19 mars 2025

Temps de lecture : 4 min

M International : un goût français, reflet de nos valeurs et de nos modes de vie

Avec M International, la marque M part à la conquête d’un public anglophone. L’ambition ? Partager toutes les facettes de la « French Touch » et du « Goût de M », mais aussi étendre le territoire de la marque, comme l’explique Marie-Pierre Lannelongue, directrice adjointe de la rédaction de M Le magazine du Monde, qu’elle a lancé il y a près de 15 ans.

INfluencia : le premier numéro de M International, tout en anglais, est sorti début mars 2025. Comment a été pensée cette nouvelle déclinaison biannuelle de la marque M ?

Marie-Pierre Lannelongue : nous avions déjà lancé en 2019 une édition en anglais sur un format à peu près similaire puis, au moment de nous lancer dans le deuxième numéro, le Covid est arrivé. Cet essai était déjà un très bel objet avec un beau papier. Peut-être un projet un peu trop ambitieux car, à cette époque, la marque M n’avait pas encore vraiment commencé à se développer. Entre temps, nous avons lancé Le Goût de M, qui s’est progressivement décliné en podcast, en supplément papier et, en 2024, avec un premier festival… Aujourd’hui, la réflexion autour de la marque est beaucoup plus forte et stratégique avec, tous les 12 à 18 mois depuis l’après-Covid, des nouveautés pour développer ce qui commence à ressembler à un écosystème. Via les réseaux sociaux, les photographes avec lesquels nous travaillons, les stars qui acceptent de faire des photos avec nous et de nous accorder des interviews…, nous nous sommes aussi rendu compte que M Le magazine du Monde était connu à l’étranger. Dans ce milieu, on nous demandait souvent comment il était possible de trouver le magazine, de le lire. Comme il n’est pas économiquement viable d’envoyer 52 semaines par an un numéro dans tous les pays, c’était aussi le bon moment pour lancer cette édition internationale, partager l’expérience de ce qu’est M et agréger autour de nous une communauté internationale qui parle anglais, comme le groupe le fait déjà avec Le Monde in English. C’est un vrai projet de développement qui va au-delà de ces deux magazines papier très sophistiqués avec un côté collector puisque, depuis le 9 mars, nous publions une newsletter proposée deux dimanches par mois. J’écris « A Letter From Paris » avec une sélection très ciblée d’histoires qui racontent à l’instant T un point de vue parisien de la rédaction.

M International partage avec une communauté internationale anglophone les valeurs et les modes de vie français

IN. : pourquoi avoir fait de « Goût de M » l’axe de développement de la marque ?

M-P. L. : le goût est tout sauf anecdotique. C’est l’expression d’une culture, d’une personnalité, d’une classe sociale… Les goûts racontent qui vous êtes. Ils révèlent un ensemble de valeurs, liées à l’authenticité plutôt qu’au bling-bling, à l’amour des bons produits, à l’artisanat, au savoir-faire… De nos jours, le goût est même un peu politique. Aux États-Unis, on voit émerger un goût et une apparence à travers la chirurgie esthétique et des visages qui se ressemblent tous, l’idée d’un masculin et d’un féminin pleins de stéréotypes, une cuisine et des produits que l’on taxe, une tradition refermée sur elle-même… Autant de choses qui sont le contraire de M et des histoires que nous racontons. Face au goût trumpien, nous sommes dans l’anti Mar-a-Lago. En lançant M International, il y avait aussi l’idée qu’il n’est aujourd’hui pas totalement absurde de mettre en avant un goût européen et français, empreint de nos valeurs et de nos modes de vie.

