22 décembre 2023

Temps de lecture : 4 min

Mélissa Saint-Fort, TF1 : “Nous observons une progression rapide du nombre de Français qui s’intéressent à la transition écologique”

Venue de La Seine Musicale, Mélissa Saint-Fort est depuis mai 2023 la Directrice RSE du Groupe TF1. Son chantier principal ? Coordonner la mise en œuvre de la stratégie climat du groupe, dont les objectifs de décarbonation ont été récemment validés par le SBTI (Science Based Targets Initiative). Pour INfluencia, elle revient sur les différents leviers d’action du groupe pour les atteindre.
INfluencia : L’Information du Groupe TF1 vient de réaliser une nouvelle vague de son baromètre “Transition écologique et médias : attentes et perception des Français” : qu’en retenez-vous et en quoi ses conclusions influencent-elles vos actions ?

Mélissa Saint-Fort : Par rapport à l’an dernier, nous observons une progression rapide du nombre de Français qui s’intéressent à la transition écologique et désirent s’informer. La proportion de climatosceptiques reste relativement stable, mais nous notons toutefois un léger pessimisme des Français quant à leur capacité à avoir un impact, en comparaison avec le poids des décisions des entreprises et du gouvernement.

L’étude révèle également un désir croissant d’informations, avec une attente non seulement d’expertise mais aussi de conseils pratiques : cela correspond bien à l’ADN de nos JT, proches des gens et de leur quotidien. La capsule “Notre Planète” ou toute notre couverture de la COP28 – notamment – visent ainsi à répondre aux attentes des téléspectateurs, qui souhaitent de la pédagogie et de l’expertise, mais avec des informations simples, sans jargon, et des solutions pour leur quotidien. À l’image des conseils pratiques qui sont régulièrement dispensés dans les bulletins météo de TF1.

IN : Pour un groupe comme TF1, les sujets RSE dépassent le cadre de l’information et de la sensibilisation des téléspectateurs : quels sont les autres chantiers en cours ?

M. S.-F. : Effectivement, en tant que groupe média leader, nous avons commencé par le sujet de la sensibilisation des Français, et continuons dans cette direction. Comme nous avons signé un contrat climat avec l’ARCOM, nous devons lister tous les contenus à portée écologique que nous diffusons. Cela a encouragé les équipes non seulement à les comptabiliser, mais aussi à en produire davantage.

Il est clair que nous ne pouvons pas remplir ce rôle de sensibilisation auprès de nos publics et de nos parties prenantes si nous n’avons pas fait nous-mêmes un travail sur notre entreprise. C’est tout le sens de la validation par SBTI de nos objectifs en octobre dernier : nous nous sommes engagés à réduire de 30% nos émissions de CO2 d’ici 2030 – sur la base de 2021 – et ce, sur tous nos périmètres, activités et filiales, en prenant en compte les Scope 1 et 2, mais aussi le Scope 3, qui concerne nos fournisseurs. Plus exactement, notre objectif est de diminuer de 42% nos émissions directes et de 25% nos émissions de Scope 3.

Là où nous pouvons avoir le plus d’impact en tant que groupe audiovisuel, c’est sur la production, qu’elle soit internalisée ou externalisée. 80% de notre bilan carbone provient de l’achat de contenus, de matériel technique et d’autres biens et services. Nous travaillons d’abord sur l’éco-production de nos propres contenus, pour montrer aux autres producteurs que c’est possible de le faire.

IN : En tant que direction RSE confrontée à de nombreux sujets, quel est le fil conducteur de vos différentes initiatives ?

M. S.-F. : Notre action est très transversale. Nous nous penchons aussi bien sur les enjeux d’antenne et d’information du public que sur notre transition énergétique ou sur les enjeux sociaux en interne. Néanmoins, il y a un point commun à toutes ces actions : la formation.

Il y a un an ou deux, la plupart des équipes ne possédaient pas les compétences et les ressources pour appréhender les enjeux de la transition écologique. Aujourd’hui, deux tiers des collaborateurs ont suivi une formation adaptée à leur métier. Par exemple, pour les équipes en charge des programmes, nous mettons l’accent sur l’éco-production tandis que les journalistes ont suivi deux jours de formations sur les enjeux climatiques avec une approche scientifique. Nous travaillons également sur les enjeux de sobriété numérique avec les équipes digitales ou sur les achats responsables avec la direction financière. C’est une première étape : faire en sorte que tout le monde comprenne de quoi il est question et dispose des outils pratiques pour transformer son métier au regard de ces enjeux.

IN : Quels sont les moyens dont vous disposez pour mener à bien les différentes initiatives RSE et atteindre vos objectifs ?

M. S.-F. : Le Groupe se donne les moyens. Nous sommes six aujourd’hui dans l’équipe RSE, alors qu’elle ne comptait que deux personnes il y a deux ans. Nous allons continuer à recruter en 2024 avec l’arrivée de 3 nouvelles personnes spécialistes, notamment des sujets liés à l’éco-production et au numérique responsable. Nous nous appuyons également sur tout un réseau de référents dans les différentes entités, comme un spécialiste des achats responsables au sein de la direction financière ou un “carbon manager” chez Newen Studios, notre filiale de production. Ce sont autant de bonnes pratiques qui se développent et sont répliquées au sein du Groupe. Certains départements sont particulièrement actifs, comme TF1 Pub, qui a développé une communauté de collaborateurs – les “Change Makers” : celle-ci a inspiré d’autres équipes, dont la direction des technologies, qui a créé sa propre communauté sur le même modèle. Notre rôle est essentiellement d’animer ce réseau.

Enfin, et cela témoigne de la volonté du Groupe à s’engager dans la transition écologique, depuis un peu plus d’un an tous les collaborateurs qui ont une part variable dans leur rémunération doivent remplir des objectifs RSE, y compris Rodolphe Belmer et les membres du Comex. Chaque année, nous prévoyons aussi un bonus de 10% sur l’intéressement des salariés qui est débloqué si l’objectif RSE de l’année est atteint collectivement.

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia