Cobaye quasi mandataire de l’étude menée par l’école de journalisme de l’université londonienne, le quotidien britannique The Guardian est depuis 2005 le pionnier du live blogging. Révélé au grand public lors du traitement des attentats dans le métro de la capitale anglaise, ce nouveau support de fourniture de contenu est vite rentré dans les mœurs journalistiques.
Que ce soit pour traiter d’un événement sportif, politique ou économique – comme le printemps arabe, une élection, une catastrophe naturelle, une conférence internationale ou de simples faits divers – « l’Open Journalism » autre nom donné au live blogging s’est imposé comme une nouvelle arme de couverture de l’info. Une arme déjà mise en avant début 2012 par The Guardian au travers d’une campagne intelligente baptisée « Three Little Pigs Advert « , et récompensée par un Lion Or au dernier festival de la pub à Cannes. Le dispositif développé par BBH mettait l’accent sur une nouvelle forme de journalisme interactif et réactif ( voir en bas de l’article ). Une évolution du live blogging qui fait du lecteur une des pièces maitresses du média traditionnel de demain.
La France quant à elle n’a pas encore complètement adopté l’outil. Les résultats de l’étude de la City University London pourrait lui faire gagner en popularité. Deux chiffres résument à eux seuls l’efficacité du live blogging auprès du consommateur-lecteur : 300% de visites supplémentaires et 233% de visiteurs en plus sur un même sujet comparé à un article en ligne classique. Même les galeries photos toujours très appréciées ne résistent pas au phénomène, avec 219% de visiteurs en moins.
L’étude qui porte sur le Guardian estime que sa transparence quasi conversationnelle et la nature de son format expliquent le succès de la nouvelle arme journalistique, si révélatrice de son époque.
Réalité et quantité séduisent le lecteur
Avec le live blogging -dont la dénomination fait la définition- le lecteur connecté peut suivre toute l’actu de l’événement sur une seule page et en temps réel. Last but not least, il estime y recevoir une information plus objective. C’est peut-être cette conclusion qui est la plus intriguante. Un journaliste du Guardian met à jour son live blog toutes les 20 minutes sur les six heures non stop que peut durer sa couverture. Lui demander de recouper les sources relève de l’impensable!
La transparence des sources et l’accumulation des citations servent d’alibi à l’erreur, certes. Mais sans « fact checking » digne de la réputation de son média, le live bloggeur prend le risque de publier des supputations, des qu’en-dira-t-on, voire des erreurs factuelles. Visiblement, le lecteur non seulement s’en moque mais accorde même plus de crédit à la réactivité et la quantité. Pour preuve, il commente deux fois plus sur un post de live blog que sur un article traditionnel mis en ligne sur le même site Web.
« Les live blogs sont populaires parce qu’ils rencontrent les nouvelles préférences de la consommation d’information », commente Neil Thurman, un des deux auteurs de l’étude. « De plus en plus, les news sont consommées au bureau ou pendant son temps de travail, cela explique la changement dans la demande du lecteur. Il est plus avide d’un suivi continu et court. » Le live blog, réponse ultime aux exigences d’un consommateur curieux mais pressé ?
Retrouvez l’intégralité de l’étude ici
Benjamin Adler