Les déchets alimentaires intéressent de plus en plus les chercheurs qui transforment ces derniers en produits bioplastiques, notamment. Le « zero waste » prend de l’ampleur…
Chaque jour, vous jetez à la poubelle, sans même y penser, vos épluchures et vos aliments périmés ? Chaque automne, vous mettez au compost les feuilles qui recouvrent votre jardin et les branches mortes tombées des arbres ? Ne vous inquiétez pas. Vous n’êtes pas les seuls à faire de même. Chaque année, 110 millions de tonnes de déchets végétaux et animaux sont produits dans l’Union européenne. Près du tiers de ce volume pour le moins impressionnant proviennent de l’agriculture, de la sylviculture et de la chasse. Pendant des décennies, ces résidus étaient laissés à l’abandon ou stockés dans des décharges. Depuis quelques années, des initiatives sont apparues ici ou là pour les récupérer et les utiliser afin de produire du biogaz. Avec le réchauffement climatique qui inquiète une part importante de la population (mieux vaut tard que jamais…) et pour répondre aux attentes de nombreux citoyens qui souhaitent lutter contre le gaspillage, des entrepreneurs cherchent aujourd’hui à trouver de nouvelles solutions pour récupérer ces déchets et les transformer en matière première afin de leur donner une seconde vie.
Des déchets à croquer
Un restaurant finlandais propose ainsi sur sa carte des plats mijotés avec des aliments destinés à la poubelle. Chaque matin, Loop, qui se trouve tout près du centre-ville d’Helsinki, envoie un camion faire la tournée d’une quinzaine de magasins pour récupérer les invendus. Ces produits sont ensuite cuisinés par le chef de l’établissement qui appartient à l’association From Waste to Taste avant d’être dégustés par la clientèle. L’été, une centaine de couverts sont assurés chaque jour contre une quarantaine l’hiver. À Paris, le restaurant associatif Freegan Pony propose, lui aussi, des plats qui sont préparés avec des aliments invendus récupérés sur le marché de Rungis. Mais notre nourriture pas entièrement consommée, oubliée trop longtemps au réfrigérateur ou qui n’a pas trouvé preneur dans les grandes surfaces peut aussi être utilisée pour fabriquer d’autres produits plus surprenants.
L’industrie automobile s’y intéresse
Le bar londonien Nine Lives récupère ainsi les citrons laissés dans ses cocktails afin de les distiller pour ensuite les transformer en savon ou en liqueur qui serviront dans d’autres boissons. Mais vous pourrez également bientôt conduire une voiture dont les pièces auraient pu vous donner l’eau à la bouche il n’y a pas si longtemps… Des chercheurs basés dans quatre pays européens sont parvenus à transformer des déchets alimentaires en pièces détachées pour l’industrie automobile et en matériaux de construction. Des résidus de maïs convertis en amidon sont mélangés avec des additifs alimentaires comme de l’huile essentielle de citron et des coquilles d’amande pilées pour fabriquer des bioplastiques. Ce programme lancé en 2017 et financé par l’UE, baptisé Barbara Project, a déjà bouclé un partenariat avec le constructeur italien Fiat afin de lancer des tests en conditions réelles.
Les bioplastiques commencent aujourd’hui à entrer dans notre vie quotidienne. 1% des 359 millions de tonnes de plastique produits chaque année dans le monde sont fabriqués à partir de matières bio-sourcées. Ce chiffre devrait passer de 2,11 à 2,43 millions de tonnes entre 2019 et 2024, selon l’association European Bioplastics. L’ennemi juré des écologistes pourrait ainsi se racheter une réputation. Barbie avait raison : « Life in plastic is fantastic »…