12 février 2025

Temps de lecture : 2 min

L’IA dans la communication : omniprésente, mais qui est prêt à payer ?

Les directeurs de la communication pensent que l’IA va avoir encore plus d’impact que l’internet sur leur profession. Rares sont ceux qui choisissent pourtant d’investir de l’argent dans cette technologie. Pour le moment… Alexandre Villeneuve, le co-fondateur de Jin qui a publié une étude à ce sujet, nous dit pourquoi.

COMMUNICATION

Tout le monde la connaît, beaucoup l’utilisent déjà fréquemment mais dès qu’il s’agit d’investir quelques sous, les candidats sont rares. Une étude publiée par l’agence spécialisée dans l’influence digitale Jin jin.fr et l’E-CERCLE, une communauté de professionnels de la communication corporate digitale, montre à quel point l’intelligence artificielle est entrée dans le quotidien des pros de la com.

Un succès fulgurant

La majorité des 37 directeurs de la communication issus de 100 grandes entreprises françaises du CAC 40 et du SBF 120 questionnés dans cette enquête reconnaissent que l’impact de l’IA dans leurs opérations est déjà fort (40%) voire même très fort (11%). Ces nouveaux outils sont principalement utilisés pour produire des contenus (cités par 81% des sondés), mais aussi pour préparer des créas et des stratégies de communication (63%). Ils servent aussi à faire de la veille et des études (52%). Les cadres interrogés trouvent que cette technologie les aide à accroître leur productivité (63%), leur créativité (48%) et à améliorer l’efficacité globale de leurs organisations (26%). Pour 93% des sondés, l’IA aura un impact au moins similaire à l’arrivée d’internet, pour tous les métiers. « Nous sommes ravis de constater que cette prise de conscience touche autant de directeurs de la communication, se félicite Alexandre Villeneuve, le co-fondateur de JinMais il faut aussi relativiser ce chiffre de 93% car nous avons uniquement questionné des directeurs de la communication. Il n’est pas sûr que les collaborateurs en-dessous d’eux aient le même niveau de compréhension. »

Des formations s’imposent…

Pour tenter faire comprendre à leurs « troupes » l’importance de l’IA, les dircom jouent la carte de l’apprentissage. L’étude de cas d’usage (93%), les formations « pratiques » (74%) ou « magistrales » (52%) sont aujourd’hui fréquentes dans les services communication des entreprises. Tout pourrait toutefois aller bien plus vite. « Il existe encore de nombreux freins surtout dans les grands groupes et ce quel que soit leur secteur d’activité, nous explique Alexandre Villeneuve qui a écrit le Manuel de survie à l’IA (Editions Ellipses). Ces freins sont notamment technologiques et juridiques. » Les enjeux de sécurité sont aussi cités par 56% des sondés, tout comme le temps nécessaire pour la formation (44%). 

… pour lutter contre la désinformation

Ces enjeux doivent être résolus pour instaurer la confiance nécessaire au déploiement à grande échelle de ces technologies. « Si l’IA promet d’améliorer la créativité, la productivité etl’internationalisation des communications, elle soulève aussi des enjeux majeurs tels que la gestion de la désinformation, la standardisation des contenus et les questions éthiques liées à la transparence et à la confiance », commente Marylène Rofidal, coordinatrice du E-CERCLE.

Zen, soyons zen

Les directeurs de la communication ne semblent toutefois pas particulièrement s’inquiéter de l’arrivée de cette technologie« On ne ressent pas trop d’angoisse parmi ces dirigeants, confirme le co-fondateur de Jin. L’IA est plutôt bien acceptée dans ce secteur. » Une chose assez étrange toutefois freine encore son adoption : le manque d’argent ou plutôt la frilosité des dirigeants pour le dépenser.

On passe quand à la caisse ?

67% des directeurs interrogés prévoient en effet d’investir seulement un peu plus dans l’adaptation de leurs équipes à l’IA et à peine 30% pensent accroître beaucoup plus leur enveloppe budgétaire. « Ces chiffres nous ont vraiment surpris, avoue Alexandre Villeneuve. Les directeurs de la communication voient ainsi venir la vague IA mais ils ne débloquent pas les investissements financiers nécessaires pour surfer dessus. C’est un peu comme vouloir traverser un désert avec une gourde à moitié vide : on connaît l’ampleur du défi, mais on n’est pas équipé pour le relever. » 

Cet expert a du mal à expliquer ce phénomène. « Les progrès en matière d’intelligence artificielle sont si rapides que les dircom ne savent pas où investir, ajoute-t-il. Tout va beaucoup trop vite. Comme les investissements en matière d’IA sont assez faibles puisqu’ils se chiffrent en milliers et non pas en centaines de milliers d’euros, ils attendent d’en savoir plus avant de dépenser leur argent. » Une stratégie qui pourrait s’avérer dangereuse…

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