Une plateforme innovante et coordonnée qui permettrait aux journalistes en danger de protéger leurs informations et de publier coûte que coûte leurs enquêtes ? C’est la promesse de Forbidden Stories, tout juste lancée et déjà primée. Quand liberté de la presse rime avec nouvelles technologies.
Depuis maintenant deux ou trois ans, vous connaissez la ritournelle sur le bout des doigts : « en ces temps de fake news, désinformation et censure (pas si) déguisées, notre liberté d’expression est en danger… ». Pas besoin d’épiloguer. Mais bien plus que des punchlines balancées dans les médias par l’ensemble de notre classe politique, ces mots ont un sens et des causes bien souvent tragiques. 172 journalistes emprisonnés à ce jour et 25 autres tués rien que depuis le début de l’année 2018, selon le Baromètre des violations de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières. Soit 197 coups portés à notre conception de la liberté d’être, d’agir et d’interagir en société.
Un pour tous, tous pour un : « les histoires restent vivantes »
Face à un tel constat, des voix se sont élevées. Comme celle de Laurent Richard, notamment, qui a fondé en novembre dernier l’association Freedom Voices Network. Un projet collaboratif à but non lucratif qui montre la voie pour préserver les voix qui veulent dire l’information : composé d’un collectif de journalistes de renommée internationale, il garantit aux journalistes en danger de mort ou de menace d’emprisonnement de continuer leurs enquêtes afin de les diffuser.
Pour aller encore plus loin dans la promesse et lui conférer toute la visibilité qu’elle mérite, J. Walter Thompson Paris a collaboré avec l’association -qui garantit neutralité et intégrité- sur une solution inédite : Forbidden Stories. Une plateforme innovante, conçue comme un moyen de communication interne et externe, permettant aux journalistes en danger de sécuriser leurs données et de les partager avec d’autres confrères plus libres d’exercer et surtout garants de la circulation de l’information coûte que coûte.
La première Forbidden Story appelée « Daphne Project » reprend les enquêtes de Daphne Caruana Galizia. Une journaliste maltaise assassinée dans une attaque à la bombe en octobre 2017. Ses investigations furent poursuivies et complétées par 45 journalistes de 18 organes de presse internationaux provenant de 15 pays différents, pendant 6 mois. Leur travail révéla au monde entier d’importantes actions de corruption, de népotisme, et de clientélisme à Malte. Comme on peut le lire sur leur site internet : « en terminant le travail interrompu de nos confrères, nous envoyons un vrai message aux ennemis de la presse : meme si vous réussissez à stopper l’un d’entre nous, vous n’arriverez pas à stopper le message ». Et en effet, au lieu d’être étouffée comme les meurtriers de la journaliste maltaise l’espéraient, l’affaire dûment traitée et publiée a vite pris toute son ampleur, faisant la Une de plus de 120 médias à travers le monde pendant des semaines. Touchant potentiellement 153 millions de personnes, adressant un message sans équivoque aux oppresseurs de tous horizons, et assurant au grand public, comme un goût de justice toujours nécessaire.
Un travail associatif reconnu
En mars dernier, le projet a reçu le « Grand Prix du Journalisme de l’année » remis par journalisme.com. Une récompense qui distingue le journaliste et/ou la rédaction qui ont le mieux incarné la pratique du journalisme et ses valeurs lors de l’année écoulée. Un thème récemment abordé dans nos colonnes avec le média atypique, Les Haut-Parleurs : une agence presse qui permet à une centaine de journalistes basés dans 25 pays de diffuser leurs reportages sur de nombreux supports. Deux projets actifs signifiant que le salut et la transformation de la profession se trouvent peut-être bien aussi dans les nouveaux usages et les technologies de l’information et de la communication.