6 mai 2013

Temps de lecture : 4 min

ooVoo : le chat vidéo devient une expérience… pour les marques

Si aujourd’hui les marques doivent vendre un concept plus qu’un produit, elles sont également contraintes de faire de chaque achat une expérience pour séduire et cibler les consommateurs. « C’est notre marché principal » explique en exclusivité à INfluencia Jay Samit, CEO de ooVoo, nouveau parangon de la messagerie instantanée communautaire.

Pour un concurrent de Skype et iChat, interpeller ses consommateurs en leur demandant « comment-vous sentez-vous grâce à nous », résume parfaitement une approche expérientielle muée en produit d’appel audacieux. Un an après l’arrivée à sa tête de Jay Samit – pionnier digital de l’industrie du cinéma et de la musique, passé par Universal, EMI et ancien vice-président de Sony – ooVoo vient de célébrer ses 75 millions d’utilisateurs – dont 13% sont Européens et 89 000 Français.

Désireux de fêter le passage de ce seuil symbolique avec sa première campagne globale, ce logiciel de messagerie instantanée, d’appels vidéo et téléphoniques, de visioconférences et de vidéo-chats s’offre une opération marketing unique : distribuer gratuitement à ses utilisateurs jusqu’à 75 millions de dollars (57 millions d’euros) de téléphones Android. Malheureusement, l’offre n’est valable que pour les résidents aux Etats-Unis.

Après avoir « changé le poker en ligne sur 888 Poker, en permettant aux joueurs de voir le visage de leurs adversaires », dixit Jay Samit, ooVoo entend bien devenir la référence des communications vidéo gratuites et communautaires. Utilisée par le Congrès des Etats-Unis pour communiquer avec le Pentagone, elle est devenue la 7e application sociale dans le monde, enregistrant 70 nouveaux membres par minute. Permettant des vidéoconférences de 12 personnes, le service dispose de sa propre technologie, dont il peut vendre la licence s’il le veut. Mais c’est bien dans la publicité digitale ultra ciblée qu’ooVoo fonde ses ambitions technologiques et commerciales.

Dans l’ambiance feutrée du bar d’un grand hôtel de Los Angeles, en parallèle du Mobile Media Summit, INfluencia a rencontré Jay Samit, pape avant-gardiste et hollywoodien des médias sociaux, à qui le président Bill Clinton a confié la responsabilité il y a presque vingt ans d’introduire Internet dans les écoles américaines.  « Depuis un an je vois l’impact que nous avons et à quel point les médias sociaux changent aussi les gouvernements »,  confie-t-il. Les enjeux de ce marché appelé à attirer les annonceurs ne manquent pas, en effet. Entretien exclusif.

INfluencia : Dans votre slogan, vous faites de la perception le cœur de votre attractivité, comme si une conversation vidéo était pour chaque utilisateur une expérience de vie à part entière. Cette conception constitue-t-elle votre produit d’appel ?

Jay Samit : La génération Millenium a grandi avec le choix de ses communications, écrites ou vocales. La demande première reste le texte mais quand il s’agit d’un échange intime, la vidéo devient clairement la préférence. Elle rend notre vie plus forte, plus authentique et plus amusante. Une réunion amicale ou familiale dans une chambre d’hôpital, avec la vidéo c’est deux fois plus fort : tout le monde est là, se voit et parle les uns avec les autres. Le monde devient de plus en plus petit, en temps réel on peut sentir et voir n’importe qui et n’importe où. C’est ce que propose ooVoo car au final, on veut tous aimer, être aimé, et faire de ce monde un endroit meilleur.

INfluencia : Mais pour le consommateur, qu’est-ce qui vous différencie de Skype, iChat et du vidéo chat de Facebook ?

Jay Samit : A la différence de Skype, nous ne sommes pas en pier to pier et donc nous pouvons conserver toutes les conversations dans un cloud. Mon fils m’a annoncé qu’il allait se marier lors d’un appel ooVoo, et je sais que dans cinq ou dix ans je serai heureux de revoir cette conversation. ooVoo utilise aussi 60% de batterie en moins que les autres logiciels et avec une qualité vidéo similaire voire meilleure. Notre utilisation moyenne mensuelle est de 200 minutes, ce qui pour un tel outil est énorme. Ce n’est pas un hasard si huit utilisateurs de Skype sur dix passent chez nous après nous avoir essayé (information par ailleurs invérifiable, ndlr).

INfluencia : Votre modèle économique est très largement basé sur la publicité. Dans la grande majorité des 120 pays où ooVoo est utilisé, la pub se déplace sur les supports mobiles et les réseaux sociaux. Elle se personnalise. Cette tendance, vous en jouez pour la conforter ?

Jay Samit : Le marché de la publicité aux Etats-Unis se concentre désormais beaucoup plus sur le branding et l’expérience que sur l’achat. Pour preuve, 130 milliards de dollars y ont été dépensés en 2012. ooVoo propose des effets vidéos qui rendent l’expérience de la conversation plus ludique, comme on a pu le constater lors de notre campagne pour Halloween. Nous voulons surprendre et innover. En permettant à l’annonceur de s’adresser vraiment à son marché, on propose plus de pubs efficaces et ciblées. Cela fait trente ans que je vois des spots pour des tampons à la TV, mais je n’en ai jamais acheté.

En plus d’avoir de la pub en fond lors d’une conversation, nous offrons aussi la possibilité de rejoindre une discussion avec une célébrité, comme ce fut le cas avec Denzel Washington et Hugh Jackman pendant les Oscars. Bientôt, nous allons proposer l’achat des produits digitaux, comme par exemple un filtre de lumière pour rendre le chat plus sympa. C’est aussi une façon pour une marque de toucher le consommateur.

INfluencia : En servant de plate-forme d’échange entre le Congrès et le Pentagone, ooVoo n’a-t-il pas déjà dépassé son champ originel ?

Jay Samit : Dans ma carrière, j’ai déjà lancé des technologies Web qui ont surpassé leur domaine initial et ooVoo commence déjà en effet à dépasser son cadre de départ. Par exemple, la société Heidrick & Struggles réalise tous ses entretiens d’embauche avec ooVoo, qui sert également à d’autres entreprises comme outil de service après vente. C’est un puits sans fond.

Benjamin Adler / @BenjaminAdlerLA

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