Au début de la crise, les tendanceurs racontaient que toucher le fond, c’est rebondir ; que rebondir, c’est décoller ; que décoller, c’est l’envol. Et que l’envol, c’est la légèreté, donc la plume, le nuage, etc. Caricatural peut-être mais probablement juste. Chaque chute est suivie d’une remontée.
S’ENVOLER SUR SON NUAGE.
Selon eux, le monde de demain serait donc fait de choses aériennes, légères et volatiles. Il semblerait que quelques années après leur prédiction, certaines innovations leur donnent raison. Car dans un monde où l’esprit de pesanteur est devenu la norme, où les catastrophes s’enchaînent à la une des journaux, chacun se réfugie dans sa une bulle de légèreté.
Au-delà du cocon, il s’agit de créer un univers qui permette de supporter un quotidien dont on nous annonce qu’il est devenu plus dur que celui des générations précédentes. Plus la crise se creuse, plus la volonté d’envol sur son nuage se dessine clairement, comme le montre le buzz autour de ces Flying Babys de Rachel Hulin, si poétiques.
Crédit photo : Rachel Heulin
INSPIRER UNE TARTELETTE A LA FRAMBOISE.
L’industrie du textile est évidemment concernée par cette tendance à la légèreté. Elle s’exprime à travers le choix des tissus, des formats mais également à travers des inventions pratiques comme le T-shirt en spray à vaporiser directement sur sa peau. L’alimentaire fait également sienne la légèreté et – bien loin du light – on voit naître dans les cuisines de l’Alinéa à Chicago, un dessert- ballon d’hélium en sucre. Au LabStore de Paris – ce lieu hybride où se retrouvent designers, artistes et scientifiques, est actuellement exposé le Whaf, un générateur de nuage culinaire.
Cet objet concept transforme n’importe quel délire gastronomique en un gaz de saveur à aspirer avec une paille. « 100% plaisir, 0% calories » vante la démonstratrice qui officie au sous-sol et qui le fait essayer en ce moment dans sa version tartelette à la framboise. Jamais pâtisserie n’aura été aussi légère.
LE NUAGE MIEUX QUE LE PETROLE.
Demain, la volonté de légèreté pourrait s’incarner jusque dans des évolutions technico-énergétiques. L’air est déjà valorisé par les éoliennes mais voilà qu’on pourrait bientôt aussi transformer celui que nous expirons en énergie pour recharger un téléphone portable. AIRE Mask est un prototype créé par le jeune designer brésilien Joao Paulo Lammoglia. Son principe : utiliser la force d’une expiration pour recharger des appareils électroniques mobiles.
L’idéal est évidemment de s’en servir dans un moment où l’on reste en place : en dormant par exemple. La légèreté s’incarne également dans le design des objets : il existe désormais des lampes dont l’abat-jour lévite dans les airs, ou des appliques murales qui miment des ballons…
Il y aura l’âge des choses légères, disait le visionnaire Thierry Kazazian.
Alexis Botaya
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