocrates et républicains. 38% affirment même se considérer comme indépendants, si l’on en croît les conclusions de l’étude Infinite Dial publiée par Edison. Dans une campagne aussi serrée où chaque bulletin va compter, tenter de séduire ces indécis ainsi que les primo-votants et les votants occasionnels est donc primordial.
Le succès des podcasts enregistrés par les deux candidats est énorme. Quatre jours après sa mise en ligne, l’interview de Donald Trump, qui dure près de trois heures, dans « The Joe Rogan Experience », le programme le plus téléchargé au monde, a été visionné près de 40… millions de fois sur YouTube.Aucune interview télévisée de l’ex-locataire de la Maison Blanche cette année n’a généré ne serait-ce que le quart de cette audience. Durant ce très long entretien, le républicain a pu répéter ces théories complotistes sans être critiqué ni même questionné par l’acteur spécialiste des arts martiaux. La plupart des animateurs de podcast ont en effet la fâcheuse habitude de ne rien connaître à la politique. Leurs émissions s’approchent plus du divertissement que du journalisme ce qui n’est pas pour déplaire aux candidats qui préfèrent se retrouver en face de personnes prêtes à leur « servir la soupe » que d’experts critiques et bien préparés.
Des niches à séduire
Durant ces podcasts, les politiciens sont davantage interrogés sur leurs animaux de compagnie et sur leurs petits plats préférés plutôt que sur leur programme de lutte contre l’inflation ou sur leurs futures stratégies concernant les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine. Dans « This Past Weekend » de l’humoriste Theo Von, Donald Trump a longuement parlé de l’influence qu’avait eu sur lui le spectacle de l’alcoolisme de son frère aîné Fred. Kamala Harris a, quant à elle, évoqué son enfance et parlé des difficultés de la vie publique pour une femme au micro de « Call Her Daddy« . Animé par Alex Cooper qui a tout juste 29 ans, ce podcast dédié aux questions féminines est la seconde émission audio la plus écoutée sur Spotify derrière celle de Joe Rogan. Avec cette interview, Kamala Harris visait clairement à séduire l’électorat féminin. En répondant aux questions des deux anciens basketteurs Matt Barnes et Stephen Jackson sur « All That Smoke » et en parlant de la légalisation du cannabis et de son identité raciale, la démocrate cherchait davantage à convaincre les jeunes noirs en âge de voter. La présidentielle du 5 novembre montrera, en partie, si cette stratégie a porté ses fruits ou non.
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