Parler plutôt que de se taire. Voici en substance le message que souhaitent faire passer Innocence en danger et McCANN Paris pour lutter contre les violences faites aux enfants. Un dispositif immersif mené sur Instagram qui nous fait prendre conscience que le silence est une arme fatale.
Chaque jour en France, deux enfants meurent victimes de la violence d’un parent ou d’un proche. Des tragédies qui auraient pu être évitées si l’entourage n’avait pas fermé les yeux. C’est justement cette « omerta » sur ces exactions que tente de combattre Innocence en danger, mouvement mondial de protection des enfants, et l’agence McCANN Paris à travers une opération fiction menée sur Instagram.
Son nom ? #Guiltytags. A travers neuf histoires d’enfants, inspirées de faits réels, chaque personne qui a eu connaissance de ces maltraitances est interpellée via le système de tag du réseau social : « Leo ne voulait pas prendre son biberon. Il a alors été battu. Son père (@jean_sb1) l’a giflé à mort. Sa mère (@marie_csb) n’est pas intervenue. Un policier (@_policealex_man_) et une assistante sociale (@mariep_lille) ont ignoré ces faits. Son oncle (@edouard_8080) n’a jamais signalé ses soupçons. Pas même les voisins (@_lynda_heller) ou les amis (@jim_y88 @samjmii). S’ils l’avaient fait, Leo serait toujours en vie. Les violences envers les enfants est une responsabilité que nous partageons tous. Ne soyez pas également coupable », peut-on lire sur l’un des posts. Une campagne sur la violence faite aux enfants qui fait mouche dans sa faculté à nous immerger dans la vie de ces personnes, qui n’ont, semble-t-il, rien vu alors que les preuves étaient évidentes, photos à l’appui. Une réaction beaucoup trop tardive qui nous montre à quel point un témoignage peut changer la donne et qui questionne sur la culpabilité de ce silence, même involontaire. « Plus vous plongez dans Guiltytags, plus vous réalisez que chaque profil est connecté, que chacun à sa part de responsabilité et que la violence faites aux enfants est une responsabilité partagée par tous », conclut la voix off de la vidéo de présentation.
Réveiller l’internaute
En septembre 2016, McCANN Paris menait déjà ce genre d’opération avec l’association Mouvement du Nid pour dénoncer les violences faites aux prostitués. Sur un faux site de charme, Girls of Paradise, l’internaute était invité à choisir l’escort de son choix et à chatter avec elle. Une fois sa sélection effectuée, la réalité était toute autre et lui explosait à la figure via une réponse très dure : « Je pense que toi et tes copains, vous ne pourrez pas voir Inès ce soir. Elle a été retrouvée morte dans l’appartement où elle recevait ses clients de 53 coups de couteaux ». Une prise de conscience immédiate qui permet de lever le voile sur les conditions de vie de ces femmes, bien loin du côté « glamour » des sites de rencontre.
Le Fonds Actions Addictions et l’agence BETC Paris ont, eux aussi, réalisés un coup de maître avec Louise Delage, personnage fictif sur Instagram. On plongeait ainsi dans le quotidien d’une parisienne branchée, un peu trop portée sur la boisson : « En mettant bout à bout toutes les photos du profil en un hyperlapse glaçant, le film fait enfin prendre conscience de la difficulté de déceler l’addiction de quelqu’un, même quand on le côtoie tous les jours (comme dans le fil Instagram) et de la nécessité de se faire aider », expliquait alors l’agence qui a piloté cette opération. Des campagnes qui appellent à une plus grande vigilance sur les réseaux sociaux où le scroll rapide est devenu la norme. Abreuvé d’images parfaites et travaillées, le filtre de la vérité a bien du mal à nous taper dans l’œil et les agences doivent continuer à nous bousculer dans notre quotidien.