Les effets spéciaux sont saisissants, les imitations efficaces et les tics de langage bien trouvés. Retour vers le futur. Nous voici en 2042. Certains candidats et plusieurs acteurs de la campagne présidentielle qui s’est tenue vingt ans plus tôt en France refont le film de ce qu’ils auraient pu/dû faire pour éviter la catastrophe climatique qui frappe la planète.
Les températures estivales dépassent aujourd’hui couramment les 40 degrés. Les jours de grosse chaleur, le thermomètre approche 50°C. Dans cette fiction imaginée par Greenpeace, Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen, François Hollande et les animateurs Pascal Praud et Cyril Hanouna se souviennent de leurs actions et de leurs discours avec deux décennies de recul.
Ce film de deux minutes est tourné comme ces documentaires dans lesquels des personnes sont interviewées face caméra, dans une pièce sombre, le visage éclairé par une lumière crue. Dans cette fiction, notre président de la république actuel fait du « Macron ». Il affirme avoir des regrets de ne pas en avait fait assez sans jamais se critiquer directement. Il tente aussi de se justifier en expliquant que les puissants lobbys industriels et financiers l’ont obligé à faire des choix. Son prédécesseur à l’Elysée, est plus humble en jugeant « ne pas avoir été à la hauteur des enjeux ». François Hollande reconnaît même avoir des remords concernant la non-application des Accords de Paris. Valérie Pécresse avoue avoir manqué de courage politique.
Marine Le Pen tente, elle, de se disculper en expliquant que dans son parti, l’urgence était identitaire avant d’être climatique
Mais comme tous les politiciens, elle préfère employer le « on » et le « nous » plutôt que le « je » lorsqu’il s’agit d’avouer ses torts. Marine Le Pen tente, elle, de se disculper en expliquant que dans son parti, l’urgence était identitaire avant d’être climatique. Cyril Hanouna referait bien, pour sa part, sa grille de programme. « Si j’avais su le tiers du quart de la moitié de ce qui allait arriver, j’aurais fait du 24 heures sur 24 sur l’écologie », juge-t-il. Pascal Praud reste, lui, campé sur ses positions quand il affirme que l’écologie n’était pas, à l’époque, un sujet pour la télévision. La présence sur son plateau de climato-sceptiques était, d’après lui, une stratégie pour animer le débat et raviver la polémique souvent source d’audience.
Pascal Praud reste, lui, campé sur ses positions quand il affirme que l’écologie n’était pas, à l’époque, un sujet pour la télévision.
Ce film très bien réalisé a été rendu possible grâce au deep fake. Utilisée de longue date par l’industrie du divertissement, cette technologie de trucages reposant sur l’intelligence artificielle est aussi connu sous le nom de synthetic media. Longtemps réservé aux experts des effets spéciaux et aux producteurs de films à gros budget, le deep fake est aujourd’hui accessible à tous et pour presque rien grâce à plusieurs spécialistes qui proposent leurs services sur la Toile comme Reface, CannyAI ou Respeecher.
En choisissant la fiction, Greenpeace cherche à montrer en quoi la toute prochaine élection présidentielle est déterminante. L’ONG souhaite également répéter qu’il est aujourd’hui encore possible de sauver le climat mais que le temps presse. La guerre en Ukraine n’encourage, hélas, pas les candidats à parler d’environnement dans leur campagne…