1 février 2024

Temps de lecture : 6 min

Matthias Gurtler : « Nous avons fait de la marque Gala un réseau social »

Entré dans le giron du groupe Figaro le 21 novembre 2023, Gala lancera son « nouveau projet » le 21 mars à l’occasion d’un numéro Luxe. Matthias Gurtler, directeur de la rédaction depuis 2010 après avoir été rédacteur en chef du magazine, explique à INfluencia les contours de ces évolutions et les pistes de développement de cette marque très digitalisée, qui revendique d’ailleurs un positionnement de réseau social.

Une forte présence de l’univers féminin, que l’on trouve dans des magazines comme Elle, Madame Figaro

INfluencia : Gala lance son « nouveau projet » jeudi 21 mars 2024, quatre mois après son intégration dans le groupe Figaro. Sur quelles bases a-t-il été construit ?

Matthias Gurtler : le nouveau Gala veut être au plus près des célébrités et davantage en phase avec son époque sur le plan graphique et iconographique. L’image sera donc au cœur du projet et présente tout au long du chemin de fer à travers de grandes ouvertures de rubriques ou des pages dédiées : L’œil de Nikos Aliagas, une série de photos de la semaine en doubles pages, des portfolios immersifs dans les coulisses d’un lieu ou d’un événement, des feuilletons mode… Le titre opère une renaissance claire dans l’univers du picture magazine mais un picture au positionnement hybride, qui est son positionnement depuis trente ans : à la fois un magazine branché sur l’actualité mais aussi – et surtout – un féminin haut de gamme. Nous allons avoir le même besoin et la même envie de réactivité que Paris Match – les célébrités font partie de l’actualité comme on le voit régulièrement sur les chaînes info – avec la forte présence de l’univers féminin, que l’on trouve dans des magazines comme Elle, Madame Figaro… L’autre axe de transformation concerne le contrat de lecture, qui veut être davantage en adéquation avec les attentes des lectrices : proposer un moment propice à la lecture et à l’attention. Le même jour, Gala.fr proposera une home page repensée avec plus de vidéos. Les verticales Mode et Beauté seront aussi renforcées. Cette nouvelle étape capitalise sur les forces de la marque. En trente ans, nous avons réussi à créer un réseau social avec la marque Gala, qui s’adresse à différentes cibles mais à des personnes qui ont toutes en commun de vouloir partager des histoires.

L’image sera au cœur du nouveau projet de Gala qui opère une renaissance claire dans l’univers du picture magazine

IN : tous types de célébrités ont aujourd’hui leur « quart d’heure de gloire », y compris les participants de la télé-réalité ou des chroniqueurs de certaines émissions de télé… Sur quels critères Gala choisit les célébrités mises en avant ?

M.G. : dans notre définition de la célébrité, la durée est un des marqueurs principaux. Il peut y avoir des phénomènes médiatiques qui génèrent un buzz incroyable mais nous ne sommes pas sur l’éphémère. Nous cherchons à éviter et à nous extraire de cette culture du clash que l’on retrouve beaucoup dans la téléréalité. Gala est au plus près de toutes les célébrités de la télé, du cinéma, du sport, de la politique et aussi des royals, qui se sont beaucoup renouvelés. Elles font partie des nouvelles célébrités qui fascinent et répondent à un besoin de continuité, d’héritage, de saga et d’histoire commune. Différents types de célébrités sont mises en avant par la société médiatique : des stars internationales, des stars Netflix qui deviennent souvent des stars de cinéma, des sportifs – la photo qui a le mieux fonctionné à Cannes l’an dernier était une star de MMA -, des stars venues d’Asie issues de la K-Pop ou de la pop culture, des « influenceurs ++ »… On ne les voit pas forcément toutes dans le magazine mais nous avons la capacité de les suivre sur les réseaux sociaux ou dans le Gala Croisette pour partager des histoires inspirantes.

C’est ce côté hybride et polymorphe qui fait la spécificité et l’originalité de Gala, et permet aussi aux annonceurs de toucher une cible beaucoup plus large

IN : qui sont les concurrents de la marque ?

M.G. : à la fois personne et tout le monde. La marque est à la fois concurrencée par des magazines d’actualité comme Paris Match et des magazines féminins. Sur les médias sociaux et sur le digital, la concurrence vient des sites Internet sur les célébrités et avec une dimension féminine. C’est ce côté hybride et polymorphe qui fait la spécificité et l’originalité de Gala, et permet aussi aux annonceurs de toucher une cible beaucoup plus large. L’aspect célébrités permet d’acquérir une puissance, d’entrer dans un maximum de foyers et d’aborder des thématiques plus féminines aux audiences plus confidentielles.

Gala n’est pas segmentant pour un homme

IN : avez-vous envie ou besoin de rajeunir le lectorat du magazine ?

M.G. : sur le print, le cœur de cible se situe entre 45 et 60 ans. J’adorerais que les jeunes de 20-25 ans achètent Gala mais, comme le magazine circule beaucoup, il passe par toutes les tranches d’âge. De ce point de vue, les salles d’attente des coiffeurs et des médecins nous offrent une librairie assez unique. Cela explique aussi que le magazine ait une audience beaucoup plus masculine que d’autres féminins. Ne serait-ce que par sa marque, Gala n’est pas segmentant pour un homme. L’audience est évidemment plus jeune sur le digital et les médias sociaux. Les jeunes connaissent peut-être la marque via leurs parents mais ils consomment ses contenus de manière différente via les réseaux sociaux.

