Début mars pendant que son action en bourse dégringolait, GoPro faisait la pub de son partenariat avec Periscope en envoyant deux ambassadeurs plonger avec des requins. L’opération promotionnelle fonctionne car elle s’appuie sur une utilisation réelle.
« Nous avons d’énormes possibilités d’évolution pour améliorer l’expérience de nos utilisateurs. GoPro est la première étape naturelle ». Dans un entretien exclusif accordé à INfluencia, le co-fondateur et CEO de Periscope, Kayvon Beykpour synthétisait l’esprit du mariage de raison avec GoPro. Nous le résumerons en trois mots : valeur, expérience et immersion. Pour promouvoir l’intégration de la plate-forme de livestream dans les caméras Hero 4, les deux partenaires ont diffusé en direct une plongée extrême avec des requins.
Selon Keyvon Beykpour, un des bienfaits de la retransmission sur Periscope d’un moment filmé par une GoPro -via une connexion au smartphone de l’utilisateur – est de « permettre aux diffuseurs, notamment les aventuriers et les athlètes, d’être plus créatifs ». En envoyant deux de ses ambassadeurs faire « mumuse » avec des requins-bouledogues dans les eaux paradisiaques des Bahamas, GoPro a conçu, le 3 mars dernier, une opération promotionnelle qui va conforter le patron de Periscope dans ses certitudes. Si lui est convaincu, diffuseurs et spectateurs le sont forcément également. Et la collaboration entre le partage de l’application et l’adrénaline de la caméra ne se contente pas de prendre tout son sens : elle exhale la découverte, l’exploration et l’aventure.
BASE jumpers cintrés, Jebb Corliss et Roberta Mancino sont aussi des plongeurs aussi marteaux que les requins qu’ils peuvent croiser dans leurs expéditions sous-marines. Leur folie exotique attise la jalousie, l’admiration ou au minimum la curiosité. Même celui, qui ne les envie pas, est au moins tenté de regarder, non ? Surtout quand le cadre est l’exceptionnelle côte des Bahamas, dans le bleu transparent des Caraïbes. Il y a deux semaines, GoPro a donc permis à chaque utilisateur de Periscope de regarder en direct la plongée des deux égéries filmées avec des Hero 4. Magique. Captivant. Fantasmatique.
« Le risque, c’est ce qui scotche le spectateur »
Le coup de pub est d’autant plus réussi que cette retransmission ne relève pas du leurre finalement préjudiciable que peut être un one-shoot marketing trop bien ficelé pour ne pas être qu’un buzz publicitaire. N’importe quel aventurier ou sportif de l’extrême désireux en effet de faire partager ses émotions en direct en est capable, sans l’aide de l’organisation officielle de GoPro. « C’est génial de pouvoir regarder en live du BASE jump ou une plongée avec des requins. Ce sont des activités à hauts risques, on ne sait jamais comment ça va se terminer. Et c’est ce qui scotche le spectateur devant son écran », commente Jeb Corliss, dans un entretien relayé par GoPro.
Avec une action en bourse en pleine dégringolade et une baisse de son CA au dernier trimestre 2015, le pionnier du marché de la caméra d’action joue gros en se « maquant » avec Periscope. Sa réussite pourrait résoudre le principal problème structurel qui aujourd’hui plombe le moral des actionnaires : le casse-tête du montage. Car ce n’est pas le tout d’avoir filmé des heures d’action, encore faut-il savoir assembler les images pour en faire un film agréable à regarder.
Pour les annonceurs, objectif drone ?
Pour rectifier ce souci majeur, GoPro a sorti le chéquier et racheté deux applications mobiles -Replay et Splice- spécialisées dans le montage vidéo sur smartphone et tablette. Avant d’intégrer également dans son giron le Français, Stupeflix. Voilà pour une étape. L’autre passera sûrement par le contrôle des airs. Pour les marketeurs, si le livestreaming sur mobile a ouvert les portes d’un sésame d’opportunités d’engagement, Periscope et GoPro pourraient bien s’imposer comme les prochains leviers préférés des annonceurs sur le marché de l’édition et de la diffusion d’images de drones.
« Même si le secret a été bien gardé, on sait que GoPro était en train de travailler sur un drone grand public dès 2014. Mais tout le monde se demande où est le drone Karma, dont le lancement est prévu cette année. Le marché des drones grand public partage beaucoup des mêmes caractéristiques que le secteur de la caméra d’action. On ne sait pas exactement jusqu’à quel seuil il grandira », expliquait, le 1er mars, le site Objectifeco.com. Quant à Keyvon Beykpour, même s’il ne ne nous l’a pas dit officiellement, son discours en filigrane nous permet de comprendre qu’après les caméras GoPro, les drones sont la prochaine étape d’intégration.