10 mai 2021

Temps de lecture : 5 min

Maurice Barthélémy : « 30% de la population française est hypersensible sans le savoir! »

« Fort comme un hypersensible ! » C'est pendant le confinement que le comédien, auteur, réalisateur, Maurice Barthélémy a écrit ce livre témoignage sur son hypersensibilité. Une révolution pour celui qui, comme 30% de la population française est touché par ce que des spécialistes en neurosciences américains, appellent plus justement “l'empath”, une hyper-empathie émotionnelle, sensorielle et/ou intellectuelle qui doit être domptée, disciplinée pour être vivable. Son livre deviendra une pièce-conférence en septembre, où seul en scène il expliquera et discutera avec les spectateurs de ce superpouvoir méconnu. Rendez-vous pris au théâtre de la Pépinière.

« Fort comme un hypersensible ! ». C’est pendant le confinement que le comédien, auteur, réalisateur, Maurice Barthélémya  écrit ce livre témoignage sur son hypersensibilité. Une révolution pour celui qui, comme 30% de la population française est touché par ce que des spécialistes en neurosciences américains, appellent plus justement  “l’empath”, une hyper-empathie émotionnelle, sensorielle et/ou intellectuelle qui doit être domptée, disciplinée pour être vivable. Son livre deviendra une pièce-conférence en septembre, où seul en scène il expliquera et discutera avec les spectateurs de ce superpouvoir méconnu. Rendez-vous pris au théâtre de la Pépinière.

INfluencia: l’hypersensibilité est devenue le sujet tendance du moment avec bon nombre d’ouvrages dont le votre. De quoi s’agit-il exactement?

Maurice Barthélémy: l’hypersensibilité n’est pas une tendance! c’ est le terme utilisé en France pour qualifier une hyperacuité autant sensitive qu’intellectuelle. Une créativité hors norme soit en mathématiques, en sciences, une faculté à imaginer des hypotheses, à créer des passerelles, des ponts de communication entre diverses disciplines. Nous n’avons pas tous le meme degré d’hypersensibilité, ni toutes les caractéristiques… Moi, par exemple, j’ai l’esprit encombré par mes cinq sens, je ressens une empathie extrême à l’égard du monde extérieur, et j’ai une intuition très puissante. Je scanne énormément d’informations qui démarrent au réveil et s’arrêtent au coucher… quand j’y parviens! En fait, mon cerveau fonctionne en arborescence, et c’est extrêmement fatigant pour lui… C’est pour cela que l’hypersensibilité doit être disciplinée, il faut apprendre à en faire une force, ce que les neurosciences, aux USA, ont mis à jour les premiers.

HYPESENSIBITÉ À NE PAS CONFONDRE AVEC FRAGILITÉ OU FAIBLESSE

IN. : comment vous en êtes-vous apercu?

M.B. : je découvre cela à 45 ans (il y a sept ans) car j’enquêtais sur ma fille de huit ans, qui, je l’ai découvert, était hypersensible. Très angoissée, très creative, très artiste… Dès lors j’ai compris que je vivais cette meme acuité à ma manière. Vous savez, encore aujourd’hui, l’hypersensibilité est confondue par un bon nombre de specialistes avec de la faiblesse, de la fragilité, relevant soi disant de la féminité, l’héritage de biens des troubles féminins que les hommes vivent aussi évidemment mais dont on ne doit pas parler… Un malentendu qui donne lieu à des diagnostics farfelus, ou tout simplement erronés du fait du retard que la France affiche en matière de neurosciences, versus les USA qui découvrent l’empath en 1999. Il aura en effet fallu plus de dix ans pour que les médecins, scientifiques s’emparent du sujet, et que des hommes et des femmes hypersensibles se dédient à cette discipline pour guider cette frange de la population que l’on confond aussi souvent encore avec les HPI  appelés aussi zèbres, en raison de leur indomptabilité.

IN. : avez-vous des exemples précis de cette hyperthrophie des sens?

M.B. : une ouie qui perçoit tout aux alentours et vous empêche de vous concentrer, une vue qui repère et se fixe sur la poussière dégagée par un rai de lumière qui entre dans une pièce, un odorat qui développe des emotions negatives ou positives, une peur absolument insurmountable de bouger, d’agir, un besoin de contrôler ( mes relations amoureuses notamment).Enfant, une procrastination, doublée de culpabilité qui vous paralyse, jusqu’à ce que le cerveau ne supporte plus l’état dans lequel il vous met… Une grande envie d’apprendre à l’école, et l’impossibilité qui va de pair. Des fulgurances qui m’assaillent et se transforment ou pas en projets.

