Santé par l’alimentation – santé par les médicaments. Notre société est depuis peu engagée dans un véritable débat. Je suis sur le qui-vive. L’EFSA (European Food Safety Authority), l’équivalent de notre AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) national, a décidé, à juste titre, de vérifier toutes les allégations santé faites par des produits alimentaires. La santé est trop importante pour qu’on laisse raconter n’importe quoi sur des produits de consommation courante. Il est donc tout à fait normal de demander des preuves. Jusque là, tout va bien.
Le problème auquel personne à ce jour n’a suffisamment réfléchi est : « quels doivent être les critères pour évaluer les dossiers concernant des aliments ? ». Le modèle que nous connaissons le mieux s’applique aux médicaments. Est-ce celui qu’il faut maintenant appliquer à l’industrie agro-alimentaire ? ». C’est à peu de choses près ce que l’EFSA a décidé de faire. Ses responsables auraient-ils oublié que la bouffe n’a rien à voir avec les pilules que certains doivent prendre pour éviter de mourir prématurément ? Alors que la première est consommée tous les jours, qu’on soit en bonne santé ou malade, les médicaments sont développés en sachant à l’avance où et comment ils vont déclencher une action utile – empêcher nos artères de se boucher, enlever une douleur, …. Ce n’est pas du tout la façon dont l’industrie agro-alimentaire met au point ses produits. Heureusement que les notions de goût, texture et finesse dominent. Vive la gastronomie et le Guide Michelin !
Or, il existe de nombreux aliments qui offrent de vrais bénéfices santé – ferments lactiques aux probiotiques contre certaines maladies infectieuses ou auto-immunes, margarines anti-cholestérol et bien d’autres. Le but de cet article n’est pas de les recenser mais de comprendre comment distinguer le bon grain de l’ivraie au niveau des allégations. Et, il y a urgence en la matière car, malgré les connaissances énormes de la médecine, on ne sait soigner qu’environ un malade sur deux dans les pays dits « développés ».
Comme il faut manger pour vivre, si nous mangions de telle sorte à être moins malade, tout le monde y gagnera. La Sécu aura moins à dépenser pour rembourser les médocs qui peuvent être remplacés par une bonne alimentation. Moins de pilules et de piquouses, c’est aussi moins d’effets secondaires pour les malades. L’industrie pharmaceutique sera poussée à récupérer son manque à gagner sur des innovations pour les maladies restées sans solution. Génial !
Où est le problème ? Il est dans le fait que la science exigée actuellement pour les allégations santé n’est pas claire. Les rejets massifs de dossiers par l’EFSA ne sont pas toujours à bon escient. Mais comment, allons-nous, sans allégations, sélectionner les aliments qui peuvent nous faire du bien? Pire encore, si l’industrie alimentaire ne peut plus vanter les mérites de ses produits, pourquoi continuerait-elle à faire des recherches sur la santé ?
D’une opportunité triplement gagnante, nous allons tout perdre. Les scientifiques sont en train de monter au créneau via des lettres à l’EFSA. L’industrie agro-alimentaire a elle aussi décidé de réagir. Il ne reste plus qu’à espérer que le vrai débat sur les critères aura enfin lieu avec toutes les parties prenantes y compris nous, les consommateurs.
Linda Pavy, European Healthcare-Nutrition Leader Burson Marsteller