Et si vous laissiez de côté les réseaux sociaux avant d’aller voter ? Les plateformes en ligne, et plus particulièrement Twitter, sont supposées être des lieux d’échanges sur lesquels les internautes peuvent partager leurs opinions et débattre en toute liberté des sujets qui les préoccupent. Plusieurs études montrent qu’elles sont, en réalité, des outils de propagande utilisés à l’approche des élections par les partis politiques, les plus extrêmes étant les plus actifs sur la Toile.
Donald Trump est un « exemple » en la matière. Avant de voir son compte définitivement suspendu, l’ancien président des Etats-Unis a tweeté à 26.237 reprises entre le mois de février 2017 et le 8 janvier 2021, le jour où l’oiseau bleu l’a éjecté de son nid, selon le site The Trump Archive. Si 4390 de ses messages parlaient des démocrates et 2430 de la Russie, Donald Trump, qui a cité son propre nom 2007 fois, n’a jamais parlé d’énergie verte et il a évoqué à une seule et unique reprise le salaire minimum.
En France, le Kremlin a tenté d’interférer dans la présidentielle de 2017, comme le rappelait dans un entretien sur France Culture, le mathématicien David Chavalarias
Le Kremlin est partout
En France, le Kremlin a tenté d’interférer dans la présidentielle de 2017, comme le rappelait dans un entretien sur France Culture, David Chavalarias, un mathématicien du CNRS qui a lancé en 2016 le Politiscope, un projet dédié à l’analyse des réseaux sociaux et du militantisme politique en ligne. La campagne actuelle montre à quel point les différents partis en lice utilisent les réseaux pour communiquer leurs messages au plus grand nombre, quitte à manipuler sans vergogne les électeurs. Les méthodes pour tromper les internautes sont nombreuses.
Tous les moyens sont bons
La plus simple est de créer de faux comptes pour y diffuser des informations orientées voire tout à fait erronées. Certains vont même jusqu’à mettre en ligne des sites Internet bidon. A l’approche du vote, la diffusion de documents plus ou moins compromettantspeut avoir un impact sur les intentions de vote. L’affaire McKinsey pourrait, une nouvelle fois le prouver. La révélation, le 17 mars, par le Sénat de la forte hausse des contrats de l’exécutif avec des consultants privés depuis 2018 a en effet été fortement utilisée par les opposants du camp Macron. Sur les tous les tweets mentionnant ce sujet entre le 1er février et le 27 mars, 72.000 comptes criaient au scandale alors qu’à peine 1200 défendaient le gouvernement.
Twitter est LA plateforme que laquelle le plus de points de vue négatifs sont diffusés
Plus on est de fous…
Une autre stratégie pour manipuler les internautes est plus compliquée à mettre en place car elle implique de nombreux « tricheurs ». En postant de manière synchronisée des messages semblables sur les réseaux, il est possible de « monter » dans les tendances et d’apparaître en tête de liste des sujets du moment sur Twitter, Google ou bien Facebook. Des robots peuvent aussi être utilisés pour faire cette tâche automatiquement. Même si les candidats à la présidentielle affirment ne pas utiliser cette technique, certaines constatations laissent perplexes. « Dans la communauté d’Éric Zemmour, tout comme dans celle des Patriotes, il y a des comptes qui, tout à coup, font 600 tweets le même jour sur le même sujet », expliquait à France Inter, David Chavalarias.
Le sevrage numérique est un acte citoyen à ne pas négliger…
Twitter, le réseau de tous les excès
Twitter est LA plateforme que laquelle le plus de points de vue négatifs sont diffusés. Sur les 11,6 millions de messages captés entre le 3 et le 21 mars 53,6% des tweets qui parlaient de politique avaient une tonalité négative, 31,5 % étaient neutres et seulement 14,7 % étaient positifs, d’après une étude réalisée par Le Monde en partenariat avec la société de veille du Web Linkfluence et des mathématiciens de Linkage, un projet d’analyse des réseaux par le biais de l’intelligence artificielle. En 2012, à peine 31% des tweets politique étaient négatifs. Ce chiffre a grimpé de dix points en 2017 pour dépasser le cap symbolique des 50% aujourd’hui. Les sujets qui intéressent le plus les Français actuellement selon une enquête de l’institut Ipsos-Sopra Steria (pouvoir d’achat (53%), guerre en Ukraine (44%), environnement (26%), immigration (22 %), système de santé (22 %), retraites (18 %), inégalités sociales (17 %)et délinquance (16 %)) ne sont mentionnés que dans 19% des Tweets politiques. Cette plateforme est celle où les internautes, et plus particulièrement les citadins CSP+ de moins de 30 ans qui sont surreprésentés sur ce réseau, déversent leur fiel contre les candidats. Alors pour ne pas vous faire manipuler avant de vous rendre dans l’isoloir, éviter de surfer sur les « social networks ». Le sevrage numérique est un acte citoyen à ne pas négliger…