J’adorerais que les jeunes de 20-25 ans achètent Gala mais, comme le magazine circule beaucoup, il passe dans toutes les tranches d’âge

IN : quelles synergies vont se déployer à l’occasion de l’intégration dans le groupe Figaro ?

M.G. : beaucoup de synergies commencent déjà à se mettre en place. A partir de cette semaine, des vidéos Gala seront diffusées sur le carrousel vidéo du site lefigaro.fr, qu’elles viendront alimenter tout au long de l’année et aux moments clés. Dans les prochaines semaines, Gala sera aussi intégré dans les offres d’abonnement papier et digitaux du groupe Figaro, avec différentes formules d’abonnement qui sont encore à affiner, et intégré dans l’application Kiosque Figaro. Ces marqueurs forts d’intégration participent naturellement à la premiumisation de la marque, qui sera exposée à une audience plus large et intégrée dans un univers de leaders en termes d’information et de presse féminine luxe. Ces synergies concrètes positionneront aussi Gala comme faisant directement partie de l’univers Figaro. Nous travaillons aussi avec les équipes du groupe : évidemment la régie, la fabrication… Notre premier bébé commun sera un quotidien bilingue Gala Paris 24, qui sera le « Gala Croisette des JO » avec quinze numéros pour être au plus près de tout ce qu’il y aura à faire à Paris pendant les jeux Olympiques. Nos équipes s’installent par ailleurs lundi 5 février dans un des trois immeubles du groupe, dans le XVe arrondissement de Paris. Gala sera la seule rédaction présente dans cet immeuble, où se situent aussi la direction générale du groupe et tous les services transverses.

Notre premier bébé commun avec le Figaro sera un quotidien bilingue Gala Paris 24. Un « Gala Croisette des JO » pour être au plus près de tout ce qu’il y aura à faire à Paris pendant les jeux Olympiques

IN : Gala est le troisième compte média mondial sur TikTok et vise le million d’abonnés au moment du Festival de Cannes sur Instagram… Quand on atteint ces niveaux, y a-t-il encore des progressions à aller chercher sur les réseaux sociaux ?

M.G. : il faut que l’on soit le plus présent possible… Sur TikTok, Gala a inventé « le CNN du Glam », une chaîne info qui couvre l’ensemble des événements glamours aux quatre coins de la planète. 10 millions d’abonnés, c’est énorme mais il y a encore matière à se développer car certaines célébrités en ont 100 millions sur TikTok et Instagram. Ce développement se fera en restant au plus près de notre ADN, en produisant des infos exclusives et en étant de plus en plus accrédités pour les événements les plus importants et exclusifs. Lors de la visite d’Etat de Charles III à Versailles, une de nos journalistes était la seule à pouvoir filmer devant la table présidentielle et nous avons d’ailleurs vendu ces vidéos à BFM TV et à tous les journaux télévisés. C’est un axe de développement d’autant que les réseaux sociaux sont les médias d’information de toute une génération et même de plusieurs générations. Gala est aussi positionné sur une actualité heureuse, ce qui est aussi une forme de spécificité et d’utilité intéressante dans cet univers.

Lors de la visite d’Etat de Charles III à Versailles, nous étions les seuls à pouvoir filmer devant la table présidentielle. Ces vidéos ont été vendues à BFM TV et à tous les journaux télévisés

IN : que vous inspire le deep fake porno créé par l’intelligence artificielle générative dont a été victime Taylor Swift sur X et de la riposte de ses fans pour « noyer » cette vidéo virale ? Comment faites-vous pour protéger vos contenus pour qu’ils ne soient pas détournés ?

M.G. : la propriété intellectuelle et le droit d’auteur sur les réseaux sont des notions très relatives. Les images se font aspirer et on les retrouve immédiatement partout sans crédit… Sur nos images les plus exclusives, nous posons un watermark avec un logo Gala qui apparaît en transparence. Sur ce sujet de l’IA, le rôle d’un média reconnu consistera à proposer une caution et un label d’authenticité sur les infos. Les images et les vidéos de stars que l’on trouvera sur Gala ne seront pas des deepfake. En cas d’attaque virale comme c’est arrivé à Taylor Swift, il faut avoir la même démarche que celle de ses fans et réagir avec la pédagogie de fact-checking qui rétablit une forme de vérité.

En savoir plus

Gala en chiffres :

La marque touche près de 14,3 millions de Français en print et en digital.

Chaque semaine, le magazine enregistre en moyenne 1,1 million de lecteurs. Sa diffusion France payée est de 123 123 exemplaires (DSH 2022-2023, ACPM).

Son site Internet attire 11 millions de visiteurs uniques par mois et ses réseaux sociaux rassemblent 11,7 millions de socionautes.

Le compte TikTok de Gala a franchi le cap des 10 millions d’abonnés en janvier 2024. La marque affiche 720 000 abonnés sur Instagram.

Gala Paris 24  proposera 15 éditions quotidiennes bilingues de 60 pages tirées à 15 000 exemplaires et distribuées dans les lieux affinitaires (hôtels, QG des sponsors, sites des épreuves).

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