INfluencia : comment vous est venue l’idée de créer Sorare ?
N.J. : avec mon associé Adrien rencontré chez Stratum, nous sommes partis de l’idée que depuis toujours, l’homme aime collectionner et que les NFT offrent de nouvelles applications sur le Web. Et puisque nous sommes des passionnés de foot, nous avons également réfléchi à la manière de relier notre passion à cette technologie afin de créer une valeur d’usage immédiate au-delà de la seule collection.
IN : comment fonctionne votre modèle ?
N.J. : Sorare propose un jeu de fantasy football, fonctionnant à partir d’une plateforme permettant d’acquérir des objets numériques de collection. Il s’agit d’une innovation aujourd’hui unique au monde, reposant sur les dernières technologies (blockchain et NFT). Pour ce qui est de nos revenus, Sorare se rémunère lors de la vente de cartes sous forme de NFT. Nous ne prélevons pas de commission.
IN : quelles sont les personnes qui achètent vos vignettes? Qui sont-elles? Où vivent-elles? Combien dépensent-elles ?
N.J. : nous recensons 1,8 millions de joueurs enregistrés sur notre plateforme et 345.000 joueurs actifs en avril 2022 à travers 180 pays. Globalement nos utilisateurs sont avant tout soit des fans de jeux de fantasy tel que Mon Petit Gazon en France ou Fantasy Premier League en Angleterre, soit des profils plus collecteurs qui avaient pour l’habitude de collectionner des cartes de footballeurs ou des maillots de footballeurs. Le joueur typique de Sorare est un homme, âgé de 18 à 45 ans, intéressé par le football, le gaming, la collecte de cartes, le Web3 ou tout ce qui précède.
IN : que font-elles de vos vignettes après les avoir achetées ?
N.J. : les utilisateurs de Sorare peuvent utiliser nos cartes pour composer une équipe et participer à des matchs en utilisant leurs connaissances du sport.
IN : comment expliquez vous votre succès si rapide ?
N.J. : je pense que ce qui a fait le succès fulgurant de Sorare est que nous proposons un jeu unique permettant aux fans de se connecter avec d’autres fans de football et de vivre intensément leur passion. D’autre part, nous n’avons pas véritablement de concurrents. Même si nous avons dû au début faire preuve de pédagogie, cela nous a ouvert les portes des plus grands clubs (aujourd’hui nous avons 245 partenariats avec des clubs et des ligues à travers le monde) et de nous exporter aux Etats-Unis.
IN : qu’allez vous faire avec les 680 millions de dollars que vous avez levés ?
N.J. : cette levée nous a permis de déployer un plan d’une ampleur bien plus grande que ce que nous imaginions lors de notre première levée en série A. Nos nouveaux appuis stratégiques tel Marcelo Claure, CEO de Softbank Group International et lui-même passionné de football (il possède 3 clubs dans 3 pays différents), ainsi que des experts du marché américain telle que Serena Williams qui nous a rejoint en tant que consultante de notre conseil d’administration nous ont aidé à accélérer notre développement aux Etats-Unis et dans d’autres sports.
IN : cela fait quoi d’être une licorne ?
N.J. : être perçu comme un des acteurs majeurs est une étape mais pas un aboutissement. Notre ambition est de créer le champion de l’entertainment sportif de demain. C’est pourquoi nous avons travaillé sans relâche pour offrir à nos fans de nouveaux partenariats et de nouveaux sports. Nous avons ainsi annoncé le lancement du partenariat avec la Major League Baseball aux Etats-Unis et un autre partenariat avec un nouveau sport est en cours de préparation.
IN : quels sont vos objectifs sur 3 et 5 ans?
N.J. : notre ambition est de devenir le leader mondial du divertissement sportif !
IN : comment expliquez vous le succès des NFT et quel est leur avenir ?
N.J. : mon associé Adrien et moi avons très vite eu la conviction que les caractéristiques propres à la technologie appelée « NFT » (rareté digitale, tracabilité…) allaient mener à un changement technologique ayant le même impact sur nos vies que l’arrivée d’Internet ou du smartphone. Les NFT vont réinventer certaines industries et changer la manière dont on possède des biens digitaux. Nous pensons que les projets qui dépassent la valeur de collection pour ajouter une valeur d’usage seront ceux qui auront le plus de succès à long terme.
IN : comment expliquez vous le succès des crypto-monnaies et quel est leur avenir?
N.J. : je précise que Sorare est lié à l’émergence des NFT. Nos joueurs n’ont absolument pas besoin de posséder des cryptomonnaies pour pouvoir jouer et collecter des cartes. Notre infrastructure de paiement est basée sur la technologie Web3 mais nous n’avons pas vu une croissance d’intérêt pour Sorare liée aux crypto-monnaies. Plus de 80% de nos utilisateurs ne possèdent pas de crypto-monnaies avant de jouer à Sorare. Il m’est donc difficile de m’exprimer sur les crypto-monnaies en général. Il est vrai que la blockchain, technologie à la base des crypto-monnaies, est une technologie naissante qui, nous le pensons, va révolutionner notre monde dans de beaucoup de domaines même si de nombreux enjeux et défis restent à relever!