INfluencia : vous êtes un partenaire pas comme les autres des JO 2024. Quelle était votre position exacte à côté de tous ces géants de la communication ?
Marie-Aude Dubanchet : tout d’abord, il était extrêmement important pour nous « d’en être » parce que lorsque l’on est une entreprise avec des missions de service public présente sur tout le territoire, au plus proche des gens, nous ne pouvions pas ne pas être partenaire des JO. C’est d’ailleurs le COJO qui nous a contactés assez vite car ils avaient un sujet très important qui était de faire vivre les Jeux au-delà de Paris. En effet, nous étions les mieux placés pour amener ces Jeux partout sur le territoire.
IN. : diriez-vous que votre rôle était d’infuser les Jeux et comment avez-vous fait ?
M-A- D. : oui tout à fait, il s’agissait pour nous, et les 233 000 postiers d’une vraie responsabilité qui relevait du vivre ensemble. Je tiens à dire que si aujourd’hui nous sommes très heureux du résultat, à l’époque nous étions un peu inquiets de ce que nous pouvions faire avec des moyens limités. Non seulement, nous n’étions qu’un petit partenaire de l’événement, mais comme vous le savez sans doute en tant que supporteur officiel, nous n’avions pas le droit de faire de la communication externe. Nous avions en revanche le droit de faire de la communication interne dans le contexte extrêmement cadré et très professionnel que donne le COJO… Donc pour la visibilité c’était disons, ardu, il a fallu être créatifs et réactifs.
IN. : oui, émerger au milieu de ces géants partenaires officiels, cela pouvait faire peur… voire sembler infaisable…
M-A- D. : effectivement, nous avons travaillé (dès 2022) d’arrache-pied avec le COJO. Notre chance était qu’ils étaient vraiment animés par cette volonté de s’appuyer sur des partenaires qui pouvaient faire rayonner les JO au plus près des territoires. Et là, qui mieux que La Poste, les postiers, les bureaux de poste, nos médias propriétaires uniques que sont par exemple nos véhicules, le timbre officiel pour animer et diffuser l’esprit bienveillant et spectaculaire de l’événement. Il y avait ensuite un contrat portant sur les produits sous licence, le plus long et difficile à obtenir, parce qu’évidemment cela avait un coût… Une belle opération : nous avons même réussi à faire entrer notre musée de La Poste dans le parcours culturel des JO.
IN. : toujours dans le cadre d’un partenariat ?
M-A- D. : non, le musée n’était pas un partenariat, mais une convention qui a permis au musée de La Poste d’intégrer le parcours culturel olympique avec son exposition « Marathon, la course du messager ».
IN. : vous avez joué la carte des médias propriétaires, à fond…
M-A- D. : oui, nous avions peu de moyens, mais nous avons fait rayonner les Jeux avec les postiers et en utilisant l’ensemble de nos médias propriétaires. 233 000 collaborateurs dans le groupe, dont 179 000 en France, 60 000 facteurs qui font 45 fois le tour de la terre tous les matins, et 17 000 points de contact. Un maillage absolument incroyable puisque tout le monde a un bureau de poste ou un point de contact de La Poste à côté de chez soi… Personne n’a pu rater les voitures de La Poste, les vélos cargo et les boîtes aux lettres aux couleurs des JO et de la Phryge, mascotte de ces Jeux.
Nous avons recruté nos porteurs de flamme via un processus de candidature interne. En 24 heures, nous avions 12 800 candidats pour 140 places. Je ne m’attendais pas à un tel enthousiasme. Des postiers devenus des ambassadeurs, qui d’eux-mêmes, ont relayé notre rôle, nos actions, – rien d’officiel, mais très efficace- . Ils ont été très actifs sur LinkedIn en particulier…
IN. : pensez-vous, malgré la création de nouveaux métiers, que les salariés, facteurs (et autres métiers), soient impactés par l’immatériel ?
M-A- D. : le numérique a bouleversé le cœur de métier historique de La Poste : la lettre… 18 milliards de lettres étaient envoyées en 2008, aujourd’hui ce sont 6 milliards de lettres qui s’envoient. C’est une baisse colossale à laquelle La Poste a réagi en diversifiant ses métiers dans le colis, la banque-assurance, les services, le digital… Notre participation aux JO était également primordiale pour l’interne. J’ai d’ailleurs un chiffre parlant : pour 3 postiers sur 4 notre statut de supporteur a renforcé la fierté de travailler pour l’entreprise… C’est exactement ce que l’on cherchait. Donner l’image d’une entreprise engagée, par le sport, sur le territoire, pour la société.
IN. : les retombées presse ont été très importantes aussi, expliquez-vous…
M-A- D. : nous avons des relations avec les médias, notamment avec la PQR, qui sont extrêmement fortes. Aujourd’hui, 80 000 articles par an nous concernent, en grande majorité réalisés par la PQR. Ainsi nous avons bénéficié de 1 400 articles sur notre participation aux Jeux, dont plus de 400 consacrés aux porteurs de flamme. Côté réseaux sociaux, nous avons réalisé 14 millions de vues, ce qui nous place au 8e rang des marques françaises les plus influentes pendant les JO.
IN. : vous allez nous parler du produit magique de La Poste ?
M-A- D. : les timbres collector qui sont des produits sous licence. Le timbre officiel de Paris 2024, émis à 800 000 exemplaires, lui est épuisé ! Le Collector de 4 timbres sur la Vasque des Jeux de Paris 2024 s’est vendu à plus de 60 000 exemplaires.
IN. : la Vasque olympique vous a bien occupés également…
M-A- D. : en un temps record et avec l’aval d’EDF nous avons lancé l’édition de ce collector consacré à la vasque et ce, dans la foulée de la cérémonie d’ouverture. Et bien-sûr tous ces timbres étaient en vente dans nos bureaux de poste et dans les trois bureaux de poste éphémères implantés à l’occasion des JO. L’un était installé dans l’International Broadcast Center, un autre dans le Main Press Center et puis un magnifique bureau au village des athlètes… Des bureaux à la fois fonctionnels pour les envois et réceptions de colis ou lettres, mais aussi des lieux pour y créer des activations comme le « Timbre des Champions », destiné aux athlètes qui venaient se faire prendre en photo pour obtenir un timbre personnalisé. Près de 10 000 collectors ont été imprimés. Il y avait également la « Tournée des Champions » un jeu vidéo ludique au cours duquel, les athlètes étaient invités à tester deux vélos de facteurs.
IN. : allez-vous capitaliser sur ce succès ?
M-A- D. : nous avons réalisé un film que nous avons envoyé aux équipes. Et puis nous nous sommes retrouvés lors d’un grand événement interne pour les informer de ces beaux résultats, et les remercier de leur coopération.
IN. : pouvez-vous évoquer le chiffre d’affaires réalisé pendant cette opération ?
M-A- D. : globalement nous sommes très satisfaits du chiffre d’affaires que nous avons réalisé grâce aux produits sous licence et avons réellement le sentiment d’avoir été un partenaire à la hauteur des ambitions de ces JO de Paris.