28 mars 2019

Temps de lecture : 3 min

Nota Bene : « Être une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile »

Directrice marketing groupe chez Allianz Partners, après être passée par Saxo Bank Western Europe, Boursorama Banque et AOL, à INfluencia, Anne-Claire Bennevault confie en filigrane quelques retours d’expérience. Et sa vision de femme -et des femmes- dans le monde du travail.

Directrice marketing groupe chez Allianz Partners, après être passée par Saxo Bank Western Europe, Boursorama Banque et AOL, à INfluencia, Anne-Claire Bennevault confie en filigrane quelques retours d’expérience. Et sa vision de femme -et des femmes- dans le monde du travail.

S’exprimer sur la place des femmes sans enfoncer des portes ouvertes ni être une passionaria est un exercice délicat. Mais c’est aussi un honneur vis-à-vis de nos aïeules d’abord, qui se sont battues pour nos libertés, et pour mes contemporaines, car réfléchir à ce sujet épineux permet de faire avancer les choses et de rappeler que, même en 2019, « être une femme libérée, […] c’est pas si facile…».

Je suis tombée sur ce tube des années 1980 sur ma route pour le bureau. Pendant que Cookie Dingler enchaînait les clichés -les femmes ne sauraient lire que Marie Claire…-, je réfléchissais à ma tribune. Je réalisais alors qu’avant l’émergence des débats sur la parité, je n’avais jamais véritablement pris conscience de l’ampleur du problème. Cela m’a interrogée : étais-je une exception, dans le déni ? Puis des amies, des collègues, et réalisé que nous avions, dans une grande majorité, connu ou été témoins (pas de féminin) d’une situation professionnellement injuste voire totalement illégale en lien avec notre sexe. Malheureusement, la loi du silence s’était appliquée dans de nombreux cas, même graves.

Pour commencer, nous parlons des « femmes » comme si nous étions toutes les mêmes. N’hésitez pas à exprimer votre singularité et faire entendre vos idées, elles sont une richesse pour votre entreprise. Un peu d’audace n’a jamais nui à personne et il en faut pour évoluer au sein d’une organisation, demander une augmentation, obtenir un budget… N’attendez pas que votre responsable vienne vers vous pour aborder un sujet qui vous tient à cœur. Aidez-le à mieux vous connaître et posez des questions pour éviter les non-dits. Ce conseil vaut pour tout le monde, mais les chiffres montrent que les femmes demandent moins souvent que les hommes, et pour celles qui négocient autant, elles obtiennent généralement moins, donc exprimez-vous !

Une personne qui vous discrimine a rarement l’honnêteté de vous le dire en face, voire le fait de manière inconsciente. Patience donc, certains managers masculins peuvent avoir des réactions déstabilisantes, mais pas trop quand même, car les mentalités mettent parfois un peu trop de temps à évoluer… Les choses vont dans le bon sens. Notamment grâce à la volonté du gouvernement d’accélérer sur ce sujet; certaines entreprises n’ont pas attendu les sanctions prévues en 2022 pour revoir tous les salaires. Autre bon point : la France est championne de la féminisation des boards. Mais nous n’en sommes qu’à 40% de représentantes au sein des conseils d’administration, et il reste des progrès à faire au niveau des Comex et Codir. La solution la plus rapidement efficace pour établir la parité serait d’imposer des quotas et sanctions aux entreprises puisque toutes ne semblent pas pressées d’agir. Hélas, cette proposition divise toujours… On parle de « discrimination » positive bien qu’il ne s’agisse pas d’une faveur, mais bien de mettre en place une composition paritaire pour leur représentativité aux yeux des salariés. Pour compléter ces mesures, en autorisant les hommes à disposer des mêmes droits que les femmes en termes de congés parentaux, nous réduirions les inégalités salariales et ferions beaucoup d’heureux.

Finalement, la question n’est pas d’opposer les hommes et les femmes dans un jeu de chaises musicales. C’est ensemble que nous trouverons les bonnes solutions pour éradiquer les inégalités. Et je tiens ici à remercier les hommes qui m’ont entourée, managée ou avec lesquels j’ai collaboré, et qui contribuent à changer la place des femmes dans le milieu professionnel. Enfin, restons vigilants : une inégalité peut en cacher une autre… Ça vous parle ?

Crédit photo : Minh Van Nguyen

Ce Nota Bene est tiré de la Revue INfluencia n°28 : « Femmes : Engagées ». Cliquez ici pour découvrir sa version digitale. Et par là pour vous abonner.

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