NE PAS CONFONDRE NON PLUS AVEC HPI OU HPE…

IN. : comment expliquez-vous qu’en France, “l’empath” ait mis autant de temps à être reconnue?

M.B.  : nous sommes des cartésiens (Je pense donc je suis), nous n’aimons pas les émotions, les humeurs. Nous avons déjà eu du mal à accepter la psychanalyse, avons du mal avec les traumas que vivent nos enfants, et les notres… Nous sommes normés. L’éducation en France n’est pas sensible, elle éduque des enfants pour qu’ils correspondent à une société normée. Les entreprises veulent maitriser leurs salaries, ce n’est que très récemment que l’on parle de bienveillance, d’acceptation, d’empathie au sein des boîtes. Et le Covid n’est sans doute pas étranger à toutes ces publications sur les sujets de l’hypersensibilité qui a mis à jour pas mal de dysfonctionnements entre supérieurs et salariés. Il y a seulement dix ans, un salarié empathique était jugé comme étant un empêcheur de tourner en rond. Seules quelques écoles existent aujourd’hui qui enseignent, non pas la norme, mais la connaissance de soi, et l’apprentissage de l’adéquation entre la société et soi.

IN. : quels sont les risques que courent les hypersensibles qui s’ignorent?

M.B. : à l’adolescence, âge auquel le cerveau est le plus rapide et fragile, l’hypersensible developpe une protection afin de capter moins d’informations envahissantes. C’est le moment des grandes addictions, au jeu, à la video, au sexe, à la drogue. Ce besoin de se déconnecter de leur mental est tel qu’ils bâtissent des strategies d’évitement de la réalité qui malheureusement peuvent ensuite aboutir à un reel mal être. Or aujourd’hui ce qui est genial, c’est qu’un simple test permet à chacun de savoir enfin ce dont il est “victime”, et de le discipliner. Personnellement, j’ai fait une psychanalyse pendant trois ans, parce que j’avais besoin de régler des choses, mais en réalité c’est le sport et la sophrologie qui m’ont sauvé la vie.

L’EMPATH EST LE FRUIT DE RECHERCHES AMÉRICAINES EN SCIENCES NEURONALES , RÉVÉLÉES EN 1999…

IN. : quelles disciplines conseillez-vous aux hypersensibles, du coup. Un bon psy?

M.B. : non pas forcément un psy sauf en cas de mal-être profond dans un premier temps dû à un trauma augmenté pas son hypersensibilité. Il faut savoir que tous les psys ne sont pas très heureux de l’arrivée de l’hypersensibilité comme étant une nouvelle caste…. Personnellement, le yoga, l’hypnose, la meditation, le sport, la sophrologie, du coaching psychologique, ou de vie sont tous les bienvenus, cela dépend vraiment de chacun. De fait, comme je le disais plus haut, l’hypersensibilité n’est pas une faiblesse, c’est une force, -d’où le titre de mon ouvrage-, pour peu que l’on sache comment la gérer, l’orienter, la canaliser.

IN. : pourquoi avoir fait ce livre ?

M.B. : en fait, c’est pendant le confinement que les éditions Michel Lafon m’ont propose d’écrire ce livre, ce que j’ai fait avec la psychopraticienne Charlotte Wills qui a étayé mon témoignage de son expertise. Ce qui est incroyable, c’est que parmi les courriers et mails que je reçois, ce sont beaucoup d’hommes et de jeunes qui sont soulagés de comprendre enfin ce qu’il se passe en eux ! Cela m’a donné l’idée de créer un spectacle-conférence en septembre au théâtre de la Pépinière qui va se situer entre un Ted Ex et une conversation… Non pas un one man show, mais une discussion. Et comme les hypersensibles n’aiment pas lire généralement, j’enregistre ces jours-ci la version audio de Fort comme un hypersensible !

A lire aussi:
Mon enfant hérisson de Stéphanie Couturier,
Le guide de survie des hypersensibles empathiques de Judith Orloff

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