28 novembre 2021

Temps de lecture : 3 min

L’Expo 2020 comme si vous y étiez

L’exposition universelle, qui a été inaugurée le mois dernier à Dubaï avec un an de retard, est un instantané intéressant du monde actuel.

Photos : Frédéric Therin

C’est une vitrine qui en dit long sur les ambitions des nations. C’est une plateforme qui permet de parader aux yeux du monde en faisant passer des messages plus au moins subliminaux à la communauté internationale. Énorme gâchis financier pour les uns, extraordinaire façade de l’innovation mondiale pour les autres, l’exposition universelle est un peu tout ça à la fois. Organisée pour la toute première fois à Londres en 1851 au Crystal Palace, l’Exposition Universelle se tient pour la toute première fois cette année au Moyen Orient. Ouverte depuis le 1er octobre, l’Expo 2020  espère accueillir 25 millions de visiteurs d’ici le 31 mars prochain. Oui vous avez bien lu : l’Expo2020 se déroule en 2021 et 2022. Cet événement qui aurait coûté, selon certaines estimations, la bagatelle de 18 milliards de dollars aux Emirats arabes unis (le chiffre précis est classé secret défense) a en effet été repoussé d’un an en raison de la pandémie. Aujourd’hui pour s’y rendre, les curieux doivent prouver qu’ils ont reçu deux doses de vaccins ou montrer un test PCR de moins de 72 heures. Pour les locaux, cette obligation n’est qu’une formalité. 88,4% des résidents du pays ont reçu deux injections contre le Covid-19 et 98,1% des 10 millions de personnes vivant dans cette fédération de sept émirats ont pris une dose. Un record mondial toujours à battre aujourd’hui… Les touristes qui recommencent à affluer sur les plages du Golfe Persique pour échapper pendant quelques jours au frimas de l’automne européen doivent, quant à eux, montrer leur passe sanitaire pour pouvoir sortir de l’aéroport.

 

 

D’une surface de 4,5 km2, le site de l’Expo qui se trouve à 50 kilomètres du centre-ville de Dubaï en plein désert et à une portée de jumelles des grues géantes du port de Jebel Ali, n’est pas bondé en cette fin du mois de novembre. En matinée, les groupes scolaires sont nombreux. Les enfants se baladent tout excités sous la bonne garde de leurs maîtresses voilées. Lorsque la chaleur commence à retomber, le public est plus important. Au mois d’octobre, plus de 2,35 millions de visiteurs ont fait le déplacement pour visiter les espaces dédiés à l’opportunité, à la mobilité et à la durabilité (un comble dans un émirat pétrolier où les Rolls-Royce, Bentley, Ferrari et autres Lamborghini sont bien plus nombreuses dans les rues et les autoroutes à 14 voies que les voitures électriques…). Les pavillons des 192 pays exposants sont encore plus populaires. Le monde entier s’est donné rendez-vous dans cet émirat.

 

La pavillon britannique impressionne…

 

Les plus petits pays dont les Iles Salomon, le Nicaragua ou Palau se contentent de montrer quelques photos et des objets artisanaux. Les nations qui sont dirigées par des régimes autoritaires ou monarchiques, comme le Turkménistan et le Qatar, affichent dès l’entrée de leurs espaces des clichés en grand formats de leur « bien-aimé » leader. Les pays de la région n’ont pas ménagé leurs dépenses pour se mettre en avant. Le pavillon saoudien est futuriste avec ses écrans géants et ses lumières qui doivent pouvoir se voir de l’espace. L’édifice marocain est le plus élevé avec ses 7 étages et sa surface totale de 500 m2. D’autres exposants ont visiblement cherché à impressionner les visiteurs en privilégiant des architectures avant-gardistes. L’installation britannique est notamment très réussie.

 

… le brésilien un peu moins.

 

L’énorme toile trouée du Brésil sous laquelle les enfants marchent pieds nus sur un sol recouvert d’eau nous laisse, elle, plus sceptique. Le pavillon français mérite, quant à lui, de ne… pas être visité.

 

 

Si le bâtiment est impressionnant de l’extérieur, les objets exposés sont nettement plus décevants. L’espace censé célébrer notre art de vivre n’est qu’une maladroite présentation de couverts, d’assiettes et de verres de grandes marques qui tentent de faire discrètement leur publicité. Crocodile Lacoste tricolore, vente de macarons Ladurée… La France a voulu visiblement attirer des fonds privés pour financer sa présence à l’Expo. D’autres pays préfèrent utiliser cet événement pour afficher leur grandeur réelle ou relative.

 

 

Cette édition semble notamment avoir la tête dans les étoiles. La Chine, l’Inde et les Etats-Unis mettent en avant dans leurs espaces leurs satellites, leurs astronautes et leurs fusées. Les curieux peuvent même manger un burger sous une réplique du lanceur de SpaceX à la sortie du pavillon américain.

Cette exposition universelle est en cela très intéressante car elle permet de se faire une idée précise des messages que souhaitent diffuser les nations. Faire leur tour du monde en quelques heures n’est pas non plus donné à tout le monde. Surtout par les temps qui courent…

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