Le goût est tout sauf anecdotique. Aujourd’hui, il est même un peu politique

IN : pour le public anglo-saxon, la France a souvent été très caricaturée, notamment à travers Emily in Paris

M-P. L. : quand la série a voulu faire référence à un journal français, elle a d’ailleurs montré une fausse une de M Le magazine du Monde (dans la saison 3, ndlr) mais notre approche éditoriale est à l’opposé de ces clichés. La France reste un label qui signifie beaucoup de choses pour les Américains – davantage que l’Italie – et nous essayons de surfer là-dessus. Depuis deux ans avec Le Monde in English et désormais avec M International, nous pensons qu’une voix française – qui n’est pas la voix de la France – peut intéresser le public. Pour raconter les histoires qui font la France aujourd’hui, la sélection d’articles reprend toutes les rubriques et tous les ingrédients du supplément hebdomadaire. Dans le premier numéro, on retrouve donc des papiers sur le procès de Mazan, sur #Metoo avec le témoignage d’Isild le Besco, un portrait de Jordan Bardella…

IN : y a-t-il eu des défis pratiques pour monter cette édition tout en anglais ?

M-P. L. : depuis le lancement du Monde in English, nous avons l’habitude de faire circuler les contenus, de les traduire avec une exigence et une qualité qui sont l’égal de l’original en français, puis de les publier sur le numérique. En termes de structure et de mécanique, cela nous a beaucoup facilité le travail.

IN : le luxe est le principal secteur annonceur du premier numéro. N’est-ce pas un élément de fragilité au moment où ce secteur connaît une période de turbulences ?

M-P. L. : le modèle économique de M International est plutôt publicitaire, même s’il s’appuie aussi sur des revenus de diffusion avec un magazine vendu à 30 €. Un Coréen a même commandé 50 exemplaires du premier numéro, qui est très collector. Pour l’instant, les objectifs publicitaires fixés ont été remplis. Le Monde et M Le magazine du Monde sont des supports de qualité et d’innovation. La marque M s’est engagée dans une politique de diversification, qui reste toujours très en ligne avec le projet éditorial. J’ai la naïveté de penser que le marché publicitaire comprend cette sincérité et le fait que nous sommes dans une histoire qui se construit pas à pas, en montant à chaque fois une nouvelle marche.

En 2026, ce sera les 15 ans de M. Il y aura donc une logique à faire un vrai festival

IN : d’autres nouveautés sont-elles à venir sur le supplément hebdomadaire et sur la marque M ?

M-P. L. : le secteur des suppléments de quotidiens est très porteur, avec des innovations partout en France et ailleurs. C’est une nouveauté par rapport à l’époque où nous avons lancé M. Comme nous l’avions déjà fait en 2019, la maquette de l’hebdomadaire s’aligne sur la nouvelle maquette de M International, qui devient aussi celle du Goût de M. Nous restons pour autant fidèles à nos fondamentaux avec une maquette sobre, même austère, mais élégante, qui propose des pages avec beaucoup de texte car la lecture est très importante, tout en laissant beaucoup de place à l’image, mise en majesté. En 2026, nous referons un festival. Il n’a jamais été question d’en faire un tous les ans car, à chaque fois, nous voulons proposer quelque chose de différent. En 2026, ce sera les 15 ans de M. Il y aura donc une logique à faire un vrai festival.

En savoir plus

M International a été tiré à 25 000 exemplaires.

Le magazine papier de plus de 200 pages est distribué dans 20 pays, 37 villes et 350 points de vente. A Paris, il est par exemple disponible à la librairie Smith & Son, dans des concept stores (notamment Bonjour Jacob à Saint-Germain des Prés), des boutiques comme The Broken Arm, les boutiques de musées (Palais de Tokyo, Musée des Arts Décoratifs…).

Le premier numéro French Touch arbore deux couvertures. L’une avec Angèle, l’autre faisant référence aux JO de Paris 2024.

Il comptabilise plus d’une vingtaine d’insertions publicitaires.

Les offres publicitaires autour de la marque accordent aux annonceurs une présence sur l’ensemble de ses canaux (print, social et digital) avec une visibilité exclusive sur la newsletter quinzomadaire.

Selon le groupe, le chiffre d’affaires de la marque M (print et digital, dont l’audio) contribue à hauteur de 30 % au chiffre d’affaires publicitaire de la marque Le Monde.

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