Le crowdsourcing gagne en popularité dans les stratégies marketing des marques. Décryptage dans un nouveau rapport de confirmation plus que de révélation…
Leo est mannequin de vitrine français qui lors d’un défilé tombe éperdument amoureux de la belle californienne Sherry. Malgré un amour éternel, Sherry est renvoyée chez l’Oncle Sam au grand dam de son frenchie. Comme il est fauché mais retors, Leo décide pour retrouver se belle de lancer une opération de crowdfunding sur Kickstarter. Son nom : le very love trip. Cette belle histoire de brando-story-tello-content-social à la française est l’œuvre du Slip Français, qui pour séduire le marché nord-américain joue la carte du crowdfunding. Mais quémander sans impliquer n’est plus très bien vu par le consommateur. Dans un récent rapport, eYeka confirme l’attractivité du crowdsourcing dans les stratégies marketing des marques.
Quelles marques et quel marché remontent les manches et mettent les paluches dans le cambouis du participatif ? Avec quel contenu ? En utilisant le listing des Best Global Brands dressé par Interbrand, The State of Crowdsourcing in 2015 apporte des réponses précises à ces deux interrogations. Premier constat, depuis 2006 seulement 15% des marques n’ont jamais eu recours au crowdsourcing. Deuxième postulat, si l’appel au peuple était auparavant la chasse gardée des nouvelles technologies, les cadors des biens de grande consommation sont désormais les premiers solliciteurs après une croissance de 48% observée en 2014.
Est-il étonnant de lire dans le rapport que parmi ces mastodontes du PGC, les rois du soda sont les plus friands des campagnes de crowdsourcing ? Si vous nous lisez avec assiduité vous ne lèverez pas les yeux au ciel. Selon eYeka, Coca-Cola a fait appel à la participation du consommateur à 34 reprises en 2014, contre 30 fois pour son rival Pepsi, qui au passage pour info, vient de lui subtiliser le très juteux partenariat avec la NBA, la ligue de basket professionnel nord-américaine. Danone et Samsung y ont pour leur part eu recours à 28 et 27 reprises.
Plus d’idées, moins de contenu
« Les entreprises du PGC n’utilisent plus seulement le crowdsourcing comme seul levier de création d’un contenu moins cher et plus rapide. Elles semblent maintenant le considérer comme un moyen d’être plus créatif grâce aux consommateurs à chaque étape du processus marketing », commente le rapport. Nous posons alors la question : quel est le contenu le plus démocratisé quand il s’agit de solliciter les idées et suggestions du consommateur ?
D’après les conclusions de The State of Crowdsourcing in 2015 les concours vidéo sont encore les tremplins participatifs les plus appréciés par les marques : ils représentent 45% des campagnes crowdsourcées de 2014, à l’image du jeu annuel de Doritos pour son espace publicitaire au Super Bowl. Les jeux-concours sollicitant de nouvelles idées innovantes représentaient eux 23% des initiatives de crowdsourcing l’année dernière alors que les compétitions de musique pointent en toute fin de tableau, avec 1%.
Crowdsourcer c’est réduire son coût d’innovation
Dernière observation intéressante de l’étude, le tournant opéré par les marques désireuses en 2014 de mettre à contribution le consommateur pour en tirer des idées et pas seulement du contenu. En un an le rapport est passé de 89% contre 11% à 73% contre 27%. Toutes ces conclusions nous ont évidemment obligé à contacter le maître ès économie collaborative, Jeremiah Owyang, fondateur de Crowd Companies et intervenant régulier sur INfluencia. « Alors que le mouvement des makers continue de grandir en synergie avec les médias sociaux, la foule et les marques collaborent logiquement de plus en plus pour construire les produits d’une nouvelle génération. Les entreprises qui exploitent les idées et connaissances de la foule peuvent réduire leurs coûts d’innovation, pénétrer plus rapidement un marché et augmenter leur créativité. Celles qui exploitent la foule pour innover, ne génèrent pas seulement des nouveaux produits mais engagent avec beaucoup plus de profondeur et de loyauté avec leurs consommateurs. En crowdsourçant à partir de la plate-forme Quirky, GE a conçu des centaines de nouveaux produits dans de multiples catégories. »
Rapport complet