INfluencia : Comment est née l’idée de ce Podcasthon ?
Yves Delnatte : Avec mon associé, Jérémie Mani, nous venions en 2021 de vendre chacun notre entreprise et nous souhaitions faire des dons à des associations. Nous vivions alors à Montréal et nous avons réalisé qu’il n’existait pas de plateforme sur laquelle nous pouvions découvrir les acteurs de la générosité ainsi que leurs modes de fonctionnement et la manière dont ils dépensaient leur argent. Nous avons alors eu l’idée de créer le premier réseau social de l’altruisme. Altruwe est une association qui cherche à promouvoir l’engagement associatif. Elle réunit aujourd’hui 35.000 personnes et répertorie 15.000 initiatives inspirantes. Suite à ce projet, nous avons décidé de fonder un événement semblable au Téléthon afin d’aider les associations à se mettre en avant. Notre concept est d’uberiser les podcasts existants afin de mettre en contact les podcasters et les associations. Au fil du temps, nous sommes devenus, sans le vouloir, le Tinder de la générosité cas nous matchons les podcasters et les associations.
IN. : Votre Podcasthon se développe année après année…
Y. D. : En effet. La première édition que nous avons organisée en deux mois à peine, s’est tenue en 2023. Elle a mobilisé 370 podcasters et rassemblé 80.000 euros de collecte. L’année dernière, nous nous sommes ouverts à la francophonie et nous avons réuni 450 podcasters et reçu 400.000 euros de promesses de dons. Pour cette troisième édition, nous avons décidé de nous ouvrir au reste du monde et les réponses que nous avons reçues ont été très nombreuses.
IN. : Pouvez-vous nous en dire plus ?
Y. D. : Nous avons déjà dépassé le cap des 1500 podcasters en provenance de 45 pays. 540 sont basés aux Etats-Unis, 500 sont français et les autres nations les plus représentées sont le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie. Parmi les 1000 associations déjà inscrites, on retrouve les Petits Frères des Pauvres, La Maison des Femmes, Sport dans la Ville, Entourage, La Fresque du climat, Diversidays, Coucou Nous Voilou, PSE, Perce Neige, Oxfam, Les Petites Cantines, Surfrider, les Sauveteurs en Mer, Fondation pour la Recherche sur le Cerveau, Zero Waste, Food For Kids, Paddle contre Parkinson et Action Sénégal. Ces chiffres pourraient encore évoluer car il reste encore plus de trois semaines avant le coup d’envoi du Podcasthon qui va se tenir du 15 au 21 mars.
IN. : Comment financez-vous cet événement ?
Y. D. : Nous avons avec Jérémie autofinancé les trois premières éditions à hauteur de 450.000 euros. Nous avons aussi réuni 80.000 euros de parrainage mais nous cherchons toujours un partenaire principal pour continuer à développer le Podcasthon car nous ne pouvons pas le financer à perte continuellement. Aujourd’hui, nous sommes à peine huit pour organiser cet événement. Certains sont à temps plein, d’autres à temps partiel. Des bénévoles nous aident aussi mais nous avons besoin de trouver un partenaire qui nous donne environ 100.000 euros par an.
IN. : Quels sont vos objectifs pour cette année ?
Y. D. : L’an dernier, les podcasts diffusés durant le Podcasthon ont été écoutés pendant un million d’heures. Nous espérons tripler ou quadrupler ce chiffre. Concernant les dons, nous voudrions au moins doubler la somme collectée l’an dernier.
IN. : Les podcasts connaissent une progression impressionnante depuis quelques années. Cet essor est-il appelé à perdurer dans les années à venir ?
Y. D. : Très peu de podcasters parviennent aujourd’hui à gagner leur vie avec leurs seuls podcasts. Je pense que le nombre de podcasters va encore continuer de croître pendant environ deux ans mais ce marché va finir par se calmer et se professionnaliser. Les audiences vont se concentrer autour des leaders les plus écoutés qui vont peu à peu rejoindre des labels thématiques. Cela commence déjà à se produire. Medshake Studio regroupe, à lui seul, plus de 500 podcasts axés autour de la santé.