À l’occasion de la journée des droits des femmes, Marie-Claire dévoile une campagne conçue par DDB° Paris qui met à l’honneur le congé paternité. Un cheval de bataille on ne peut plus logique : rien de tel que changer une couche sale pour créer des liens.
14 jours. Voila le temps alloué aux jeunes pères français, -après cumul du congé de naissance et du congé paternité-, pour s’occuper de leur nouveau né. Une blague comparé aux 16 semaines minimum -en fonction du nombre d’enfants à charge- auxquelles nos mamans ont déjà droit. Et pour honorer la comparaison géographique favorite des médias français, une hérésie face aux 9 mois maximum dont jouissent les parents suédois. Alors pourquoi ne pas se mettre à la page ? Loin de faire le seul bonheur des hommes, ce combat législatif pourrait profiter aux deux sexes. Un petit pas pour les droits paternels, un grand pas pour l’égalité homme/femme.
Une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron était de faire de l’égalité entre les sexes une grande cause de son quinquennat. Mais quand on voit la faible considération que le candidat passé chef d’État accorde à la question du congé paternité, on ne peut qu’en douter. Face à ce désintérêt politico-médiatique, Marie-Claire est à l’initiative d’une campagne conçue par DDB° Paris. Son objectif ? Alerter l’attention du débat public sur le sujet pour in fine faire évoluer la loi.
Lister pour mieux nommer
Le concept est simple : lister toutes les tâches auxquelles sont confrontés -seules- les jeunes mères après accouchement pour inviter les lectrices à surligner les éléments auxquels elles s’identifieraient. Une manière pour Marie-Claire de mettre en lumière toutes les conséquences de cette inégalité des sexes et d’illustrer littéralement cette charge mentale. Le détournement de la devise de la République Française en hashtag #LibertéÉgalitéPaternité permet quant à lui d’interpeller directement le gouvernement et rappeler le président à ses promesses de campagne.
Lancée à l’occasion de la journée des droits des femmes, c’est à dire aujourd’hui, cette prise de parole accompagne la sortie d’un dossier spécial sur le congé paternité dans Marie-Claire. La campagne sera visible en presse et au travers de différentes mères, leadeuses d’opinion, qui partageront leur charge mentale de façon symbolique sur leurs réseaux sociaux. Pour dresser le portrait de cette opération, nous avons pu nous entretenir avec Olivier Lelostec et Clara Noguier, ses créatifs aux manettes, ainsi qu’avec Agathe Bicard See, directrice de clientèle de l’agence. Un moyen également de mettre en lumière l’un des symboles de l’inégalité entre sexes.
IN : cette inégalité dans le temps a-t-elle pour conséquence de déresponsabiliser les pères ?
DDB° : bien sur, même si ce n’est pas ce qu’ils désirent. Tous les process familiaux que nous avons listés se jouent dans les premiers mois, voire les premières semaines de la vie de l’enfant. C’est un moment unique pour tisser des liens. En 11 jours, ils n’en ont tout simplement pas le temps et c’est la mère qui s’y colle. Mais une fois qu’elle reprend son travail, les liens sont déjà crées. Quand on leur demande, les pères répondent en majorité vouloir s’impliquer d’avantage dans les premiers instants de la vie de leurs enfants.
IN : le principal obstacle à cette mesure n’est-il pas la mauvaise opinion que certaines personnes ont encore à propos du congé maternité ?
DDB° : beaucoup d’hommes appréhendent, professionnellement parlant, d’avoir recours à leurs droits. Ils ont peur d’être mal considérés ou pire, qu’on les prennent pour des « flemmards ». Mais au-delà de cette auto-censure, loin d’être généralisée, les sondages parlent d’eux même : 38 % des Français trouvent le congé paternité trop court. Chez les 18-24 ans, plus concernés par le sujet, le chiffre monte à 63 %.
IN : pourquoi axer votre opération sur le concept de la charge mentale ?
DDB° : cette idée nous est venue en consultant des blogs et des comptes instagram tenus par des mères qui communiquaient sur leurs expériences. Chacune livrait à sa sauce une définition de ce poids mental. Comme par exemple la blogueuse Emma et sa BD en deux tomes « Fallait demander » qui met en lumière un manque d’initiative des pères face aux taches ménagères. Tout en précisant que celui-ci est souvent causé par un certain formatage de leur sexualité dès la naissance. Avec ce print on voulait donc décharger les mères d’un poids souvent à l’origine de dangers mentaux et physiques tels que les burn out. Enfin, prendre la liste comme format éditoriale était logique : beaucoup de jeunes mères y ont recours pour ne pas se perdre. Et surtout, la partager rend la charge encore plus physique et visible.
Deux salles, deux ambiances
Alors que le Parlement Européen est en passe d’harmoniser le temps du congé paternité à 10 jours pour tous les pays membres, la bataille est loin d’être gagnée à l’intérieur de nos frontières. La mesure supra-nationale ne changeant en rien notre situation hexagonale. Toutefois, la proposition lancée il y a quelques semaines au cours du grand débat national sur un éventuel alignement du congé paternité sur les six semaines de congé obligatoire de la mère semble aller dans le bon sens. Reste à savoir si le gouvernement se montrera à l’écoute et tentera réellement de changer les choses. Comme la dit un célèbre philosophe, attention à la « poudre de perlimpinpin »…