25 juin 2024

Temps de lecture : 3 min

Marc Fischli, Criteo : « le retail média doit parler la langue du directeur marketing, voire du directeur financier »

Marc Fischli, l'International Managing Director de Criteo était aux Cannes Lions. Il a répondu aux questions d'INfluencia sur l'essor du retail média, un secteur en pleine croissance.

INfluencia : pour 2023 comme pour le premier trimestre 2024 vous avez présenté des résultats « records » à vos investisseurs : tout va donc très bien pour Criteo aujourd’hui ? Même en France ?

Marc Fischli : oui, comme le montrent nos résultats, ça va très très fort. Nous avons rebondi sur notre business classique de la performance média – qui inclue toute la partie historique de notre activité – : c’est la première année où nous y retrouvons de la croissance. Surtout dans le secteur des voyages, qui est fortement reparti. En parallèle, nous continuons notre croissance à l’international et en Europe sur le retail média, qui reste très performant et représente plus de 50% de notre activité désormais.

En Europe, nous avons eu l’année dernière une année difficile, en particulier en France, avec des pertes de clients. Mais là, nous regagnons des parts de marché et ça va plutôt bien. Nous repartons avec beaucoup d’humilité pour rebondir en France, avec l’arrivée d’Estelle Decré Ravez en tant que Managing Director. En Allemagne et au Royaume-Uni, nous avons des croissances de +30% à +40%, avec même une accélération par rapport à l’année dernière. Donc en globalité, tout va très bien.

IN : comme vous, le marché du retail média se porte bien, mais en Europe, il reste encore limité… que manque-t-il à un développement plus rapide ?

MM : il y a un enjeu de « scalabilité » : il faut faciliter davantage les choses pour les marques et les agences. Les Américains ont été très simplistes : ils font tous du produit sponsorisé, et ça fonctionne très bien, car c’est un format qui permet de passer à l’échelle relativement vite. En Europe, comme il y a beaucoup d’acteurs, chacun veut se différencier un petit peu vis-à-vis des concurrents. Pour cela, tout le monde propose des offres différentes… C’est très bien en théorie, mais pour le client – c’est-à-dire les marques – ce n’est vraiment pas simple. Il faudrait être plus « boring », comme les Américains, c’est-à-dire se concentrer sur un format simple, gagner en taille de marché et ensuite seulement chercher à se différencier.

Il y a aussi un enjeu de mesure : nous travaillons tous beaucoup sur le sujet avec l’Alliance Digitale et l’IAB Europe, ça avance, mais pas assez. On reste encore trop dans une vision adtech, avec la notion de ROAS. Il faudrait être beaucoup plus proche des enjeux des marques, qui s’intéressent à des gains de part de marché, veulent faire essayer leurs produits et savoir si le client l’a racheté. Si on veut toucher des budgets un peu plus importants chez les marques, nous devons parler la langue du directeur marketing, voire du directeur financier.

IN : une prochaine étape pour le secteur est de parvenir à connecter la publicité sur le lieu de vente avec les campagnes online…

MM : oui, et nous avons racheté Brandcrush l’an dernier pour aller sur ce sujet de l’in-store. Pour le moment, c’est une activité qui existe en parallèle, mais nous travaillons à l’intégrer dans notre plateforme, pour faire en sorte que tous les inventaires, en ligne et en magasin, soient disponibles au même endroit. Cela permettra aux marques et aux agences de lancer des campagnes très intégrées, en commençant par exemple par un écran sur le parking du magasin. Ça se développe énormément, particulièrement en Europe où le marché a de l’avance sur les Etats-Unis : Tesco et Sainsbury ont fait des annonces sur le sujet l’automne dernier, Carrefour en France et Rewe en Allemagne également. C’est un mouvement que nous suivons évidemment.

IN : pour préparer la suite, vous misez notamment sur la R&D : sur quoi travaille votre « AI Lab » à Paris ?

MM: à l’époque de son lancement, en 2018, l’AI Lab se concentrait sur les sujets de performance marketing. Désormais, il travaille aussi sur les sujets de retail média, autour de quatre cas d’usages de l’IA : la planification des campagnes, le ciblage, la création et la mesure. Nous ferons plus d’annonces sur ces sujets dans les mois qui viennent.

À lire aussi sur le même thème

Les Newsletters du groupe INfluencia : La quotidienne influencia — minted — the good. Recevez une dose d'innovations Pub, Media, Marketing, AdTech... et de GOOD

Bonne idée ! Je m'inscris !

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia