La recherche de nourriture dans votre quartier peut-elle être un voyage à travers le temps et la culture ? L’application Falling Fruit le pense et invite le citoyen urbain à célébrer une alimentation hyper-locale.
Le circuit court alimentaire n’est plus une simple mode de bobo qui s’invite par opportunisme dans les débats électoraux. Depuis janvier 2017, le manger local est une loi visant à favoriser l’ancrage territorial de l’alimentation avec un objectif de 40 % de produits locaux issus de l’agriculture durable, dont 20 % de bio, d’ici 2020 dans la restauration collective scolaire. Les producteurs sont déjà 20% à utiliser les circuits courts facilités par les AMAP et les Ruches pour leur distribution, preuve que la tendance du « farm-to-table » rejoint l’agribusiness et l’urban farming dans la grange à outils de la transformation de l’agriculture. Puisque 80% des Occidentaux sont des urbains et que l’appétence des villes pour le bon sens et l’authenticité est historique, l’application Falling Fruit joue la carte (interactive) de l’hyper-local.
Pensée et développée par une association à but non lucratif éponyme de Boulder, paradis nord-américain pour hipsters écolos, Falling Fruit répertorie les arbres fruitiers dans les grands centres urbains. Construite par et pour les glaneurs, l’application, disponible sur Google Play iOS pour 3 euros, est une carte participative qui redéfinit la relation entre le citadin et sa ville, transformée en un verger. Jusqu’à présent, Falling Fruit contient 1 800 différents types comestibles (la majorité des espèces végétales) répartis sur 1 198 706 repères.
« Notre application est une célébration de la générosité alimentaire de nos villes. En quantifiant cette ressource sur une carte interactive, nous espérons faciliter les connexions entre les humains, leurs nourritures et les organismes naturels qui poussent dans nos quartiers. Le glanage au 21ème siècle est une occasion d’explorer nos villes, lutter contre le fléau des trottoirs tachés, et de renouer avec les origines botaniques de notre nourriture », explique l’association à l’origine de cette initiative qui aurait pu être celle d’une marque en quête d’un brand content serviciel.
L’engagement collaboratif
Ouverte à quiconque veut la modifier, la base de données peut être téléchargée en un seul clic. « Notre page de partage répertorie des centaines d’associations locales dans les domaines de plantation de vergers et parcs comestibles publics,le glanage des fruits et légumes dans les ville et les champs, et la redistribution aux voisins et aux pauvres », argumente Falling Fruit sur son site web. Sans être la première du genre, cette carte comestible a le mérite de compléter les trouvailles de ses utilisateurs par une fouille sur le web, cherchant ainsi à unir les efforts des glaneurs, forestiers et freegans du monde. »
Alors que le glanage urbain soulève certaines questions pratiques, les créateurs préférent prévenir les utilisateurs, qui ont déjà répertorié plus de 23 000 types en France: « Soyez prêt à rencontrer des inexactitudes sur le terrain, et, s’il vous plaît, modifiez la carte en fonction de vos découvertes. En fin de compte, c’est à vous de déterminer l’identité, la comestibilité, et l’emplacement d’une plante, et, c’est la responsabilité de tous d’améliorer la qualité de la carte. » En sollicitant le citoyen urbain pour découvrir autrement sa ville, Falling Fruit renforce une tendance qui possède déjà quelques parangons éloquents.
Carte du glanage urbain