Le musicien anglais Gwilym Gold inaugure, avec son album électro-pop Tender Metal, un tout nouveau mode de lecture et d’écoute musicale. Baptisé Bronze, et développé sur deux ans avec le producteur Lexxx et des scientifiques de l’Université Goldsmiths de Londres, ce format musical primeur permet à l’utilisateur de changer la version du morceau écouté à chaque nouvelle lecture.
En clair, il reconfigure infiniment les pistes à chaque fois que l’internaute clique sur « Play », créant une expérience d’écoute innovante et surtout unique car chaque écoute sera différente de la précédente. Cette variété sonore autour d’un même morceau de musique pourrait s’apparenter à une performance live avec des versions toujours différentes.
Alors comment ça marche ? Il s’agit d’un algorithme qui prend en main les accords d’une chanson, puis en génère des déclinaisons infinies, fluctuant autour d’une forme mélodique comme le ferait un DJ en remixant un morceau à l’infini : même en l’écoutant mille fois, il ne serait pas tout à fait le même.
Gwilym Gold
Bronze, disponible sur iPhone, iPad, iPod Touch et l’App Store, pose donc les prémices d’une nouvelle manière de consommer la musique générant un engagement fort, et qui pourrait bien révolutionner le marché. Cependant la question de l’accroche consommateur se pose : comment tisser une relation forte avec l’artiste et réellement apprécier sa musique si aucun de ses morceaux n’est « captable », si l’on ne peut jamais redécouvrir une mélodie qui a séduit nos oreilles ? Le rapport à la musique est de toute façon très subjectif, et l’individu retiendra sans doute d’avantage l’expérience offerte. Cette innovation a pour vocation d’être un complément à l’expèrience musicale. Elle s’utilise une fois que l’oeuvre originale a été consommée par la personne.
Un logiciel intelligent dans lequel marques, artistes et producteurs pourraient bien voir un potentiel à exploiter. D’abord parce que la technicité requise est novatrice et surprenante, ensuite parce qu’une expérience nouvelle pourrait être vécue à chaque fois par le consommateur, sans toutefois trop s’éloigner de l’ADN sonore. Dans la publicité par exemple, imaginez une déclinaison sonore différente selon le public ciblé, qui permettrait quand même de reconnaître la signature sonore propre à la marque qui communique.
Un concept encore peu maîtrisé au vu de sa technicité et des possibilités infinies qu’il peut offrir. Même Gwilym et Lexxx avouent ne pas savoir à quelle version s’attendre lorsqu’ils écoutent leur musique. Une chose est sûre : l’expérience est surprenante.
Lucie Freulon
Rubrique réalisée en partenariat avec HighCo