24 mars 2021

Temps de lecture : 3 min

Les NFT révolutionnent le monde de l’art

Le secteur de l’art est en ébullition depuis le 11 mars 2021 : ce jour-là, Christie’s réalise une vente historique de $69.3 millions pour une pièce d’art numérique de l’artiste Beeple. Les acteurs de l’art sont en suspens : hype spéculation ou révolution en profondeur du secteur ?

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Un acte fondateur

Le 4 mars, un groupe d’investisseurs et de collectionneurs new yorkais a brûlé en direct sur Internet l’œuvre intitulée Morons (Crétins en français) du street artiste subversif Banksy. Par cet acte, ils l’ont « tokenisée » en créant un « NFT » puis vendue aux enchères sur la plateforme OpenSea.

Les NTF, ou non-fungible tokens (jetons non fongibles en français) se différencient des tokens dits « fongibles » (comme le bitcoin) dans la mesure où ils sont uniques, infalsifiables, non interchangeables. Grâce au chiffrement de la technologie blockchain, un élément numérique devient « authentique ». Pour le monde de l’art, c’est un boulevard qui s’ouvre : chaque œuvre d’art numérique peut être certifiée unique et obtenir un certificat d’authenticité. C’est donc la rareté qui engendre la valeur.

Ce n’est pas la première œuvre NFT, ni la première initiative liée aux cryptomonnaies. Cependant, il s’agit-là d’un acte hautement symbolique. L’œuvre réelle s’éclipse au profit de l’œuvre virtuelle, immuable pour l’éternité à l’intérieur de la chaîne de blocs.

Girl with the Balloon

Lors d’une vente aux enchères organisée chez Sotheby’s Londres en 2018, l’œuvre « Girl with Balloon (There is always hope) » s’est autodétruite immédiatement après son adjudication. Le choix de l’artiste n’était donc pas anodin.
Bansky devient, sans le vouloir, le symbole de cette révolution en devenir du marché de l’art.

Hype spéculative ?

De nombreux acteurs pensent et crient à la bulle spéculative. Comme dans toutes les révolutions, une période de transition est en train de s’instaurer. Le secteur des cryptomonnaies est en pleine effervescence avec son lot d’opportunités et d’opportunistes.

Bien sûr, il existe une hype spéculative, indexée, comme toutes les expériences crypto, sur le cours du bitcoin. Puisque chacun est libre de se proclamer artiste blockchain, nous voyons apparaître de nouveaux-venus qui ne sont pour certains que des entrepreneurs tentant leur chance. D’autres s’invitent pour la première fois sur ce marché en tant que collectionneurs d’art, dans l’unique but de spéculer.

Cependant, il existe de réelles opportunités pour des artistes qui n’avaient jusqu’à présent pas le luxe de pouvoir vendre leurs œuvres en galerie. Il y a également ces nouveaux collectionneurs qui n’auraient pas fait la démarche de passer par le marché de l’art que l’on qualifiera bientôt de « traditionnel ».

Une aura virtuelle

Prenons un détour théorique avec l’historien et critique d’art Walter Benjamin. Au début du XXe siècle, il théorisait le fait que la reproductibilité technique, notamment avec le développement de la photographie, tuait l’« aura » d’une œuvre d’art. Plus une œuvre est reproduite, plus elle perd de sa substance.

À l’heure des smartphones et de notre culture de profusion des images, les NFT et la blockchain arrivent à contre-courant. Ce jeton cryptographique redonne vie à la notion d’unicité pour revaloriser l’œuvre.

Ce rapport à l’image, à l’œuvre, à la possession, au partage, s’en trouve modifié. Même si l’image de l’œuvre circule sur le web, seul l’acheteur de l’œuvre détient le certificat d’authenticité du NFT. La blockchain garantirait-elle ainsi l’aura des œuvres numériques NFT ?

Les NFT déplacent les codes de l’art

Le secteur de l’art était déjà en pleine mutation depuis de nombreuses années avec, pour exemple, l’arrivée de startup spécialisées dans la vente d’art en ligne comme Kazoart, Singulart. De nombreuses innovations et initiatives ont émergé dans ce secteur toujours à la frontière des œuvres d’art physiques, numériques, et des cryptomonnaies.

Les œuvres NFT repensent de fond en comble les codes traditionnels du monde de l’art avec une cryptomonnaie et des œuvres numériques. Par conséquent, l’artiste lui-même se doit d’évoluer en maitrisant des technologies de pointe.

Les instances de validation mutent. Certains intermédiaires, comme les galeries à pignon sur rue, les commissaires-priseurs, les experts, les banques, deviennent soudainement obsolètes.
Les NFT ont bouleversé l’espace-temps du monde de l’art.

Nouvelle monnaie d’échange sans frontières, nouveaux acteurs, nouvelles pratiques : derrière la bulle spéculative, tous les indicateurs d’une grande révolution en profondeur du monde de l’art sont présents.
L’histoire de l’art s’écrit en temps réel…. Virtuel.

Plateforme pour acheter des NFT :
https://opensea.io/collection/art
https://niftygateway.com/
Documentation :
https://fr.cryptonews.com/exclusives/nft-can-burning-a-banksy-make-it-more-valuable-9627.htm
https://www.frandroid.com/crypto-monnaie/864995_quest-ce-que-les-nft-ces-jetons-qui-revolutionnent-lart-et-le-jeu-video

Crédits : Beeple / Christies

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