Dans son dernier ouvrage, « Dictionnaire de l’impossible », Didier Van CauWelaert présente un certain nombre de ce qu’on pense être des impossibilités et qui se réalisent cependant. Science à l’appui. A commencer par cette extraordinaire aptitude de certains arbres à se déplacer. Les arbres, selon plusieurs équipes de scientifiques dont les professeurs Hallé, Murawski, Oldeman, Pelt…, caractérisés, a priori par l’immobilité, par des racines bien ancrées en terre, seraient capables de marcher grâce à un second ADN situé dans les branches. Ils auraient un ADN de rechange en cas de nécessité! Les arbres sont éternels et sont programmés pour vivre sans limite. Ils ne connaissent pas le vieillissement qui les condamnerait à mort et s’ils meurent, c’est pour des raisons externes: le bucheron, la sécheresse, les parasites. Leur double ADN les aide à survivre.
Les arbres se mettent en marche plutôt que de mourir
Lorsque l’un de ces grands arbres est empêché de pousser à cause d’une végétation trop abondante ou parce que l’homme a construit des tours qui le privent de soleil, il se met en marche. Il se déplace vers la lumière en formant de nouvelles racines qui le tirent vers le nouvel espace de vie, et il laisse mourir ses anciennes racines qui le condamnaient à l’immobilité et à la mort, faute de lumière. Ce mouvement prend des mois, mais on peut l’observer avec une caméra braquée sur l’arbre et dont le film sera repassé ensuite en accéléré. Les arbres bougent pour s’en sortir et s’adaptent aux situations comme s’ils avaient un de ces fameux cerveaux d’adaptation qui a permis à l’humanité de survivre et de se développer.
Le mythe de Macbeth reconnu par une preuve scientifique
Que nous dit le mythe de Shakespeare? Que l’assassin peut vivre en paix mais qu’il va lui falloir sans cesse observer la nature. Une leçon d’écologie avant l’heure. S’il observe la moindre hérésie naturelle, l’assassin sera rattrapé par son destin. La leçon première de la nature est la survie. Tout organisme vivant se bat pour survivre. Le professeur Laborit nous rappelait qu’un « être vivant est une mémoire qui agit ». Dans le film « Mon oncle d’Amérique », il nous informe que « Nous ne vivons que pour maintenir notre structure biologique, nous sommes programmés depuis l’œuf fécondé pour cette seule fin, et toute structure vivante n’a pas d’autre raison d’être que d’être ». Les arbres se sauvent pour sauver leur peau et leur immobilité ne serait qu’apparente.
Les mythes viennent de l’observation depuis toute éternité
Cette histoire rocambolesque de la forêt qui avance chez Shakespeare vient sans doute de très loin, de l’observation des forêts depuis toujours, du temps où les humains regardaient « religieusement » la nature comme une partie de la divinité. Un mythe est un bout d’explication du monde que nous ne savons pas expliquer autrement que par une métaphore. La caméra en accéléré n’existait pas ni l’observation scientifique mais les anciens qui ont transmis cette « narration » jusqu’ au dramaturge anglais ont permis à ce mythe de la forêt qui avance de se fonder sur une réalité. La plupart des mythes ou légendes se fondent sur une observation scientifique que l’on commence à peine à redécouvrir. Voilà pourquoi, l’époque du mythe se réinstalle à nos portes. Paradoxalement, grâce à la science. Espérons que personne ne vienne à prophétiser la marche des arbres de Noël. Ce pourrait alors être un signe avancé de la décadence de notre société…
Le messager : Monseigneur, ce dont « j’ai vu », je dois le dire,
Mais comment dire, je ne sais.
Macbeth : Dis-le.
Le messager : J’étais de garde en haut de la colline,
J’ai regardé Birnam, et, là, j’ai cru
Que la forêt se mettait à bouger.
Extrait de « La forêt qui marche », Macbeth – acte V.
Georges Lewi / @LewiGeorges
Mythologue, spécialiste des marques.
Blog : mythologicorp.com