Les contenus de magazines, de films, de livres, musiques et sites web, sont le reflet des valeurs qui influencent les modes de vie au quotidien. Or selon les psychosociologues, les valeurs sont les principes majeurs qui guident la vie de l’individu. En période de crise et d’incertitude, analyser celles qui motiveront les comportements de demain est un outil puissant pour anticiper les évolutions à venir. Soon Soon Soon révèle en exclu les résultats du premier baromètre des valeurs émergentes, le Soonoscope.
TENDANCE 1 : LA COMMUNAUTE ET LA FAMILLE PLUS FORTES QUE JAMAIS
Un des Real Life Superheroes photographié par Pierre Elie de Pibrac
Le baromètre du 1er trimestre 2012 révèle sans surprise les aspirations à une société plus civique et plus juste : nous sommes en plein cœur de la crise, les valeurs du moment reflètent donc un besoin de solidarité et de justice, c’est entendu. Ces valeurs s’expriment à travers l’engouement pour le micro-crédit ou pour des actions civiques de proximité comme en témoignent les Real Life Super Heroes.
Les Real Life Super Heroes font partie d’un mouvement rassemblant des centaines d’activistes aux Etats-Unis qui, habillés en superman ou tortue ninja, récoltent des bons pour des associations caritatives, participent au nettoyage des espaces publics ou rendent visite aux sans abris.
Ce besoin de solidarité s’associe à une forme de nostalgie pour une époque (fantasmée ?) où les logiques individuelles étaient moins puissantes que les logiques collectives. Selon Luc Balleroy, le Directeur Général de l’institut Opinion Way interviewé pour le Soonoscope, «la fragmentation de la cellule familiale, associée aux logiques d’individuation promues par la société de consommation, a fait naître un besoin fort de ré-alliance». On s’attend donc à une affirmation du retour de la cellule familiale, et à celui des communautés.
Crédit photo : Pierre-Elie de Pibrac
TENDANCE 2 : DIEU, VERSION CUSTOMISEE
Follow Jesus Christ on FaceBook…
De façon plus inattendue, les valeurs liées à la spiritualité sont très présentes sur le baromètre: retour à l’essentiel, unité avec la nature, détachement, sens, etc. Elles s’expriment plus fortement que n’importe quelle autre et correspondent aux valeurs du développement durable. C’est aussi la manifestation d’un désir de sagesse dont on a vu l’expression au cinéma avec le succès du film «Des hommes et des Dieux» et que l’on retrouve dans de nombreux signaux faibles du moment : engouement pour la méditation, explosion du nombre de cours de yoga, etc.
Mais ce retour du fait spirituel a quelque chose de très spécial : il s’agit d’une spiritualité laïque, adaptable et « customisable ». Dans une interview accordée au magazine Clés en Février 2012 sur le sujet, le sociologue Frédéric Lenoir affirmait ainsi «qu’on extrait les éléments pratiques en laissant les aspects théologiques de côté». La spiritualité bricolée pour donner du sens aux actions du quotidien et se retrouver.
Crédit : TDR
TENDANCE 4 : BLING BLING IS (NOT) DEAD
La bouteille phosphorescente de Dom Perignon
Vivre c’est faire des choix et choisir, c’est trancher entre des valeurs parfois conflictuelles. On note sur le baromètre que la montée en puissance de la quête de sens vient contrer des valeurs individualistes très marquées 90s’ : réussite personnelle, ambition, succès, etc. Ces dernières apparaissent de façon moins significative que les premières. On semble donc entrer dans une dynamique collective où la solidarité sera fondamentale sur le long terme.
On trouve également sur le baromètre les valeurs du bling-bling, valeurs qui s’opposent également à celles de justice et de générosité. S’il est vrai qu’elles s’expriment là aussi moins fortement que les aspirations à la spiritualité et à la solidarité, elles restent fortes néanmoins : à moyen terme, le bling-bling ne semble donc pas prêt de disparaître.
TENDANCE 4 : PRENDRE LES CHOSES EN MAIN ET ETRE CREATIFS
Dernières valeurs fortes : la créativité, l’éphémère, l’intensité mais aussi et surtout la volonté de «faire péter le cadre». Ces valeurs, regroupées sur le baromètre sous l’intitulé «goût pour le coup d’éclat» s’expriment très fortement et témoignent d’un ras le bol généralisé. «Avec la crise, on se rend compte qu’on ne maîtrise plus les tenants et les aboutissants [du] système. La réaction est alors « on va tout faire péter», d’où la montée des extrêmes.», affirme Luc Balleroy.
A ces valeurs sont associées celles de la créativité. Cette volonté de faire « péter le cadre » n’est donc pas destructrice : on n’hésite plus à reprendre les choses en main de façon créative. On réparer sa voiture soi-même dans un self garage, on dessine et fabrique ses propres meubles, on innove dans son coin avec comme moteur la création de nouveaux liens. Et ça donne l’habitat partagé ou les consommateurs qui se regroupent pour négocier les meilleurs prix.
Difficile de dire exactement ce qu’il sortira des changements actuels : tout ce que l’on peut faire pour le moment c’est suivre au plus près les évolutions pour tâcher d’accompagner – voire d’anticiper – au mieux les mutations en cours.
Retrouvez l’intégralité des analyses sur www.soonoscope.com
Alexis Botaya
Soon Soon Soon