L’Union européenne a averti lundi les Etats-Unis que la suspension des émissions de médias qu’ils financent, dont Radio Free Europe, risquait de « bénéficier à nos adversaires communs ».
Des centaines d’employés des radios Voice of America (VOA), Radio Free Asia, Radio Free Europe et d’autres organismes financés par des fonds américains ont reçu ce week-end un courrier électronique les informant qu’ils seraient interdits d’accès à leurs bureaux. « Il est triste d’apprendre que les Etats-Unis retirent leur financement », a souligné la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. Radio Free Europe fut un « phare de la démocratie » pendant la guerre froide, pour raconter ce « qu’il se passait réellement » dans le bloc soviétique, a-t-elle souligné. Le sort de cette radio a été évoqué lundi pendant le conseil des ministres des affaires étrangères des 27.
Des discussions en vue pour préserver Radio Free Europe
« Pouvons-nous apporter nos fonds pour combler le vide ? (…) La réponse à cette question n’est pas automatique, car de nombreuses organisations nous adressent la même demande, mais les ministres des affaires étrangères ont vraiment insisté pour que l’on discute de cette question et que l’on trouve une solution », a-t-elle assuré. Un peu plus tôt, la porte-parole de la Commission européenne Paula Pinho avait elle aussi regretté la décision américaine qui risque de « profiter à nos adversaires communs ». « La liberté de la presse est essentielle pour la démocratie », avait-elle souligné. Le gouvernement tchèque a prôné dimanche des discussions avec ses partenaires européens afin de « préserver » Radio Free Europe face au désengagement américain.
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Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), financée par le Congrès américain, a été fondée en 1950 pendant la Guerre froide pour émettre vers le bloc communiste. Elle a contribué, quatre décennies plus tard, à la chute des régimes totalitaires en Europe centrale et de l’Est. Basée à l’origine à Munich, la radio s’est déplacée à Prague en 1995. Aujourd’hui elle émet toujours en 27 langues vers 23 pays pour beaucoup restreignant drastiquement la liberté des médias, avec un réseau d’environ 1.700 journalistes, permanents comme pigistes, et une audience de près de 50 millions de personnes chaque semaine.