28 octobre 2024

Temps de lecture : 3 min

« Nous voulons créer en France une agence nouvelle génération dédiée aux marques mondiales luxe, premium, et lifestyle »

Moins de cinq mois après avoir rejoint Lonsdale+Partners, forceMajeure renoue avec ses racines européennes en s’installant à Paris. Pierre Delebois, l’Executive Creative Officer de l’agence et Manon Boutié, Business Director de forceMajeure Paris, nous expliquent les raisons de ce choix.

INfluencia : Votre agence a été créée par un français aux Etats-Unis il y a 25 ans et vous êtes vous-même originaire de notre beau pays. Pourquoi avez-vous décidé aujourd’hui de retourner sur votre terre d’origine en ouvrant un bureau à Paris ?

Pierre Delebois : Je suis basé à New York depuis huit ans déjà et notre agence est actuellement en pleine phase de rebranding depuis son rapprochement avec Lonsdale+Partners. Notre retour à Paris repose davantage sur des raisons philosophiques que sur une simple volonté de générer du business. forceMajeure a beaucoup appris de son expérience aux Etats-Unis et nous sommes désormais prêts à appliquer en France sur le long terme les recettes que nous avons découvert à New York. Nous pouvons trouver des synergies et des complémentarités entre ce qui se fait de ce côté de l’atlantique et les besoins de nos clients présents en Europe. J’insiste toutefois beaucoup sur la notion de long-terme car l’ouverture de notre bureau à Paris repose sur une stratégie inscrite dans la durée.

IN. : En quoi New York et Paris peuvent-ils se montrer complémentaires ?

Manon Boutié : On peut faire un bon alliage entre la France qui est le centre mondial de la mode et du luxe et les Etats-Unis qui ont développé un savoir-faire sans équivalent dans l’entertainment. Cette fusion entre craft et Entertainment peut aider les marques à s’inscrire durablement dans un ensemble culturel désirable. 

IN. : Pouvez-vous nous expliquer les caractéristiques de cet entertainment à l’américaine ?

P. D. : L’entertainment est beaucoup plus aspirationnel. Il est au service des gens et son objectif est de créer du plaisir et des émotions fortes. Ce n’est pas une simple offre de com, de pub ou de design mais un véritable état d’esprit. 

M. B. : La culture américaine est beaucoup libérée et ne respecte pas les étiquettes. Nous voulons créer une agence nouvelle génération dédiée aux marques mondiales du luxe et lifestyle qui soit axée autour de cette notion d’entertainment.

IN. : Pouvez-vous nous citer quelques exemples ?

M. B. : En ouvrant son usine à parfum, Chanel a eu idée à la fois amusante et attirante.

P. D. : Quelques marques ont déjà compris le chemin à suivre. Lacoste, par exemple, qui est longtemps resté coincé dans l’univers du streetwear, est parvenu à sortir de ce carcan en revenant vers ses racines du sportif chic. Il s’est même rapproché de l’univers du luxe en participant à la Fashion Week. Cette marque est parvenue à transcender sa catégorie en ayant du caractère et en allant là où ses concurrents ne sont pas présents. Equinox est un autre bon exemple aux Etats-Unis. Son slogan « It’s Not Fitness. It’s Life » montre sa volonté de ne pas vouloir être uniquement un réseau de salles de gym mais une destination lifestyle et de luxe à part entière. En se créant son propre marché, cette marque se distingue de tous ses rivaux.

IN. : Ce mélange des genres est de plus en plus courant…

M. B. : En effet. Un autre exemple parfait est Louis Vuitton qui a nommé Pharrell Williams au poste de Directeur Créatif Homme. Voir une marque de luxe s’unir avec personne issue du monde de la street marque un important tournant.

P. D. : Pour moi, le meilleur exemple n’est pas Louis Vuitton mais Pharrell Williams qui est parvenu à devenir une marque à part entière. Un jour, on le voit chez Vuitton, le lendemain il signe une collaboration avec Lego. Un autre jour, il travaillera avec Tiffany et enregistra un nouveau morceau musical. Pharrell Williams est une multimarque qui nourrit son propre storytelling. Son personal branding est impressionnant et doit inspirer les marques à faire de même en créant leur propre histoire.

IN. : Comment va se développer forceMajeure Paris dans les prochains mois ?

M. B. : Le bureau français, qui a déjà séduit Givenchy, aura pour vocation de consolider l’expertise de l’agence sur de nouveaux secteurs tels que la beauté, l’hospitalité ou encore l’art de la table. Cette nouvelle collaboration s’ajoute aux clients de longue date de forceMajeure que sont DiageoMoët HennessyCampari ou encore Rochas. L’ouverture de forceMajeure à Paris permettra également de mieux servir les clients européens et américains de l’agence à New York.

P. D. : Le lead créatif va rester à New York dans un premier temps. L’idée est de croître organiquement à Paris qui sera notre unique bureau pour l’ensemble du marché européen y compris britannique. D’ici 4 ou 5 ans, nous pourrions avoir une trentaine de salariés en France qui viendront compléter les 35 talents (designers, directeurs artistiques mais aussi observateurs de tendances, photographes, artistes IA) que nous employons aujourd’hui aux Etats-Unis.

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