INfluencia : La Belle Vie a été lancé en 2015, un service de livraisons de courses en ligne qui a été proposé par un certain nombre d’acteurs qui ont, pour beaucoup, disparu depuis. Comment avez-vous réussi là où les autres se sont cassés les dents?
Paul Lê : Il y a deux choses, parmi tant d’autres. D’abord, nous sommes deux entrepreneurs, avec Alban Wincop, mon associé et co-CEO. On est ce qu’on appelle très « skill in the game ». On a été extrêmement focus sur notre secteur, notre segment et notre géographie en essayant de bien maitriser tous les aspects logistique de notre business. On voulait devenir les plus gros experts de ce domaine-là avant de scaler. Là où beaucoup d’autres se sont très vite lancés dans plus d’une centaine de villes en France et en Europe par exemple. Hors, quand on perd de l’argent, même un peu, sur 100 points de vente, ça ne pardonne pas.
IN.: En 2015, l’idée que vous aviez était de venir disrupter l’offre existante de livraison à domicile en Ile-de-France et à Paris ?
PL. : Dans le monde, ça c’est l’idée initiale ! On y arrivera peut-être un jour, mais l’idée c’était évidemment de proposer un nouveau service plus qualitatif sur la livraison de courses à domicile. Avec une offre de produits frais plus large : fruits et légumes, crèmerie, boucherie, poissonnerie… beaucoup plus large que l’offre existante sur les plateformes de livraison de courses. Et aussi rapidement qu’on en avait l’habitude en tant qu’urbain, c’est-à-dire le jour même, et pas en attendant 48 voire 72 heures ce qui était encore la norme, en bloquant des créneaux de 2 à 4 heures.
IN. : Vous vendez de la livraison, qu’est-ce que les Français sont prêts à payer pour cela, quelles sont leurs attentes?
PL.: Les Français sont toujours réticents à payer la livraison, ça fait 20 ans qu’on le voit en e-commerce. Donc on est parti de là, la livraison est gratuite sur La belle vie, à condition d’être prêt à attendre. Si le client veut-être livré plus rapidement, alors on lui propose de payer (3,80€).
IN. : Aujourd’hui votre promesse c’est de livrer les courses, parmi 30 000 références, en une heure à un parisien, en 3 à 4 heures en Ile-de-France. On a vu dans les années passées des promesses encore plus courtes, des offres de livraison en 15 minutes, comment avez-vous ajusté cette offre?
PL.: On a toujours ajusté nos business en fonction de plusieurs critères. Déjà les cohortes, donc la filiation des clients, le comportement du panier moyen. On a été très data-driven depuis le début. Ensuite évidemment l’équation économique, il y a des choses qui nous paraissaient insurmontables. Typiquement la livraison très rapide, en moins de 30 minutes, oblige à avoir un maillage logistique très fort dans la ville, donc des baux commerciaux un peu partout et de les saturer pour qu’ils ne perdent pas d’argent. Et ça, c’est extrêmement compliqué. On s’est donc concentré sur quelques points stratégiques avant d’en ouvrir d’autres.
IN. : Comment avez-vous construit votre offre et comment est-ce que, petit à petit justement, vous êtes venu l’enrichir ?
PL.: L’offre est faite de manière assez rationnelle et pragmatique. On s’est mis à la place d’un client qui pousse un caddie. On a voulu être le plus exhaustif possible pour fournir une vraie liberté de choix à nos clients. On sait que ce qu’ils aiment : la qualité et le choix, pour avoir une seule livraison et éviter de passer par plusieurs prestataires. On est aussi sorti de l’alimentaire pour proposer du petit électroménager, une cafetière, un grille-pain, un balai, etc. On pourrait livrer d’autres types de produits mais dans un entrepôt, entre le frais et le moins frais, c’est extrêmement compliqué à gérer. On le fait à notre manière aujourd’hui, avec nos techno et nos algorithmes, nos logiciels maison, et on en est extrêmement fiers.
IN.: Il y a quelques mois, vous avez racheté Frichti et son stock. Quel est le projet ?
PL : Le projet était simple, c’était une continuité de la marque Frichti, l’offre Frichti. Donc on a gardé ses trois verticales que sont le consumer, la livraison de plats et de courses. On a aussi gardé la cantine 2.0, donc la livraison B2B, et l’offre cafétéria, mais on a réadapté la logistique pour que cela soit plus vite rentable. On a réussi à sauvegarder 163 emplois et une belle marque que les parisiens et les Français aiment beaucoup !
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